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Livret du Ballet des ballets


Ballet des ballets dansé devant sa majesté en son château de S. Germain-en-Laye, au mois de décembre 1671, Paris, Ballard, 1671

Ce livret fut distribué aux spectateurs du Ballet des ballets, au cours duquel fut créée La Comtesse d'Escarbagnas.


BALLET DES BALLETS.

Dansé devant Sa Majesté en son Château de S. Germain en Laye au mois de Décembre 1671.
À PARIS,

Part ROBERT BALLARD, seul Imprimeur du Roi pour la Musique, rue S. Jean de Beauvais, au Montparnasse.
M. DCI LXXI.
AVEC PRIVILÈGE DE SA MAJESTÉ.


BALLET DES BALLETS.
AVANT-PROPOS.

Le ROI qui ne veut que des choses extraordinaires dans tout ce qu’il entreprend, s’est proposé de donner un Divertissement à MADAME à son arrivée à la Cour, qui fût composé de tout ce que le Théâtre peut avoir de plus beau ; Et pour répondre à cette idée, SA MAJESTÉ a choisi tous les plus beaux Endroits des Divertissements qui se sont représentés devant Elle depuis plusieurs années ; et ordonné à Molière de faire une Comédie qui enchaînât tous ces beaux morceaux de Musique et de Danse, afin que ce Pompeux et Magnifique assemblage de tant de choses différentes, puisse fournir le plus beau Spectacle qui se soit encore vu pour la Salle, et le Théâtre de Saint-Germain-en-Laye.

PROLOGUE.

Le Théâtre s’ouvre à l’agréable bruit d’un grand nombre d’instruments, et d’abord il offre aux yeux des Spectateurs une vaste Mer bordée de chaque côté de sept grand Rochers, avec huit Fleuves, accoudés sur les marques de ces sortes de Déités. Autour desdits Fleuves sont seize Tritons, et au milieu de la Mer quatre Amours montés sur des Dauphins avec le Dieu Éole derrière eux, élevé au-dessus des Ondes sur un petit Nuage. Éole commande aux Vents de se retirer, et tandis que les Amours, les Tritons et les Fleuves lui répondent, la Mer se calme, et du milieu des Ondes on voit s’élever une île. Huit Pêcheurs sortent du fond de la Mer avec des nacres de Perles, et des branches de Corail, et après une Danse agréable ; le Chœur de la Musique annonce la venue de Neptune, qu’on voit paraître au milieu des Ondes, avec des marques de sa Divinité, accompagné de six Dieux Marins, et pendant que ce Dieu danse avec sa suite, les Pêcheurs, les Tritons et les Fleuves, accompagnent ses pas de gestes différents, et de bruit de conques de Perles.

ÉOLE, Monsieur d’Estival.

Quatre Amours, Jannot, Renier, Pierot, et Oudot.

Huit Fleuves, Messieurs Beaumont, Fernon l’aîné, Rebel, Serignan, David, Aurat, Devellois, et Gillet.

Seize Tritons, Messieurs Bony, de la Grille, le Gros, Hedoüin, Gaye, Donc, Gingan l’aîné, Gingan le cadet, Fernon le Cadet, Deschamps, Langez, Morel, le Maire, Bernard, Perchot, et Oudot.

NEPTUNE, Monsieur de S. André.

Six Dieux Marins, Messieurs Magny, Favre, Favier cadet, Joubert, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet.

Huit Pêcheurs, Messieurs Beauchamp, d’Eydieu, Chicanneau, Lestang, Mayeux, Favier, Isaac, et S. André cadet.


RÉCIT D’ÉOLE.

Vents, qui troublez les plus beaux jours,
Rentrez dans vos grottes profondes ;
Et laissez régner sur les Ondes
Les Zéphires et les Amours.

Un Triton.
Quels beaux yeux ont percé nos demeures humides ?
Venez, venez Tritons, cachez-vous Néréides.

