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On se moque de mes ordonnances


"Je viens d'apprendre là-bas à la porte de jolies nouvelles. Qu'on se moque ici de mes ordonnances, et qu'on a fait refus de prendre le remède que j'avais prescrit"
Le Malade imaginaire, III, 3

En exergue de son Commentaire en vers français sur l'école de Salerne (1671), Claude-Denis Du Four de La Crespelière fait figurer le précepte suivant :

Honore le médecin, parce qu'il est nécessaire, car c'est Dieu qui l'a établi; Ecclesiastic. Chap. 38 et S. Augustin au Traité 12 sur St Jean dit que le médecin tâche de guérir le malade autant qu'il lui est possible, et que celui-là se tue lui-même, qui ne suit pas de point en point les ordonnances du médecin.
(n. p.)

Dans Le Vrai Pédagogue Chrétien (1661), le jésuite Philippe D’Outremont établit un parallèle entre l'autorité du prêtre et celle du médecin :

Remèdes singuliers contre les scrupules ou vaines appréhensions d ‘avoir commis quelques péchés ou donné consentement aux pensées mauvaises

Considérez que, pour les maladies du corps, la conscience nous oblige de suivre les ordonnnances et avis des médecins corporels ; combien, à plus forte raison, pour les maladies de l’esprit devons-nous suivre l’avis et l’ordonnance des médecins spirituels, attendu que les maladies sont incomparablement plus importantes et moins connues, et plus cachées que les autres à ceux qui en sont atteints ?
Tous les remèdes que nous pourrions penser pour les scrupules se rapportent à deux chefs ; car, où ils sont divins, c’est-à-dire que seul Dieu peut donner, ou humains.
[…]
En cette maladie l’on ne doit recourir qu’aux remèdes humains, c’est-à-dire à ceux que Dieu nous donne par l’entremise des hommes.
Le premier est de choisir un confesseur savant et expérimenté et surtout qui n’ait rien qui puisse contribuer à ce mal. Car, comment guérirait-il les autres, étant lui-même malade et ne s’en pouvant délivrer ?
Il le faut courageux, hardi, sans flatterie et néanmoins grandement doux, de peur de lancer une âme du scrupule dans le désespoir c’est-à-dire du charbon dans la fournaise, ou de la paille au feu.
Le deuxième, c’est de le croire et lui obéir entièrement, lui soumettant du tout sa volonté et son jugement. […] L’obéissance est la voie droite et certaine qui mène à la paix et à la tranquillité de conscience.
Voyez les malades, comme ils se laissent cautériser, scarifier, tirer le sang par la saignée et les ventouses ; comme ils avalent les drogues, les pilules , les breuvages les plus amers, et ce seulement pour qu’ils voient qu’il n’y a point d’autre remède pour se guérir. Et vous, en une maladie plus importante, vous refuserez de croire et soumettre votre jugement à votre confesseur, sachant que c’est le seul et unique remède qui vous peut guérir ?

(I, 1, p. 33-36)




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