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Me soumettre en esclave à vos volontés


"Pour moi, qui ne vous ai point dit de vous marier avec moi, et que vous avez prise sans consulter mes sentiments, je prétends n'être point obligée à me soumettre en esclave à vos volontés."
Georges Dandin, II, 2

Dans les romans des Scudéry, la condition féminine est comparée à plusieurs reprises à un esclavage :

Il y avait aussi quelques-uns de ces hommes qui ne regardent les femmes que comme les premières esclaves de leurs maisons, qui défendaient à leurs filles de lire jamais d’autres livres que ceux qui leur servaient à prier les Dieux et qui ne voulaient pas qu’elles chantassent même des chansons de Sapho.
(p. 6921)

Nous ne sommes pas seulement esclaves de nos pères, qui disposent de nous comme bon leur semble [...] Nous n'avons guère de coeur de nous contenter d'être seulement les premières esclaves de toutes les familles et même bien souvent les plus malheureuses et les plus maltraitées. Nous n'avons pas même la liberté de choisir nos maîtres, puisqu'on nous marie bien souvent contre notre inclination.
(p. 877-879)

Des idées semblables sont émises dans un échange de lettres entre la Grande Mademoiselle et Madame de Motteville :

Vous souffrirez encore que je vous dise que ce qui a donné la supériorité aux hommes a été le mariage, et que ce qui nous a fait nommer le sexe fragile, a été cette dépendance où le sexe nous a assujetties, souvent contre notre volonté, et par des raisons de famille, dont nous avons été les victimes. Enfin, tirons-nous de l'esclavage, qu'il y ait un coin du monde où l'on puisse dire que les femmes sont maîtresses d'elles-mêmes, et qu'elles n'ont pas tous les défauts qu'on leur attribue.
(Lettres de Mademoiselle de Montpensier, des Mesdames de Motteville et de Montmorency, 1806, p. 35)

Une telle conception trouve écho jusque dans le sermon "Sur l'état de mariage" de Bourdaloue :

Or c'est, chrétiens, ce que j'appelle une servitude et qui l'est en effet. Car je vous demande : un état qui vous assujettit, sans savoir presque à qui vous vous donnez, et qui vous ôte toute liberté de changer, n'est-ce pas, en quelque sorte, l'état d'un esclave ? Or le mariage fait tout cela. Il vous engage à un autre que vous, et c'est ce qui est le plus essentille; à un autre, dis-je, qui n'avait nul pouvoir sur vous, mais de qui vous dépendez maintenant, et qui s'est acquis un droit inaliénable sur votre personne.
(éd. de 1716, p. 81)



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