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On en redoute toutes les douceurs
- "L'amour a pour nous prendre
- De si doux attraits,
- Que de soi, sans attendre,
- On voudrait se rendre
- À ses premiers traits:
- Mais tout ce qu'on écoute,
- Des vives douleurs
- Et des pleurs qu'il nous coûte,
- Fait qu'on en redoute
- Toutes les douceurs."
- Le Malade imaginaire, Second intermède
La crainte paradoxale des "douceurs de l'amour" avait été exprimée dans une épître de Madame Deshoulières composée en 1672 (1)
(1)
- Mais, entre nous, j'ai bien peur
- D'une inquiète langueur ,
- Qui me force a voir l'aurore,
- J'ai partout l'esprit rêveur.
- Un noir chagrin me dévore.
- Un tel changement d'humeur
- Me fait trembler pour mon cœur.
- S'il allait devenir tendre,
- S'il formait la moindre ardeur ,
- II serait bientôt en cendre.
- [...]
- Ah ! que de fâcheuses nuits,
- Que de soupçons, que d'alarmes !
- Que de chagrins, que d'ennuis,
- Que de soupirs, que de larmes !
- Il vaut mieux, si je le puis,
- M'arracher à tous les charmes
- Du beau séjour où je suis.
- (éd. des Oeuvres de 1764, p. 15)
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