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Oui, cela est biau


"Quand tu dis, U, qu’est-ce que tu fais ? - Je fais ce que vous me dites. - Ô l’étrange chose que d’avoir affaire à des bêtes ! Tu allonges les lèvres en dehors, et approches la mâchoire d’en haut de celle d’en bas, U, vois-tu ? U, vois-tu ? U. Je fais la moue : U. - Oui, cela est biau. – Voilà qui est admirable"
Le Bourgeois gentilhomme, III, 4

Les répliques ironiques de Nicole et de Madame Jourdain face à la science grammaticale qu'exhibe le maître de maison font écho au dédain de La Mothe le Vayer pour les considérations métalinguistiques :

Ce qu'on vous a dit de quelques conférences philologiques ne mérite pas votre entretien; laissons aux moineaux la chasse des mouches et tenons pour assuré que ces petites subtilités grammaticales, dont l'on vous a parlé, sont plus capables de nuire à un esprit, qui a quelque élévation par-dessus le commun, que de lui profiter [...] Ne vous amusez jamais à de telles bagatelles que quand vous aurez besoin de sortir du sérieux pour vous recréer hoc age cum voles nihil agere et laissez balayer la maison des Muses aux grammairiens, qui n'en sont que les portiers, ou pour le plus les valets de chambre, pendant qu'en maître vous visiterez ses plus beaux appartements.
("Des scrupules de grammaire", Derniers Petits Traités, 1660 ; éd. des Oeuvres de 1756, VII, 2, p. 130)




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