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On ne prendra pas votre avis là-dessus


"Si le sort l'a réglé, vos soins sont superflus,
Et l'on ne prendra point votre avis là-dessus."
L'Ecole des femmes, IV, 8 (v. 1310-1311)

A l'acte I, Chrysalde disait déjà : "ce sont coups du hasard, dont on n'est point garant".

Au tome V (1660) de la Clélie des Scudéry, l'ermite Cloranisbe expose à Andronodore sa philosophie, qui consiste à "n'entreprendre jamais de résister à la volonté des dieux" (1).

Le lieu commun est discuté, dans le XXIe des Problèmes sceptiques (1666) de La Mothe le Vayer ("Doit-on s'abandonner, comme assez de gens le font, à la Fortune ou à la Destinée ?") (2), ainsi que dans la Prose chagrine (1661) (3) et dans l'"homélie académique" sur "La fortune" (1666) (4).


(1)

De grâce, lui dit-il, ne vous laissez pas aller à cette erreur générale de tous les hommes, qui veulent toujours forcer leur destinée. Laissez-vous conduire par les dieux, et sachez que la véritable sagesse ne consiste qu'à cela [...] Le grand secret, comme je vous l'ai déjà dit, est de se soumettre à l'ordre du Ciel, et d'avoir une âme si noble et un esprit si raisonnable, qu'on puisse être toujours prêt de passer de la bonne à la mauvaise fortune, de la richesse à la pauvreté, de la santé à la maladie, de la liberté à la servitude, et de la vie à la mort. [...] Il ne faut donc point résister contre sa destinée, il faut s'y soumettre; si les dieux veulent que vous viviez à la cour, ils vous y entraîneront malgré vous, et s'ils ne le veulent pas, en vain vous tourmenterez-vous.
(Scudéry, Clélie, V, p. 665-667)

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(2)

toutes les histoires sont pleines d'événements qui montrent que personne ne peut éviter son sort, ni éluder sa destinée.
(La Mothe le Vayer, Problèmes sceptiques, éd. de 1756, V, 2, p. 288)

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(3)

Mais après tout, il faut acquiescer aux décrets du Ciel, se réjouir et non pas se chagriner de voir exécuter ses ordonnances et songer que, comme c'est folie de s'opposer à ce qui ne saurait être évité, il y a de l'injustice à disputer contre des lois que nous avons trouvées établies en venant au monde.
( Prose chagrine, éd. de 1756, p. 370)

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(4)

Souvenons-nous dans tous les accidents qui surviennent, pour déplaisants qu'ils puissent être, que nous sommes nés à la souffrance, les lois de notre humanité, que nous ne pouvons changer, nous y ayant soumis.
(éd. de 1756, III, 2, p. 304)




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