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Livret du Divertissement de Chambord


Le Divertissement de Chambord, Mêlé de Comédie, de Musique, et d'Entrée de ballet, Paris, Robert Ballard, 1670.

(autre édition : Divertissement de Chambord, Mêlé de Comédie, de Musique, et d'Entrées de ballet, Blois, Jules Hotot, 1669).

Ce livret fut distribué aux spectateurs du Divertissement de Chambord, au cours duquel fut créé Monsieur de Pourceaugnac.


LE DIVERTISSEMENT DE CHAMBORD
Mêlé de Comédie, de Musique, et d’Entrées de Ballet.

À PARIS,
Par ROBERT BALLARD, seul Imprimeur du Roi pour la Musique.
M. DC. LXX.
Avec Privilège de sa Majesté.

LE DIVERTISSEMENT DE CHAMBORD.
PREMIER INTERMÈDE.

L’Ouverture se fait par un grand Concert d’Instruments. Après c’est une Sérénade composée de Chants, d’Instruments, et de Danses, dont les paroles chantées par trois voix en manière de Dialogue sont faites sur le sujet de la Comédie, et expriment les sentiments de deux Amants, qui étant bien ensemble sont traversés par le caprice des parents. La Danse est composée de deux Maîtres à danser, de deux Pages, et de quatre Curieux.

PREMIÈRE VOIX.
Mademoiselle de S. Christophe.

Répands, charmante nuit, répands sur tous les yeux,
De tes pavots la douce violence,

Et ne laisse veiller en ces aimables lieux
Que les cœurs que l’Amour soumet à sa puissance.
Tes ombres et ton silence
Plus beau que le plus beau jour,

Offrent de doux moments à soupirer d’amour.

DEUXIÈME VOIX.
M. Gaye.

Que soupirer d’amour
Est une douce chose

Quand rien à nos yeux ne s’oppose :

À d’aimables penchants notre cœur nous dispose,
Mais on a des Tyrans à qui l’on doit le jour :
Que soupirer d’amour
Est une douce chose

Quand rien à nos vœux ne s’oppose.

TROISIÈME VOIX.
M. Langez.

Tout ce qu’à nos vœux on oppose,

Contre un parfait amour ne gagne jamais rien,
Et pour vaincre toute chose
Il ne faut que s’aimer bien.

LES TROIS VOIX ENSEMBLE.
Aimons-nous donc d’une ardeur éternelle,

Les rigueurs des parents, la contrainte cruelle,
L’absence, les travaux, la fortune rebelle,
Ne font que redoubler une amitié fidèle :
Aimons-nous donc d’une ardeur éternelle :
Quand deux cœurs s’aiment bien
Tout le reste n’est rien.

Les deux Maîtres à danser.

Les Sieurs La Pierre, et Favier.

Les deux Pages.

Mrs. Beauchamp, et Chicaneau.

Quatre Curieux de Spectacles.

Les Sieurs Noblet, Joubert, L’Estang, et Mayeu.

Quatre Flûtes.

Les Sieurs Descouteaux, Philbert, Pièche fils, et Fossard.


LE PREMIER ACTE de la Comédie.

LE SECOND INTERMÈDE.

Est un mélange composé d’Instruments de deux Musiciens Italiens, et de six Matassins ordonné pour remède par un Médecin à la guérison de la mélancolie, Hypocondriaque.

Les deux Musiciens Italiens.

Il Signor Chiacchiarone, et M. Gaye.

Bon di, bon di, bon di,
Non vi lasciate uccidere
D’al dolor malinconico,
Noi vi faremo ridere
Col nostro canto harmonico,
Sol’ per guarirvi
Siamo venuti qui
Bon di, bon di, bon di.

Altro non e la pazzia
Che malinconia
Il malato
Non e disperato,
Se vol pigliar un poco d’allegria,
Altro non e la pazzia
Che malinconia.

Sù, cantate, ballate, ridete,
Et se fare meglio volete,
Quando sentite il deliro vicino,
Pigliate del vino,
E qualche volta un po po di tabac,
Alegramente monzu Poursougnac.

Lorsqu’on apporte le lavement les deux Musiciens accompagnés des Matassins, et des Instruments, chantent.

Piglia-lo sù
Signor monzu,
Piglia-lo, piglia-lo, piglia-lo sù,
Che non ti fara male,
Piglia-lo sû questo servitiale,
Piglia-lo sù,
Signor monzu,
Piglia-lo, piglia-lo, piglia-lo sù.

Les six Matassins.

