Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Propre à songer à une femme


"Vous semble-t-il, Seigneur Géronimo, que je ne sois plus propre à songer à une femme? Ne parlons point de l'âge que je puis avoir; mais regardons seulement les choses. Y a-t-il homme de trente ans, qui paraisse plus frais, et plus vigoureux, que vous me voyez? N'ai-je pas tous les mouvements de mon corps aussi bons que jamais? Et voit-on que j'aie besoin de carrosse, ou de chaise, pour cheminer?"
Le Mariage forcé, sc. I

Dans le Tiers Livre de Rabelais, Panurge opposait une argumentation semblable aux doutes de son interlocuteur sur son aptitude au mariage :

Quand au second point, tu me sembles aucunement douter, voire défier, de ma paternité : comme ayant peu favorable le raide Dieu des jardins. Je te supplie me faire ce bien, de croire que je l’ai à commandement, docile, bénévole, attentif, obéissant en tout et par tout. Il ne lui faut que lâcher les longes, je dis l’aiguillette, lui montrer de près la proie : et dire, hale, compagnon. Et quand ma femme future serait aussi gloute du plaisir vénérien, que fût onques Messalina, ou la Marquise de Wincestre en Angleterre, je te prie croire que je l’ai encore plus copieux au contentement. Je n’ignore que Salomon dit, et en parlait comme clerc et savant. Depuis lui Aristoteles a déclaré l’être des femmes être de soi insatiable : mais je veux qu’on sache que de même calibre j’ai le ferrement infatigable.
(Chap. 26, "Comment Panurge prend conseil de Frère Jean des Entommures", Les Oeuvres de M. François Rabelais, 1659, t. I, p. 401-402)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs