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Mégère et ses sœurs


"Noirs palais où Mégère et ses sœurs font leur cour,
Éternels ennemis du jour,
Parmi vos Ixions, et parmi vos Tantales,
Parmi tant de tourments qui n'ont point d'intervalles"
Psyché, acte V, scène 1, vv. 1667-1670.

Tous les noms figurant dans cette scène et la suivante sont mentionnés par La Fontaine dans Les Amours de Psyché et Cupidon :

L'esclave de Vénus, sans guide et sans secours,
Arriva dans les lieux où le Styx fait son cours.
Sa cruelle ennemie eut soin que le Cerbère
Lui lançât des regards enflammés de colère.
Par les monstres d'enfer rien ne fut épargné.
Elle vit ce qu'en ont tant d'auteurs enseigné.
Mille spectres hideux, les hydres, les harpies,
Les triples Gérions, les mânes des Tityes,
Présentaient à ses yeux maint fantôme trompeur
Dont le corps retournait aussitôt en vapeur.
[…]
La Belle les plaignit, et ne put sans frémir
Voir tant de malheureux occupés à gémir.
Chacun trouvait sa peine au plus haut point montée :
Ixion souhaitait le sort de Prométhée ;
Tantale eût consenti, pour assouvir sa faim,
Que Pluton le livrât à des flammes sans fin.

Ils ressortissent en effet à une tradition poétique, illustrée par exemple chez Tristan l’Hermite, dans le poème « Orphée » du recueil La Lyre (1641) :

Au son de cette voix, des esprits respectée,
Ixion pour un temps vit sa roue arrêtée.
Sisyphe en oublia de tenir son rocher,
Tantale cette soif qu’il ne peut étancher ;
Et les cruelles Sœurs, les fières Danaïdes,
Ne s’aperçurent pas que leurs seaux étaient vides :
Titye en ces douceurs abîmant son ennui,
Sentit moins sa douleur que la peine d’autrui :
Et l’immortel Vautour qui lui ronge le foie,
Suspendit ses rigueurs, touché de même joie.
(p. 25)




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