Messieurs Beauchamp, Chicanneau, La Pierre, Favier, Noblet, et Lestang.


LE SECOND ACTE de la Comédie.

TROISIÈME INTERMÈDE.

Est une Consultation de deux Avocats, Musiciens, dont l’un parle fort lentement, et l’autre fort vite, accompagnés de deux Procureurs Danseurs, et de deux Sergents.

L’Avocat traînant ses paroles.

M. d’Estival.

La Polygamie est un cas,
Est un cas bien pendable.

L’Avocat bredouilleur.

M. Gaye.

Votre fait
Est clair et net,
Et tout le droit
Sur cet endroit
Conclut tout droit.
Si vous consultez nos Auteurs,
Législateurs et Glossateurs,
Justinian, Papinian,
Ulpian, et Tribonian,
Fernand, Rebuffe, Jean, Imole,
Paul, Castie, Julian, Barthole,
Jason Alciat, et Cujas,
Ce grand homme si capable ;
La Polygamie est un cas,
Est un cas pendable.

Tous les Peuples policés,
Et bien sensés ;
Les Français, Anglais, Hollandais,
Danois, Suédois, Polonais,
Portugais, Espagnols, Flamands,
Italiens, Allemands,
Sur ce fait tiennent loi semblable,
Et l’affaire est sans embarras :
La Polygamie est un cas,
Est un cas bien pendable.

Les deux Avocats, chantants.

Messieurs d’Estival, et Gaye.

Les deux Procureurs.

Messieurs Beauchamp, et Chicaneau.

Les deux Sergents.

Messieurs la Pierre, et Favier.


LE TROISIÈME ACTE de la Comédie.

QUATRIÉME INTERMÈDE.

Est une quantité de masques de toutes les manières, dont les uns occupent plusieurs balcons, et les autres sont dans la place, qui par plusieurs Chansons, et divers Danses et jeux cherchent à se donner des plaisirs innocents.

Mademoiselle de S. Christophe, en Égyptienne.

Sortez, sortez de ces lieux,
Soucis, chagrins et tristesse,
Venez, venez ris et jeux,
Plaisirs, amour et tendresse,
Ne songeons qu’à nous réjouir,
La grande affaire est le plaisir.

CHŒUR DES MUSICIENS.

Ne songeons qu’à nous réjouir,
La grande affaire est le plaisir.

Mademoiselle de S. Christophe.

À me suivre tous ici,
Votre ardeur est non commune,
Et vous êtes en souci
De votre bonne fortune :
Soyez toujours amoureux,
C’est le moyen d’être heureux.

M. Gaye, en Égyptien.

Aimons jusques au trépas,
La raison nous y convie,
Hélas ! si l’on n’aimait pas
Que serait-ce de la vie ?
Ah ! perdons plutôt le jour,
Que de perdre notre amour.

TOUS DEUX EN DIALOGUES.

M. Gaye.

Les biens.

Mademoiselle S. Christophe.

Les Sceptres qui font tant d’envie.

M. Gaye.

Tout n’est rien si l’Amour n’y mêle ses ardeurs.

Mademoiselle S. Christophe.

Il n’est point sans l’Amour de plaisir dans la vie.

TOUS DEUX ENSEMBLE.

Soyons toujours amoureux,
C’est le moyen d’être heureux.

Le petit Chœur chante après ces deux derniers Vers.

Sus, Sus chantons tous ensemble,
Dansons, sautons, jouons-nous.

M. Blondel, chantant seul.

Lorsque pour rire on s’assemble,
Les plus sages ce me semble,
Sont ceux qui sont les plus fous.

TOUS ENSEMBLE.

Ne songeons qu’à nous réjouir,
La grande affaire est le plaisir.

Deux Vieilles.

Messieurs le Gros, et Fernon le cadet.

Deux Scaramouches.

Messieurs d’Estival, et Gingan.

Deux Pantalons.

Messieurs Blondel, et Gingan le cadet.

Deux Docteurs.

Messieurs Hedouin, et Rebel.

Deux Paysans.

Messieurs Langez, et Des-Champs.

Huit Danseurs.

Quatre Sauvages.

Messieurs Paysan, Noblet, Joubert, et Lestang.

Quatre Biscayens.

Messieurs Beauchamp, Favier, Mayeu, et Chicaneau.

Deux Trompettes.

Les Sieurs de la Plane, et Lorange.

FIN.

(Texte saisi par David Chataignier à partir de l'exemplaire RES-YF-1994 conservé à la Réserve de la Bibliothèque nationale de France numérisé sur Gallica sous la cote NUMM-72556)




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