Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Mettre sur mes tablettes


"Bon, voici de nouveau quelque conte gaillard
Et ce sera de quoi mettre sur mes tablettes."
L'Ecole des femmes, I, 4 (v. 306-307)

Le trait du jaloux qui possède un recueil des histoires de cocuage et qui compte, par ce biais, se prémunir de l'infortune conjugale, figurait déjà :

Il sera repris, en 1666, par La Fontaine qui, dans la Deuxième partie des contes, adaptera le récit des Cent Nouvelles Nouvelles, sous le titre "On ne s'avise jamais de tout" (3).


(1)

La fin principale à quoi tendait son exercice et toute son étude était de savoir et connaitre les façons et manières en quoi et comment femmes peuvent décevoir leurs maris. Et car, la Dieu merci, les histoires anciennes comme Matheolet, Juvenal, les Quinze Joies de mariage, et autres plusieurs dont je ne sais le compte, font mention de diverses tromperies, cautèles, abusions et déceptions en cet état advenues, notre jaloux les avait toujours entre ses mains, et n'en était pas moins assotté qu'un folâtre de sa massue. Toutefois lisoit, toujours étudiait, et d'iceux livres fit un petit extrait pour lui, auquel étaient emprinses, décrites et notées plusieurs manières de tromperies, au pourchas et emprinses de femmes et es personnes de leurs maris exécutées. Et ce fît il tendant afin d'être mieux prémuni et sur sa garde si sa femme à l'aventure voulait user de telles querelles en son livre chroniquées et registrées.
(fol. 160 de l'édition Paris, Vérard, s.d.)

--

(2)

"Nouvelle XVI" des Récréations et joyeux devis (1561) de Bonaventure des Périers :

Il avait réduit en mémoire et par écrit les ruses plus singulières que les femmes inventent pour avoir leur plaisir. [...] Et avec cela il avait lu Boccace et Célestine. Et de tout cela délibérait de se faire sage, faisant les desseins en soi-même : "Je ferai le meilleur devoir que je pourrai pour ne point porter les cornes".
(p. 61)

--

(3)

La Fontaine, Deuxième partie des contes, "On ne s'avise jamais de tout" :

Certain jaloux ne dormant que d'un oeil,
Interdisait tout commerce à sa femme.
Dans le dessein de prévenir la dame,
Il avait fait un fort ample recueil
De tous les tours que le sexe sait faire.[...]
Ce fou tenait son recueil fort entier :
Il le portait en guise de psautier,
Croyant par là cocuage hors de gamme.




Sommaire | Index | Accès rédacteurs