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Mon père était gentilhomme


" Mon père! - Oui. - Vous l'avez fort connu? - Assurément. - Et vous l'avez connu pour gentilhomme? - Sans doute. - Je ne sais donc pas comment le monde est fait. - Comment ? - Il y a de sottes gens qui me veulent dire qu'il a été marchand. - Lui marchand! C'est pure médisance, il ne l'a jamais été. Tout ce qu'il faisait, c'est qu'il était fort obligeant, fort officieux; et comme il se connaissait fort bien en étoffes, il en allait choisir de tous les côtés, les faisait apporter chez lui, et en donnait à ses amis pour de l'argent. - Je suis ravi de vous connaître, afin que vous rendiez ce témoignage-là que mon père était gentilhomme."
Le Bourgeois gentilhomme, IV, 3

Charrosselles, personnage du Roman bourgeois (1666) de Furetière, tentait lui aussi de dénier la réalité de sa naissance bourgeoise :

"– J'ai ouï dire que c'était en une instance où Monsieur votre père était procureur : on lui aura peut-être laissé les sacs : je vous prie de prendre ce mémoire et de faire chercher l'arrêt, ou au moins de m'en marquer la date. – Dites-vous cela pour me faire injure, reprit Charrosselles ? Ne savez-vous pas que je suis gentilhomme ? J'ai quatre-vingt mille livres de bien, un carrosse entretenu, deux laquais, valet de Chambre et après cela vous- me faites ce tort que de me croire fils d'un procureur !" [...] Pour lui montrer qu'elle ne parlait point en l'air, elle lui dit le nom de la demeure de celui qui était subrogé à la pratique de son père, lui nomma l'huissier qu'il employait à faire ses significations, le commis du greffe qui mettait ses arrêts en peau, la buvette où il allait déjeuner, les clercs qui avaient été dans son étude ; enfin tant de choses que Charrosselles, convaincu de cette vérité et confus de ce reproche, n'eut d'autre recours, pour s'en sauver qu'à son impudence en lui soutenant que tout cela était faux.
(Livre second)




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