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Me battre avec mon homme, ou bien le faire assassiner


"je suis dans l'incertitude, si pour me venger de l'affront, je dois me battre avec mon homme; ou bien le faire assassiner"
Le Sicilien ou l'Amour peintre, sc. XII

Les deux termes de l'alternative constituent des écarts par rapport aux règles du point d'honneur définies par A. Courtin :

ôter la vie à un homme, c’est une action contre nature ; car voyant que nous sommes faits les uns pour les autres, nous regardons les hommes comme d’autres nous-mêmes, et la nature nous dit que c’est l’outrager elle-même que d’outrager un autre homme, et surtout à l’égard de sa vie : car tout animal voulant naturellement être dès qu’il est, la nature nous fait juger par nous-mêmes que c’est une injure atroce d’ôter à un homme la vie, sans laquelle il est impossible qu’il soit.
(A. Courtin, Suite de la civilité française ou traité du point d'honneur, chap. 3, "de l’injure", art. 1, "ce que c’est en général que droit et justice, et ce que c’est qu’injure, injustice, offense", p. 28-29)

La vengeance n’est donc point permise à aucun particulier, ni par la loi de Dieu, ni par les lois humaine, et on commet un attentat énorme de se venger soi-même, je ne dis pas seulement par des vengeances que la passion peut inopinément suggérer, ou par la trahison qui est le comble de la bassesse d’une âme : mais non pas même par une vengeance de sang-froid, comme serait, si vous voulez, le duel, parce que ce crime, outre qu’il offense la majesté de Dieu, il offense en même temps la majesté du prince.
(Ibid., chapitre 5, "de la vengeance", art. 3, "à qui et comment la vengeance est permise", p. 152-153)

La question du combat singulier est aussi abordée dans :




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