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Pécher en silence


"Le scandale du monde, est ce qui fait l'offense;
Et ce n'est pas pécher, que pécher en silence."
Le Tartuffe, IV, 5, v. 1504-1505

Dans la satire XIII "Macette" (1609) de Mathurin Régnier, la même idée était défendue par la dévote hypocrite :

Le péché que l'on cache est demi-pardonné.
La faute seulement ne gît en la défense.
Le scandale, l'opprobre, est cause de l'offense.
Pourvu qu'on ne le sache, il n'importe comment.
Qui peut dire que non, ne pèche nullement.

Dans la soixante-douzième nouvelle de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre, un moine paillard se prévaut de son crédit pour séduire une jeune fille et s'efforce de la convaincre en assurant que "le scandale du monde est ce qui fait l'offense" :

La pauvre fille ententivement escoutoit ces devotz propos; et le regardant les larmes aux oeilz: où il print si grant plaisir, que, parlant de la vie advenir, commencea à l'ambrasser, comme s'il eut eu envye de la porter entre ses bras en paradis. La pauvre fille, escoutant ces propos, et l'estimant le plus devost de la compaignie, ne l'osa refuser. Quoy voiant, ce meschant moyne, en parlant tousjours de Dieu, paracheva avecq elle l'œuvre que soubdain le diable leur mit au cueur, car paravant n'en avoit jamais été question; l'asseurant que ung peché secret n'estoit poinct imputé devant Dieu, et que deux personnes non liez ne peuvent offencer en tel cas, quant il n'en vient poinct de scandalle; et que, pour l'éviter, elle se gardast bien de le confesser à aultre que à luy.

Dans la troisième centurie (1622) des Tablettes de la vie et de la mort de Pierre Matthieu le principe d'évitement du scandale est également prononcé :

Commettre aux yeux d'autrui une vilaine offense
C'est des bêtes plutôt que des hommes le train.
Il suffit que le Ciel en ait la connaissance,
Sans donner le scandale et l'exemple au prochain.
(III, 31)




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