Tous les Tritons.
Allons tous au devant de ces Divinités,
Et rendons par nos chants hommage à leurs beautés.

Un Amour.
Ah que ces Princesses sont belles !

Un autre Amour. Quels sont les cœurs qui ne s’y rendraient pas ?

Un autre Amour. La plus belle des Immortelles, Notre Mère, a bien moins d’appas.

Chœur. Allons tous au devant de ces Divinités, Et rendons par nos chants hommage à leurs beautés.

Un Triton. Quel noble spectacle s’avance ! Neptune le grand Dieu, Neptune avec sa Cour Vient honorer ce beau jour De son Auguste présence.

Chœur. Redoublons nos Concerts, Et faisons retentir dans le vague des Airs Notre réjouissance.

PROLOGUE DE VÉNUS.

FLORE est au milieu du Théâtre suivie de ses Nymphes, accompagnée à droite et à gauche de Vertumne Dieu des Arbres et des Fruits, et de Palæmon Dieu des Eaux ; chacun de ses Dieux conduit une troupe de Divinités, l’une mène à sa suite des Dieux Marins, et l’autre des Sylvains. Une grande machine descend du Ciel au milieu de quatre autres plus petites, elles sont toutes cinq enveloppées d’abord dans des nuages qui descendent sur le Théâtre : On découvre Vénus dans celle du milieu, au-devant d’une gloire de nuage, avec six petits Amours dans celles qui sont des deux côtés, et six autres qui s’envolent en même temps que les Machines disparaissent ; Après cela le Ciel se ferme, et le Théâtre se change en un agréable bocage pour le commencement de la Comédie : Aussitôt que Flore aperçoit Vénus, elle la presse de venir achever par ses charmes les douceurs que la Paix a commencé de faire goûter sur la terre ; Et par un récit qu’elle chante, elle témoigne l’impatience qu’elle a de profiter du retour de la plus aimable des Déesses, qui préside à la plus belle des Saisons.

FLORE, Mademoiselle Hylaire.

Nymphes de Flore qui chantent, Messieurs Langez, Gingan cadet, Gillet, Oudot, et Jannot.

Vertumne, Monsieur de la Grille.

Palæmon, Monsieur Gaye.

Suite de Vertumne et de Palæmon.

Sylvains, Messieurs Bony, le Gros, Hedouin, Donc, Gingan l’aîné, Fernon le Cadet, Morel, Deschamps, le Maire, Bernard, et Perchot.

Fleuves, Messieurs Beaumont, Fernon l’aîné, Rebel, Serignan, David, Devellois, Aurat, et Gillet.

Six Divinités marines Dansantes, Messieurs Magny, Favre, Favier cadet, Joubert, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet.

Huit Sylvains Dansants, Messieurs Beauchamp, d’Eydieu, Chicanneau, Mayeux, Favier, de Lestang, Isaac, et S. André cadet.

VÉNUS, Mademoiselle de Brie.

Douze Amours.

RÉCIT DE FLORE Chanté par Mademoiselle Hylaire.

Ce n’est plus le temps de la Guerre ; Le plus puissant des Rois Interrompt ses Exploits Pour donner la Paix à la Terre : Descendez, Mère des Amours, Venez nous donner de beaux jours.

Les Nymphes de Flore, Vertumne et Palæmon, avec les Divinités qui les accompagnent joignent leurs voix à celle de Flore pour presser Vénus de descendre sur la Terre. CHŒUR Des Divinités de la Terre et des Eaux.

Nous goûtons une paix profonde ; Les plus doux Jeux sont ici bas ; On doit ce repos plein d’appas Au plus grand ROI du Monde : Descendez, Mère des Amours, Venez nous donner de beaux jours.

