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On ne peut faire rien


"Quoi! je souffrirai, moi, qu'un cagot de critique,
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ?
Et que nous ne puissions à rien nous divertir,
Si ce beau monsieur-là n'y daigne consentir?
S'il le faut écouter, et croire à ses maximes,
On ne peut faire rien, qu'on ne fasse des crimes,
Car il contrôle tout, ce critique zélé."
Le Tartuffe, I, 1, (v. 45-51)

Le comportement décrié dans ces vers était recommandé dans un ouvrage de dévotion tel que Dieu seul, ou l'Association pour l'interêt de Dieu seul (1662) d'Henri-Marie Boudon :

Les associés sont conjurés de faire la guerre à ce péché [d'impureté] sans aucune trêve, les pères veillant sur leurs enfants, les maîtres sur leurs domestiques, ne souffrant jamais les paroles impures, les chansons qui ne sont pas honnêtes, les familiarités trop grandes, les amitiés que le grand saint François de Sales appelle amourettes, et qui, selon son témoignage, aboutissent enfin en de puantes charnalités ; les cajoleries, les paroles à double entente, les livres et enfin tout ce qui peut porter à un péché qui cause la condamnation de la plupart de ceux qui porteront l'ire de Dieu éternellement.
(éd. de 1825, p. 149)

Il avait été stigmatisé, dans la littérature de fiction, au travers du comportement

Elle lui répondit que c'était leur grand-mère qui était la plus étrange femme de la terre, qu'elle contrôlait tout ce qui se faisait dans leur maison et toutes leurs actions particulières, avec une sévérité horrible.
(Seconde Partie, p. 314)

Ces dames scrupuleuses, qui ne voudraient pas seulement voir l'amour en peinture, déchirent toutes les femmes, condamnent légèrement les actions les plus innocentes, ne peuvent souffrir les plaisirs qu'elles n'ont pas, n'épargnent pas même leurs plus chères amies, trouvent à redire à tout ce qu'elles ne font point.
(Partie II, Livre I, p.233)




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