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On verra, quand je me marierai


"DON JUAN, embarrassé, leur dit à toutes deux.- Que voulez-vous que je dise? Vous soutenez également toutes deux que je vous ai promis de vous prendre pour femmes. Est-ce que chacune de vous ne sait pas ce qui en est, sans qu'il soit nécessaire que je m'explique davantage? Pourquoi m'obliger là-dessus à des redites? Celle à qui j'ai promis effectivement n'a-t-elle pas en elle-même de quoi se moquer des discours de l'autre, et doit-elle se mettre en peine, pourvu que j'accomplisse ma promesse? Tous les discours n'avancent point les choses, il faut faire, et non pas dire, et les effets décident mieux que les paroles. Aussi n'est-ce rien que par là que je vous veux mettre d'accord, et l'on verra quand je me marierai, laquelle des deux a mon cœur. (Bas, à Mathurine.) Laissez-lui croire ce qu'elle voudra. (Bas, à Charlotte.) Laissez-la se flatter dans son imagination. (Bas, à Mathurine.) Je vous adore. (Bas, à Charlotte.) Je suis tout à vous. (Bas, à Mathurine.) Tous les visages sont laids auprès du vôtre. (Bas, à Charlotte.) On ne peut plus souffrir les autres quand on vous a vue. J'ai un petit ordre à donner, je viens vous retrouver dans un quart d'heure."
Don Juan ou le Festin de pierre, II, 4

Dans la pastorale héroïque Les Amours d'Ovide (1663) de Gabriel Gilbert, le poète latin est représenté entre deux amantes à qui il a accordé ses faveurs et qui lui demandent avec insistance de déclarer sa préférence.

Il s'en tire par une dérobade semblable à celle de Don Juan :

Voyez comme l'amour me conseille d'agir :
Celle à qui je rendrai la première visite,
Sera celle où mon coeur trouvant plus de mérite,
Jusqu'au dernier soupir fait dessein d'adorer,
Adieu, pour ce beau choix je vais me préparer.
(II, 2)




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