Vertumne et Palæmon font en chantant une manière de Dialogue pour exciter les plus insensibles à cesser de l’être à la vue de Vénus et de l’Amour. Les Sylvains et les Divinités Marines expriment en même temps par leurs Danses, la joie que leur inspire la présence de ces deux charmantes Divinités.

DIALOGUE De Vertumne de la Grille et Gaye.

VERTUMNE. Rendez-vous, Beautés cruelles, Soupirez à votre tour :

PALÆMON. Voici la Reine des Belles Qui vient inspirer l’Amour.

VERTUMNE. Un bel Objet toujours sévère Ne se fait jamais bien aimer.

PALÆMON. C’est la beauté qui commence de plaire, Mais la douceur achève de charmer.

Ils répètent ensemble ces derniers Vers.

C’est la beauté qui commence de plaire, Mais la douceur achève de charmer.

VERTUMNE. Souffrons tous qu’Amour nous blesse ; Languissons, puisqu’il le faut ;

PALÆMON. Que sert un cœur sans tendresse ; Est-il un plus grand défaut ?

VERTUMNE. Un bel Objet toujours sévère Ne se fait jamais bien aimer.

PALÆMON. C’est la beauté qui commence de plaire, Mais la douceur achève de charmer.

Flore répond au Dialogue de Vertumne et de Palæmon, par un Menuet qu’elle chante : Elle fait entendre que l’on ne doit pas perdre le temps des Plaisirs ; et que c’est une folie à la Jeunesse d’être sans amour. Les Divinités qui suivent Vertumne et Palæmon, mêlent leurs Danses au chant de Flore, et chacun fait connaître son empressement à contribuer à la réjouissance générale. MENUET DE FLORE Chanté par Mademoiselle Hilaire.

Est-on sage Dans le bel âge ? Est-on sage De n’aimer pas ? Que sans cesse L’on se presse De goûter les plaisirs ici bas ; La sagesse De la Jeunesse C’est de savoir jouir de ses appas.

L’Amour charme Ceux qu’il désarme, L’Amour charme, Cédons lui tous : Notre peine Serait vaine De vouloir résister à ses coups : Quelque chaîne Qu’un Amant prenne, La Liberté n’a rien qui soit si doux.

Les Divinités de la Terre et des Eaux, voyant approcher Vénus, recommencent de joindre toutes leurs voix, et continuent par leurs Danses de lui témoigner le plaisir qu’elles représentent à son abord, et la douce espérance dont son retour les flatte.

CHŒUR. De toutes les Divinités de la Terre et des Eaux.

Nous goûtons une Paix profonde ; Les plus doux Jeux sont ici bas ; On doit ce repos plein d’appas Au plus grand ROI du Monde. Descendez, Mère des Amours, Venez nous donner de beaux Jours.

Vénus descend du Ciel sur le Théâtre avec les quatre Amours, où elle fait un petit Prologue qui jette les Fondements de toute la Comédie, et des Divertissements qui vont venir. Après ce Prologue de Vénus les Violons jouent une ouverture, en attendant le premier Acte de la Comédie.

NOMS DES ACTEURS de la Comédie.

Le Vicomte. le Sieur de la Grange. La Comtesse. Mademoiselle Marotte. La Suivante. Bonneau. Le petit Comte. le Sieur Gaudon. Le Précepteur du petit Comte. le Sieur de Beauval. Le Laquais. Finet. La Marquise. Mademoiselle de Beauval. Le Conseiller. le Sieur Hubert. Le Receveur des Tailles. le Sieur Ducroisy. Le Laquais du Conseiller. Boulonnois.

POUR LA PASTORALE.

La Nymphe. Mademoiselle de Brie. La Bergère en homme. Mademoiselle Molière. La Bergère en femme. Mademoiselle Molière. L’Amant Berger. le Sieur Baron. Premier Pâtre. le Sieur Molière. Second Pâtre. le Sieur de la Torillière. Le Turc. le Sieur Molière.

PREMIER ACTE DE LA COMÉDIE.

