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Quand je ne vous vois point
- "- Pourquoi me quittez-vous ?
- - Chère Agnès, il le faut.
- - Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.
- - J'en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.
- - Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.
- - Hors de votre présence, on me voit trise aussi.
- - Hélas ! s'il était vrai, vous resteriez ici.
- - Quoi ? vous pourriez douter de mon amour extrême !
- - Non, vous ne m'aimez pas autant que je vous aime."
- L'Ecole des femmes, V, 5 (v. 1462-1469)
L'échange d'adieu entre Agnès et Horace comporte plusieurs éléments communs avec la scène II, 2 de l'Ercole amante de Buti et Cavalli, créé à Paris en février 1662
Le même motif est exploité dans certains poèmes contemporains :
- Le départ larmoyant.
- Sonnet
- Touchant
- Je prends congé de vous, ou plutôt de moi-même,
- Il est temps de partir, recevez mes adieux,
- Et de l’ordre cruel que j’ai reçu des Cieux,
- Murmurez pour le moins alors que je blasphème.
- Croyez, divin objet, qu’en mon malheur extrême,
- Il n’est point de constance à se contraindre mieux,
- Et qu’en un sort pareil les plus sages des dieux
- Vomiraient leur courroux contre Jupiter même.
- Cependant permettez que réduit aux abois
- Je vous baise en partant pour la dernière fois,
- Puisque c’est une loi qu’il est permis de suivre.
- Ah ! je trouve ma mort en un baiser si doux,
- Mais je suis trop heureux si je cesse de vivre,
- Lorsque je ne songeais qu’à m’éloigner de vous.
- (La Muse coquette, 1665, p. 40)
- Stances sur un adieu
- Faut-il que je te die adieu,
- Faut-il que tu quittes ce lieu,
- Faut-il qu’une si longue absence
- Coupe avec tant de cruauté
- Ce doux lien de l’espérance,
- Qui joint mon âme à ta beauté,
- Et que je conserve la vie
- En perdant les yeux de Marie ?
- Non, par un violent effort,
- Il faut que je cherche la mort,
- Et je trouve dans mon courage
- Assez pour finir ma langueur,
- Mais je respecte ton image,
- Que je porte empreinte en mon coeur,
- Ne pouvant criminel attenter à ma vie,
- Sans toucher au portrait des beautés de Marie.
- Je veux donc vivre pour t’aimer.
- Mais toi, qui m’as su enflammer
- D’une passion toute extrême,
- Apprends de ton fidèle amant
- Que je ne vis plus pour moi-même,
- Mais pour t’aimer parfaitement,
- Et pour souffrir constant le reste de ma vie,
- Ces traits tous pleins de feu des beaux yeux de Marie.
- Mon ange, je te jure ici,
- Ce doux et ce cuisant souci,
- Dont tes yeux ont rempli mon âme,
- Qu'aucun outrage du destin
- N’éteindra jamais cette flamme,
- Que tu allumes dans mon sein.
- Le dernier soupir de ma vie
- Formera le nom de Marie.
- (Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes, 1667, t. II, p. 230-231)
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