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Paissez, chères brebis


"Paissez, chères brebis, les herbettes naissantes;
Ces prés et ces ruisseaux ont de quoi vous charmer;
Mais si vous désirez vivre toujours contentes,
Petites innocentes,
Gardez-vous bien d'aimer."
"La Pastorale comique", sc. III

Cette actualisation originale d’un discours ordinairement adressé aux oiseaux (voir "oiseaux amoureux") se retrouvera chez Mme Deshoulières, dont l’idylle « Les Moutons », publiée en 1688, a circulé sous forme manuscrite plusieurs années auparavant :

Hélas, petits moutons que vous êtes heureux,
Vous paissez dans vos champs sans souci, sans alarmes,
Aussitôt aimés qu’amoureux !
On ne vous force point à répandre des larmes ;
Vous ne formez jamais d’inutiles désirs.
Dans vos tranquilles cœurs l’amour fuit la nature,
Sans ressentir ses maux vous avez ses plaisirs,
L’ambition, l’honneur, l’intérêt, l’imposture,
Qui font tant de maux parmi nous,
Ne se rencontrent point chez vous.
Cependant nous avons la raison pour partage,
Et vous en ignorez l’usage.
Innocents animaux n’en soyez point jaloux
Ce n’est pas un grand avantage. […] »

(p. 170)




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