LA PLAINTE.

Une Troupe de Personnes affligées viennent déplorer la disgrâce d’une beauté condamnée à la mort par les Dieux.

Femme désolée.

Mademoiselle Hillaire.

Hommes affligés.

Messieurs Morel et Langeais. Dix Flûtes. les Sieurs Philbert, Descouteaux, Piesche fils, Nicolas, Louis, Martin et Colin Hottere, Fossart, Duclos et Boutet.

PLAINTES EN ITALIEN

Chantée par Mademoiselle Hillaire, Messieurs Morel, et Langeais.

Mademoiselle Hyaire.

Deh piangere al pianto mio Sassi duri, antiche selve, Lagrimate fonti, e belve D’un bel volto il fato rio.

M. Langeais. Ahi dolore !

M. Morel. Ahi martire !

M. Langeais. Cruda morte !

M. Morel. Empia sorte !

Tous trois.

Che condanni à morir tanto beltà Cieli, stelle, ahi crudeltà.

Imitation en Vers Français.

LES PLAINTES EN ITALIEN. Chantées par Mademoiselle Hylaire, Messieurs Morel, et Langeais.

Mademoiselle Hylaire. Mêlez vos pleurs avec mes larmes, Durs Rochers, froides Eaux, et vous Tigres affreux, Pleurez le destin rigoureux D’un Objet dont le crime est d’avoir trop de charmes.

M. Langeais. Ô Dieux ! quelle douleur !

M. Morel. Ah ! quel malheur !

M. Langeais. Rigueur mortelle !

M. Morel. Fatalité cruelle !

Tous trois. Faut-il, hélas ! Qu’un Sort barbare Puisse condamner au trépas Une Beauté si rare ! Cieux ! Astres pleins de dureté ! Ah ! quelle cruauté !

Mademoiselle Hylaire. Rispondete a miei lamenti Antri cabi, ascose rupi, Dech ridite fondi cupi Del mio duolo i mesti accenti.

M. Langeais. Ahi dolore, etc.

M. Morel. Com’esser può fra voi, ò Numi eterni, Chi voglia estinta una beltà innocente, Ahi che tanto rigor, Cielo inclemente, Vince di crudeltà gli stessi inferni.

M. Langeais. Nume fierto.

M. Morel. Dio severo.

Ensemble. Perché tanto rigor Contro innocente cor. Ahi sentenza inudita, Dar morte à la Beltà, ch’altrui da vita.

Mademoiselle Hylaire.

Répondez à ma plainte, Échos de ces Bocages, Qu’un bruit lugubre éclate au fond de ces Forêts : Que les Astres profonds, les Cavernes sauvages, Répètent les accents de mes tristes regrets.

M. Langeais. Ô Dieux quelle douleur ! etc.

M. Morel. Quel de vous, ô grands Dieux ! avec tant de furie, Veut détruire tant de Beauté ? Impitoyable Ciel ! par cette barbarie Voulez-vous surmonter l’Enfer en cruauté ?

M. Langeais. Dieu plein de haine.

M. Morel. Divinité trop inhumaine !

Ensemble. Pourquoi ce courroux si puissant Contre un Cœur innocent ? Ô rigueur inouie ! Trancher de si beaux jours ! Lors qu’ils donnent la vie À tant d’Amours !

ENTRÉE DES FURIES ET DES LUTINS. Huit Furies. Messieurs le Chantre, Foignard, l’aîné, Foignard cadet, S. André cadet, Isaac, Favre, le Roi, et la Montagne. Deux Lutins faisant des sauts périlleux. Maurice, et Petit-Jean.

CONTINUATION DES PLAINTES.

Mademoiselle Hylaire. Ahi ch’indarno si tarda, Non resiste a li Dei, mortale affetta, Alto impero ne sforza, Ove commanda il Ciel, l’Uuom cede a forza.

Deh piangete, etc. Come sopra.

