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Pour l'amour de l'humanité


" Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc.- Non Monsieur, j'aime mieux mourir de faim. - Va, va, je te le donne pour l'amour de l'humanité."
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 2

L'expression fait écho à la formule "pour l'amour de Dieu", qu'on utilise normalement lors de l'aumône, ainsi que le confirment

L'idée selon laquelle on doit donner à l'humanité plutôt qu'à l'homme avait été avancée dans


(1)

C'est une œuvre bien méritoire de donner l'aumône pour l'amour de Dieu.
(entrée "donner")

Il faut donner l'aumône pour l'amour de Dieu.
(entrée "pour")

Ce que l'on donne aux pauvres pour l'amour de Dieu.
(Furetière, entrée "aumône")

(2)

Qu’y a-t-il de plus estimé parmi nous que la charité envers les hommes pauvres et affligés, que nous appelons pour ce sujet humanité, et à laquelle nous estimons être tous obligés ?
(éd. de 1716, p. 38) (source : indication aimablement fournie par F. Rey)

(3)

Deinde hoc, quod potentissimum est, oportet accedat, ut eius causa faciam, ad quem volam pervenire beneficium, dignumque eum iudicem et libens id tribuam percipiensque ex munere meo gaudium, quorum nihil est in istis, de quibus loquebamur ; non enim tamquam dignis illa tribuimus, sed neclegenter tamquam parva, et non homini damus, sed humanitati.
(Livre IV, chap. 29)

Car nous ne les donnons pas comme à des gens qui le méritent, mais nous les baillons nonchalamment comme des choses de peu de prix; et il semble que nous n'ayons pas tant d'égard à l'homme qu'à l'humanité
(trad. Malherbe, éd. de 1660, p. 190)

(4)

Pour obliger comme il faut, on ne doit jamais faire plaisir avec dessein d'en retirer du profit, ni songer à la récompense d'une action, qui pour se rendre vertueuse a besoin d'être toute pure, et sans réflexion sur celui qui la fait. C’est ce qui portait autrefois Aristote à dire qu’il fallait donner à l’humanité plutôt qu’à l’homme; et ce qui lui fit prononcer dans la même pensée que, sans considérer les moeurs d'un méchant qu'il venait d'obliger, il avait nûment jeté les yeux sur son caractère d'homme. [...] Ayons égard à ce que nous sommes plutôt qu'à ce qu'il est et ne songeons pas tant à son mérite qu'à notre devoir, qui veut que nous soyons charitable. En effet, partout où l'homme se rencontre, il y a lieu de faire du bien ubicumque homo est, ibi beneficio locus, et la seule imagination de notre semblable demande tout le secours que nous sommes capables de lui donner. L'important est de s'y porter par un bon motif; et de n'avoir que l'honnêteté pour objet, sans jamais s'arrêter à l'agrément ni à l'utile.
(éd. des Oeuvres de 1756, III, 1, p. 36) (source : R. McBride, The Sceptical Vision of Moliere, 1978, p. 97) (voir également "ton avis est intéressé")

(5)

Selon les lois de l'humanité, il faut faire du bien à quiconque en a besoin ; jugez s'il n'est pas juste d'en faire à ceux de qui on en a reçu.
(p. 106)




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