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Mon âme restait libre en captivant tant d'âmes


Tous leurs sujets me prenant pour déesse
Commençaient à m'accoutumer
Aux encens qu'ils m'offraient sans cesse;
Leurs soupirs me suivaient sans qu'il m'en coutât rien,
Mon âme restait libre en captivant tant d'âmes,
Et j'étais parmi tant de flammes
Reine de tous les cœurs, et maîtresse du mien.
Ô Ciel! m'auriez-vous fait un crime
De cette insensibilité?
Psyché, acte II, scène 3, vv.792-800.

L'indifférence de Psyché fait écho à celle de Silvie dans l'Aminte du Tasse (1573) :

[Daphné à Silvie]
Elpin donc racontait à celle qu'il adore,
Devant Battus, devant Tircis,
Savant aux amoureux soucis,
C'était dans l'antre de l'Aurore,
Où d'abord en entrant on voit ces mots écrits,
Loin d'ici profanes Esprits,
Que dans les ténébreux abîmes,
Destinés à punir les crimes,
Comme il l'avait appris de ce Berger fameux,
Dont la Muse a chanté Mars, l'Amour et ses feux,)
Les Dieux tenaient ouverte une caverne affreuse,
Dont les feux punissaient les ingrates Beautés,
Et vengeaient par les pleurs la troupe malheureuse
De tous les Amants maltraités:
Crains qu'on y punisse tes charmes,
Et que de tes beaux yeux on n'arrache des larmes,
Par la fumée et les douleurs.
N'est-il pas juste aussi que l'on tire des pleurs
De ces yeux inhumains qui n'en ont pu répandre,
Quand ils ont vu souffrir un cœur fidèle et tendre?
Va persiste toujours dans ta première erreur,
Si ces grands châtiments ne te font point de peur.
(trad. de l'abbé de Torches, 1666, acte I, scène 1, p. 25)




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