CONTINUATION DES PLAINTES. Après l’Entrée des Hommes affligés, et des Femmes désolées.

Mademoiselle Hylaire. Que c’est un vain secours, contre un mal sans remède, Que d’inutiles pleurs, et de cris superflus : Quand le Ciel a donné des Ordres absolus, Il faut que l’effort humain cède.

Mêlez vos pleurs, etc. comme ci-dessus.

DEUXIÈME ACTE De la Comédie.

LES MAGICIENS. Cérémonie Magique de Chanteurs et de Danseurs.

Deux Magiciens Dansants. Messieurs la Pierre et Favier. Six Démons Dansants. Messieurs Dolivet, le Chantre, Saint André, Dolivet fils, Saint André cadet, et Lestang.

Trois Magiciens Assistants et Chantants. Messieurs le Gros, Gaye, et Morel.

Ils chantent.

Déesse des appas Ne nous refuse pas La grâce qu’implorent nos bouches, Nous t’en prions par tes rubans, Par tes boucles de diamants, Ton rouge, ta poudre, tes mouches, Ton masque, ta coife, et tes gants.

Ô toi ? qui peux rendre agréables Les visages les plus mal faits, Répands, Vénus, de tes attraits Deux ou trois doses charitables Sur ce museau tondu tout frais.

Déesse des appas Ne nous refuse pas, etc.

Ah qu’il est beau Le Jouvenceau, Ah ! qu’il est beau ! ah ! qu’il est beau ! Qu’il va faire mourir de belles : Auprès de lui les plus cruelles Ne pourront tenir dans leur peau, Ah ! qu’il est beau Le Jouvenceau ! Ah ! qu’il est beau ! ah ! qu’il est beau ! Ho, ho, ho, ho, ho, ho.

Qu’il est joli, Gentil, poli, Qu’il est joli, qu’il est joli, Est-il des yeux qu’il ne ravisse ? Il passe en beauté feu Narcisse Qui fut un blondin accompli. Qu’il est joli, Gentil, poli, Qu’il est joli, qu’il est joli, Hi, hi, hi, hi, hi, hi.

TROISIÈME ACTE De la Comédie. LE COMBAT DE L’AMOUR et de Bacchus.

Le Théâtre représente un agréable Jardin de Cèdres et de Myrtes, fermé dans le fond par une belle Perspective, et aux deux côtés, au-dessous desdits Cèdres, tous les Musiciens et Concertants du Chœur de l’Amour sont assis ; et après que le Chœur de l’Amour a chanté quelque temps, la Perspective s’ouvre, et tout le fond du Théâtre représente une grande Voûte, sous laquelle sont plusieurs Satyres, Chantant assis sur des Tonneaux de Vin, tenant des Bouteilles et des Verres en main, accompagnés de plusieurs autres des deux côtés et derrière eux ; et au-dessus de ladite Voûte est une grande Balustrade de Flacons, derrière laquelle le reste du Chœur de Bacchus paraît assis sur un Amphithéâtre, au-dessous d’une Treille ou Berceau de Vigne, pendant que deux Bergers et deux Bergères chantent un Dialogue en Musique, et que quatre Bergers et quatre Bergères, avec quatre suivants de Bacchus, et quatre Bacchantes Dansent leurs Entrées.

Cloris. Mademoiselle Hylaire. Climène. Mademoiselle Des-Fronteaux. Tircis. Monsieur Gingan cadet. Philène. Monsieur Gaye.

Chœur de l’Amour.

Douze Bergers chantants dans le Chœur de l’Amour. Messieurs Bony, Hebert, le Gros, Donc, Beaumont, Fernon cadet, Rebel, Longueil, Langez, Gillet, Pierrot, et Regnier.

Vingt-deux Bergers du Chœur de l’Amour, jouant du Violon et de la Flûte.

