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Ne nous brouillons l'esprit


"Non, non, faisons toujours ce que le Ciel prescrit,
Et d'aucun autre soin ne nous brouillons l'esprit."
Le Tartuffe, IV, 1 (v. 1226-1227)

Dans son "petit traité" "De la dévotion" (Petits Traités en forme de lettres, 1647), La Mothe le Vayer invitait à la même humilité dans la détermination des desseins de Dieu :

C'est ce qui me fait étonner de la hardiesse de ceux qui se disent chrétiens de disputer non seulement avec tant d'animosité, mais encore avec une si grande présomption, de tout ce qui se passe dans le Ciel, comme s'ils avaient pénétré le plus secret de sa sagesse éternelle, et sans le souvenir de ce beau mot de saint Paul : quis novit sensum domini, aut quis consiliarius ejus ? [...] Aujourd'hui nous voulons avec impiété que Dieu prenne part dans tous nos intérêts ; nous serions bien fâchés d'avoir laissé à la porte de l'Eglise la moindre de nos convoitises, et sous une feinte dévotion notre hypocrisie est telle que nous couvrons, comme le cygne, notre noirceur de la blancheur de nos plumes. Il n'y a point de brouillon qui ne parle dans la religion, aussi bien que dans l'état, de pureté et de réformation parmi ses plus grandes dissolutions.[...] Mais quand ces mêmes intentions ne seraient pas si mauvaises, un zèle inconsidéré n'est jamais agréable à Dieu. [...] Souvenons-nous néanmoins de ce mot véritable, qu'il est le grand ami des adverbes et que le bien substantif ne lui plaît jamais, s'il n'est fait adverbialement bien.
(éd. des Oeuvres de 1756, VI, 1, p. 230-233)




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