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Olympe qui a été une débauchée


"Ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu'il y a eu une Olympe qui a été une débauchée."
Le Tartuffe, Préface

Un équivalent de cet argument se trouve dans deux textes du comédien dell'arte Niccolo Barbieri :

L'exemple d'Olympe provient de La Vie de Madame Olympe Maldachini, qui a gouverné l’Eglise durant le pontificat d’Innocent X, c’est-à-dire depuis l’an 1644, jusques à l’an 1655, écrite par l’abbé Gualdi (1666), texte consacré à la description des vices de la maîtresse du pape (3)


(1)

Non tutte l'Elene sono belle, nè tutti gli Esopi sono brutti ; il nome di Cesare o d'Alessandro non fa l'uomo valoroso, ma l'azzioni lo potrrebbero dimostrar tale ; il titolo de comici non fa argomento del bene o del male oprare, ma i suoi portamenti fanno il merito o' l demerito.
(éd. F. Taviani, 1971, p. 11)

(2)

quello che non distingue i meriti delle persone e dell'azzioni, fa torto a se stesso e a i buoni, che gli fa uguali a i tristi, ed a se stesso, che si fa stimar o interessato, o poco intelligente ; è vero , che già le commedie furono vilipese, ma le moderne non vanno poste sotto a quelle censure, perchè sono riformate.
(p. 23)

ho veduto certi luochi che prima erano postriboli, ed al presente tempo sono habitati da persone onorate, or chi dicesse cortegiane a quelle onorate perche habitano in quelle strade, farebbe errore, e sarebbe obligato a restituizione di fama ; perchè il nome della strada non fa la donna meretrice
(p. 24)

(3)

L’avarice la dominait de telle sorte qu’elle ne voulait pas même ouïr parler de la générosité des autres ; au contraire, par une certaine maxime particulière, elle faisait d’un vice une vertu, s’excusant de son avarice par ce dire que les dames étaient faites pour amasser et non pour dépenser. Elle changeait souvent de serviteurs et de servantes, parce qu’elle ne voulait pas que par la longueur du temps ils se rendissent trop familiers. Il est bien vrai qu’au bout de l’an les serviteurs commençaient à gronder, ne pouvant recevoir leur salaire. Elle ne fréquentait jamais le bal, les festins et les autres récréations qui sont les sauces ordinaires des dames de Rome, et cela afin de n’être pas obligée d’en faire autant chez elle. Ce qui la rendait la plus illustre était la charité qu’elle exerçait envers les pauvres religieux, ce qu’elle faisait plutôt pour acquérir la réputation de femme pieuse et religieuse que pour autre chose, car elle ne donnait point l’aumône qu’elle n’eût fait le tour du palais , et vraiment dès qu’elle fut rentrée au Vatican sous le bon plaisir d’Innocent, elle oublia les religieux et les aumônes (ce qui est une claire preuve que ce qu’elle faisait au commencement ne procédait pas du bon cœur).
(p. 17)

Madame Olympe fut celle qui enseigna au cardinal l’art de dissimuler et de feindre, combien qu’il eût déjà vieilli dans la cour de Rome, où la plus grande maxime est la dissimulation et la feintise. J’ouïs moi-même un jour la belle-sœur discourant de cette sorte avec le cardinal : « […] Le mérite peut appeler une personne au cardinalat, mais non pas à papat, qui requiert d’autres maximes ; car il ne semble pas que ceux qui sont gens de bien parviennent à cet éminent degré, mais ceux-là seulement qui semblent être tels. L’extérieur fait les papes, et non pas l’intérieur.
(p. 20-21)

Il est nécessaire à présent de savoir pourquoi Madame Olympe se travaillait tant pour faire bannir son fils et pour le faire sortir des bonnes grâces de son oncle, ce qui semblait être impossible à une mère, et contraire à la nature. Pourtant il fut ainsi et le vulgaire tient pour certain que la cause principale et l’unique moyen du bannissement de son fils fut la mère, dont il est bon d’en savoir distinctement la raison ; de plus devint-elle jalouse qu’elle savait très bien de quel naturel était le pape, à savoir enclin à aimer les femmes, dont elle tenait pour certain que le pontife prendrait plus de plaisir à traiter des affaires avec cette nièce jeune qu’avec la belle-sœur qui était vieille.
(p. 62-63)

L’avarice de cette nouvelle Agrippine passa si avant qu’elle estimait que, pour les promotions, son aveu était tellement attendu que sans lui on ne pouvait obtenir chose aucune.
(p. 94)

La cruauté ne manqua pas aussi à cette femme ; car elle fut cause qu’on exécuta à mort Mascambrune et plusieurs autres, desquels elle avait tiré de grandes sommes d’argent esprérant encore en tirer davantage par leur mort.
(p. 104-105)

Il est impossible de conter les horribles simonies qui se commirent dans l’Eglise pendant le gouvernement de cette dame, surtout vers la fin.
(p. 237)

Le Ciel qui veille pendant que les hommes dorment leva son bras divin contre cette dame réputée atteindre de si grands crimes. […] Madame Olympe mourut donc de peste à Orvieto l’an 1656, peu de mois à sa persécution. Son corps demeura deux jours sans sépulture […] fut laissé à la discrétion des marrons, qui avaient plus de soin de recueillir quelques pierreries qu’elle avait que son corps, qu’ils laissèrent tout nu, presque à la merci des animaux. Elle mourut sans être assistée d’aucun confesseur, ce qui fut réputé un châtiment du Ciel, à raison de tant de péchés qu’elle avait commis contre des prélats, gens de bien.
(Cosmopoli, Jean Charray, 1666)




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