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Ordonnance de l'Archevêque de Paris


Edictée à la suite de la représentation du 6 août 1667, cette ordonnance interdit que Le Tartuffe soit représenté en public.

Les possibilités d'une éventuelle annulation seront examinées dans un Avis de droit canon d'Etienne Baluze.


ORDONNANCE DE MONSEIGNEUR L'ARCHEVÊQUE DE PARIS

HARDOUIN, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique archevêque de Paris, à tous curés et vicaires de cette ville et faubourgs, Salut en Notre-Seigneur. Sur ce qui nous a été remontré par notre promoteur que le vendredi cinquième de ce mois on représenta sur l’un des théâtres de cette ville, sous le nouveau nom de L’Imposteur, une comédie très dangereuse, et qui est d’autant plus capable de nuire à la religion que, sous prétexte de condamner l’hypocrisie ou la fausse dévotion, elle donne lieu d’en accuser indifféremment tous ceux qui font profession de la plus solide piété, et les expose par ce moyen aux railleries et aux calomnies continuelles des libertins, de sorte que pour arrêter le cours d’un si grand mal, qui pourrait séduire les âmes faibles et les détourner du chemin de la vertu, notre dit promoteur nous aurait requis de faire défenses à toutes personnes de notre diocèse de représenter, sous quelque nom que ce soit, la susdite comédie, de la lire ou entendre réciter, soit en public soit en particulier, sous peine d’excommunication :
NOUS, sachant combien il serait en effet dangereux de souffrir que la véritable piété fût blessée par une représentation si scandaleuse et que le roi même avait ci-devant très expressément défendue, et considérant d’ailleurs que, dans un temps où ce grand monarque expose si librement sa vie pour le bien de son État, et où notre principal soin est d’exhorter tous les gens de bien de notre diocèse à faire des prières continuelles pour la conservation de sa personne sacrée et pour le succès de ses armes, il y aurait de l’impiété de s’occuper à des spectacles capables d’attirer la colère du Ciel : Avons fait et faisons très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de notre diocèse de représenter, lire ou entendre réciter la susdite comédie, soit publiquement soit en particulier, sous quelque nom et quelque prétexte que ce soit, et ce sous peine d’excommunication.
SI MANDONS aux archiprêtres de Sainte-Marie-Madeleine et de Saint-Séverin de vous signifier la présente ordonnance, que vous publierez en vos prônes aussitôt que vous l’aurez reçue, en faisant connaître à tous vos paroissiens combien il importe à leur salut de ne point assister à la représentation ou lecture de la susdite ou semblables comédies. DONNÉ à Paris sous le sceau de nos armes, ce onzième août mil six cent soixante-sept.
Signé HARDOUIN, archevêque de Paris. Et plus bas, Par mondit Seigneur,
Petit

De l'imprimerie de FRANçOIS MUGUET,
Impr. et Libr. ordinaire du roi et de Monseigneur
L'Archevêque de Paris, rue de la Harpe aux
Trois Rois. Avec privilège du roi




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