Les Sieurs Piesche père et fils, Philbert, Descouteaux, Destouches, Allais, Marchand, Laquaisse, Huguenet l’aîné, Hugenet cadet, Laquaisse cadet, la Fontaine, Charlot, Martinot père et fils, le Roux l’aîné et le cadet, Guénin, le Grez, Roullé, Magny et Fossart.

Chœur de Bacchus.

Deux Satyres chantants. Messieurs Estival, et Gingan l’aîné.

Seize autres Satyres chantants. Messieurs Hedouin, Fernon l’aîné, Deschamps, Aurat, David, Serignan, Oudot, Morel, Duclos, le Maire, Perchot, Bernard, quatre Pages de la Chapelle.

Autres Satyres jouant du Haut-bois, de la Flûte et du Violon. Les vingt-quatre Violons du Roi et dix Flûtes.

DANCEURS. Quatre Bergers. Messieurs Chicanneau, S. André, La Pierre et Magny.

Quatre Bergères. Messieurs Bonnard, Arnal, Noblet et Foignart l’aîné.

Quatre suivants de Bacchus. Messieurs Beauchamp, Dolivet, Joubert et Mayeux.

Quatre Bacchantes. Messieurs Pezan, la Vallée, la Montagne et Favier cadet.

CLORIS.

Ici l’ombre des Ormeaux Donne un teint frais aux Herbettes, Et les bords de ces Ruisseaux Brillent de mille Fleurettes Qui se mirent dans les Eaux. Prenez, Bergers, vos Musettes Ajustez vos Chalumeaux, Et mêlons nos Chansonnettes Aux chants des petits Oiseaux.

Le Zéphire entre ces Eaux Fait mille courses secrètes, Et les Rossignols nouveaux De leurs douces Amourettes Parlent aux tendres Rameaux. Prenez, Bergers, vos Musettes, Ajustez vos Chalumeaux, Et mêlons nos Chansonnettes Aux chants des petits Oiseaux.

Plusieurs Berges et Bergères galantes mêlent aussi leurs pas à tout ceci, et occupent les yeux tandis que la Musique charme les oreilles.

CLMÈNE. Ah ! qu’il est doux, belle Sylvie, Ah ! qu’il est doux de s’enflammer ; Il faut retrancher de la vie Ce qu’on en passe sans aimer.

CLORIS. Ah ! les beaux jours qu’Amour nous donne ; Lorsque sa flamme unit les cœurs Est-il ni gloire ni Couronne Qui vaille ses moindres douceurs ?

TIRCIS. Qu’avec peu de raison on se plaint d’un martyre Que suivent de si doux plaisirs.

PHILÈNE. Un moment de bonheur dans l’amoureux Empire Répare dix ans de soupirs.

Tous ensemble. Chantons tous de l’Amour le pouvoir adorable, Chantons tous dans ces lieux Ses attraits glorieux ; Il est le plus aimable Et le plus grand des Dieux.

À ces mots toute la Troupe de Bacchus arrive, et l’un d’eux s’avançant à la tête chante fièrement ces paroles.

Arrêtez, c’est trop entreprendre, Un autre Dieu dont nous suivons les Lois S’oppose à cet honneur qu’à l’Amour osent rendre Vos Musettes et vos Voix : A des titres si beaux, Bacchus seul peut prétendre, Et nous sommes ici pour défendre ses droits.

Chœur de Bacchus. Nous suivons de Bacchus le pouvoir adorable, Nous suivons en tous lieux Ses attraits glorieux, Il est le plus aimable, Et le plus grand des Dieux.

Plusieurs du parti de Bacchus mêlent aussi leurs pas à la Musique, et l’on voit ici un combat de Danseurs contre Danseurs, et de Chantres contre Chantres.

CLORIS.

C’est le Printemps qui rend l’âme À nos champs semés de fleurs ; Mais c’est l’Amour et sa flamme Qui font revivre nos cœurs.

Un suivant de Bacchus.

