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Mon bon génie


"Sans que mon bon génie au-devant m’a poussé,
Déjà tout mon bonheur eût été renversé.
C’était fait de mon bien, c’était fait de ma joie,"
L'Etourdi, I, 9 (v. 431-433)

L'expression "bon génie" est utilisée dans la traduction que Malherbe donne de l'une des Epîtres à Lucilius de Sénèque :

Prope est a te deus, tecum est, intus est. Ita dico, Lucili: sacer intra nos spiritus sedet, malorum bonorumque nostrorum observator et custos; hic prout a nobis tractatus est, ita nos ipse tractat. Bonus vero vir sine deo nemo est: an potest aliquis supra fortunam nisi ab illo adiutus exsurgere? Ille dat consilia magnifica et erecta. In unoquoque virorum bonorum [quis deus incertum est] habitat deus.
[...]
Quemadmodum radii solis contingunt quidem terram sed ibi sunt unde mittuntur, sic animus magnus ac sacer et in hoc demissus, ut propius [quidem] divina nossemus, conversatur quidem nobiscum sed haeret origini suae; illinc pendet, illuc spectat ac nititur, nostris tamquam melior interest.

EPITRE XLI
A R G U M E N T.
L'homme de bien est toujours accompagné d'un bon génie.
[...]
Vous avez Dieu près de vous, vous l'avez avec vous, vous l'avez dans vous. Il est vrai, comme je le vous dis, Lucilius, nous avons un esprit sacré , qui réside en nous pour la conservation de nos vies, et l'observance de nos actions ; il se comporte avec nous selon que nous nous comportons avec lui. Il n'est point d'homme de bien sans quelque dieu, qui l'assiste à monter par dessus la fortune, et le rende capable des hautes et magnanimes résolutions. Quel dieu? Nul ne le sait.
[...]
Comme les rayons du soleil nous touchent et ne laissent pas d'être au ciel, d'où ils sont envoyés sur la terre, tout de de même une âme grande sacrée, transmise au monde, pour nous faire voir de plus près la divinité, converse bien avec nous, mais toujours par un de ses bouts elle tient à son origine et ne s'en détache point. Elle y est suspendue, elle y tourne les yeux et s'y appuie. Ce qu'elle est parmi nous, c'est pour être notre guide et comme plus judicieuse, assister à nos actions et nous apprendre à les gouverner.
(Les Epîtres de Sénèque traduites par Malherbe, éd. de 1658, p. 212-214)




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