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Parle, afin qu'on te connaisse


"D'où vient fort à propos cette sentence expresse
D'un philosophe: 'Parle, afin qu'on te connaisse'."
Dépit amoureux, II, 6 (v. 759-760)

La citation trouvera place dans les Soliloques sceptiques (1670) de La Mothe le Vayer, à la suite de l'original latin de la formule "un sot qui ne dit mot", que Métaphraste invoque dans la même réplique :

On peut soutenir qu'on ne saurait juger des hommes que par leurs actions et par leurs discours. "Parle, disait un ancien, si tu veux que je te connaisse. Loquere ut te videam".
(p. 46).

Elle constitue un lieu commun de la littérature morale des XVIe et XVIIe siècles, qu'on retrouve, par exemple, dans :


(1)

La parole est péculièrement donnée à l'homme, présent excellent et fort nécessaire. Pour le regard de celui d'où elle sort, c'est le truchement et l'image de l'âme, animi index et speculum, le messager du coeur [...] l'esprit se fait voir, dont disait un Ancien à un enfant, "parle, afin que je te voie, c'est-à-dire ton dedans.
(I, 12, p. 51 de l'édition de 1797; voir également "parler peu")

(2)

Un philosophe voulant autrefois reconnaître l'esprit d'un jeune homme aussi bien que son naturel lui dit de parler afin qu'il le vit, comme si son cœur et sa langue n'eussent fait qu'une même chose, et que sa raison invisible de sa nature eût pu être visible dans ses discours.
(I, p. 78-79)

(3)

Il faut seulement nous servir de la raison d'un Italien, qui dit que, comme un Ancien parlant à un jeune garçon lui tint seulement ces propos pour en découvrir absolument le naturel,"parle mon ami afin que je te voie", il faut dire aux filles tout au contraire "Ne parlez point si vous voulez nous déclarer vos perfections"
(éd A. Vizier, Champion, 2003, p. 179).

(4)

Il faut juger par leurs discours quelles sont leurs inclinations; autrement on est en droit de dire à ces héros muets ce beau mot de l'Antiquité, "parle afin que je te voie".
(Préface, éd. de 1665, NP) )

(5)

Cet autre n'avait pas mauvaise raison qui, sans s'arrêter à l'extérieur qui trompe si facilement par l'apparence, disait à ceux qui l'allaient visiter, qu'ils parlasssent afin qu'il les vit.
(p. 95)




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