Le Soleil chasse les ombres Dont le Ciel est obscurci, Et des âmes les plus sombres Bacchus chasse le souci.

Chœur de Bacchus. Bacchus est révéré sur la Terre et sur l’Onde.

Chœur de l’Amour. Et l’Amour est un Dieu qu’on adore en tous lieux.

Chœur de Bacchus. Bacchus à son pouvoir a soumis tout le monde.

Chœur de l’Amour. Et l’Amour a dompté les Hommes et les Dieux.

Chœur de Bacchus. Rien peut-il égaler sa douceur sans seconde ?

Chœur de l’Amour. Rien peut-il égaler ses charmes précieux ?

Chœur de Bacchus. Fi de l’Amour et de ses feux.

Le parti de l’Amour. Ah ! quel plaisir d’aimer.

Le parti de Bacchus. Ah ! quel plaisir de boire.

Le parti de l’Amour. À qui vit sans amour, la vie est sans appas.

Le parti de Bacchus. C’est mourir que de vivre, et de ne boire pas.

Le parti de l’Amour. Aimables fers.

Le parti de Bacchus. Douce victoire.

Le parti de l’Amour. Ah ! quel plaisir d’aimer.

Le parti de Bacchus. Ah ! quel plaisir de boire.

Les deux partis. Non, non c’est un abus, Le plus grand Dieu de tous.

Le parti de l’Amour. C’est l’Amour. [page 34] Le parti de Bacchus. C’est Bacchus.

Un Berger se jette au milieu de cette dispute, et chante ces Vers aux deux partis.

C’est trop, c’est trop, Bergers, hé pourquoi ces débats ? Souffrons qu’en un parti la raison nous assemble, L’Amour a des douceurs, Bacchus a des appas, Ce sont deux Déités qui sont fort bien ensemble, Ne les séparons pas.

Les deux Chœurs ensemble. Mêlons donc leurs douceurs aimables, Mêlons nos voix dans ces lieux agrables, Et faisons répéter aux Échos d’alentour Qu’il n’est rien de plus doux que Bacchus et l’Amour.

Tous les Danseurs se mêlent ensemble à l’exemple des autres, et avec cette pleine réjouissance de tous les Bergers et Bergères finit le divertissement du Combat de l’Amour et de Bacchus.

QUATRIÈME ACTE De la Comédie.

LES BOHÉMIENS.

Le fond du Théâtre se change en une Grotte de Vulcain, avec une Forge pour les Cyclopes, et auparavant cette entrée on voit paraître une Égyptienne qui danse et chante, accompagnée de douze Danseurs jouant de la Guitare.

Égyptienne. M. Noblet qui danse et chante.

PREMIER AIR.

D’un pauvre cœur Soulagez le martyre, D’un pauvre cœur Soulagez la douleur ; J’ai beau vous dire Ma vive ardeur, Je vous vois rire De ma langueur : Ha ! cruelle j’expire Sous tant de rigueur, D’un pauvre cœur Soulagez le martyre, D’un pauvre cœur Soulagez la douleur.

SECOND AIR. Croyez-moi, hâtons-nous ma Sylvie, Usons bien des moments précieux, Contentons ici notre envie, De nos ans le feu nous y convie Nous ne saurions vous et moi faire mieux : Quand l’Hiver a glacé nos guérets, Le Printemps vient reprendre sa place, Et ramène à nos champs leurs attraits, Mais hélas ! quand l’âge nous glace, Nos beaux jours ne reviennent jamais.

Ne cherchons tous les jours qu’à nous plaire, Soyons-y l’un et l’autre empressés, Du plaisir faisons notre affaire, Des chagrins songeons à nous défaire ; Il vient un temps où l’on en prend assez. Quand l’Hiver a glacé nos guérets, Le Printemps vient reprendre sa place ; Et ramène à nos champs leurs attraits, Mais hélas ! quand l’âge nous glace, Nos beaux jours ne reviennent jamais.

