Content-Type: text/html; charset=UTF-8

On vous demande en mariage


" Ô çà, ma fille, je vais vous dire une nouvelle, où peut-être ne vous attendez-vous pas. On vous demande en mariage. Qu'est-ce que cela? vous riez. Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage. Il n'y a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah! nature, nature! À ce que je puis voir, ma fille, je n'ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier. - Je dois faire, mon père, tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner."
Le Malade imaginaire, I, 5

De même que la scène I, 4 de L'Avare (voir "avez-vous vu une jeune personne"), la scène I, 8 des Barbons amoureux et rivaux de leurs fils (1663) de Chevalier était construite sur un malentendu semblable :

POLIXENE
O moments fortunés,
Quoi, vous me mariez ! mais avec qui, mon père ?

BONIFACE
Avec un homme enfin capable de te plaire,
De conduite, de coeur, d'esprit fort enjoué,
Aimable, libéral, digne d'être loué.

POLIXENE
Si c'était Clidamant, que je serais heureuse !

BONIFACE
Enfin, je n'ai point vu d'âme si généreuse.

POLIXENE, à part, apercevant le père de Clidamant.
Sans doute que c'est lui, que mes sens sont ravis !
Le père vient exprès me parler pour son fils.

POLICARPE
Avec permission de Monsieur votre père,
Un amant pourrait-il avoir l'heur de vous plaire,
Etant de jugement et d'esprit bien muni,
Et le gousset d'agent passablement garni,
Pour faire comme il faut aller votre cuisine ?
Bien fait de sa personne, homme de bonne mine,
Il vous fera passer d'agréables moments,
Il sait fort bien jouer de tous les instruments ;
D'entretien merveilleux, qui danse comme un drôle,
Et qui sait à ravir passer la cabriole ?
Homme digne, en un mot, d'être sous votre loi.

POLIXENE, impatiente de savoir qui c'est.
Mais Monsieur, quel est-il ?

POLICARPE
Vous saurez que c'est moi.

POLIXENE, surprise.
Juste dieux !

POLICARPE
Ah, ma fille, es-tu pas trop heureuse ?

POLIXENE, s'en allant froidement.
Mon père, j'ai fait voeu d'être religieuse.

BONIFACE
Quoi friponne ! est-ce ainsi qu'on reçoit un amant
Et que l'on obéit à mon commandement ?
Est-ce là profiter ainsi que tu dois faire,
De tous les bons conseils qui te viennent d'un père ?
Mais m'ayant su déplaire, et l'ayant bien voulu,
Tu t'en repentiras après m'avoir déplu.
De tous les bons conseils qui te viennent d'un père
(p. 29) (voir également "petit papa mignon")




Sommaire | Index | Accès rédacteurs