Quatre Bohémiens jouant de la Guitare. Messieurs Beauchamp, Chicaneau, de Lorge et la Valée.

Quatre Biscayens jouant des Castagnettes. Messieurs La Pierre, Saint André, Magny et Foignard cadet.

Quatre Biscayennes. Messieurs Bonnard, Joubert, Pezant et Favier cadet.

VULCAIN. Entrée des Cyclopes et des Fées. Six Cyclopes. Messieurs la Montagne, le Chanter, Desmatins, Saint André cadet, Isaac et le Roi.

Six fées. Messieurs Magny, Favre, de Lorge, Bertau, le Febvre et Chauveau.

CHANSON DE VULCAIN. Chanté par Monsieur de la Forest.

Dépêchez, préparez ces Lieux, Pour le plus aimable des Dieux : Que chacun pour lui s’intéresse, N’oubliez rien des soins qu’il faut ; Quand l’Amour presse On n’a jamais fait assez tôt.

Servez bien un Dieu si charmant, Il se plaît dans l’empressement : Que chacun pour lui s’intéresse, N’oubliez rien des soins qu’il faut ; Quand l’Amour presse On n’a jamais fait assez tôt.

Vulcain fait travailler les Cyclopes en diligence.

AUTRE RÉCIT.

L’Amour ne veut point qu’on diffère, Travaillez, hâtez-vous, Frappez, redoublez vos coups ; Que l’ardeur de lui plaire Fasse vos soins les plus doux.

CINQUIÈME ACTE De la Comédie.

LA CÉRÉMONIE TURQUE.

Un Bourgeois voulant donner sa Fille en Mariage au Fils du Grand Turc, est anobli auparavant par une Cérémonie Turque, qui se fait en dansant et en chantant. Il se voit une petite Décoration dans le fond du Théâtre, avec un Portique au milieu d’un Jardin, et au travers on voit un autre jardin en éloignement.

Les Acteurs de la Cérémonie sont, UN MUFTI, représenté par le Seigneur Chiacheron.

Douze Turcs Musiciens assistant à la Cérémonie. Messieurs le Gros, Estival, Faussart, Gingan l’aîné, Hedouin, Rebel, Gillet, Fernon cadet, Bernard, Deschamps, Langez et Gaye.

Quatre Dervis. Messieurs Morel, Gingan cadet, Noblet et Philbert.

Six Turcs dansant. Messieurs Beauchamp, Dolivet, Chicanneau, Foignard cadet, Bonnard, et la Pierre. Le Mufti invoque Mahomet avec les douze Turcs, et les quatre Dervis après, on lui amène le Bourgeois auquel il chante ces paroles. Le Mufti. Seti sabir Ti rispondir Se non sabir Tazir tazir.

Mistar Mufti Ti quistar ti Non intendi Tazir tazir.

Le Mufti demande en même langue aux Turcs assistants de quelle Religion est le Bourgeois, et ils l’assurent qu’il est Mahométan. Le Mufti invoque Mahomet en langue Franche, et chante les paroles qui suivent. Le Mufti.

Mahametta per Giourdina Mi pregar sera é mattina Voler far un paladina Dé Giourdina, dé Giourdina Dar turbanta é edar scarcina Con galera é brigantina Per deffender Palestina. Mahametta, etc.

Le Mufti demande aux Turcs si le Bourgeois sera ferme dans la Religion Mahométane, et leur chante ces paroles. Le Mufti. Star bon Turca, Giourdina.

Les Turcs. Hi valla.

Le Mufti. Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da.

Les Turcs, répètent les même Vers. Le Mufti propose de donner le Turban au Bourgeois, et chante les paroles qui suivent.

Le Mufti. Ti non star Furba.

Les Turcs. No no no.

Le Mufti. Non star furfanta.

Les Turcs. No no no.

[Le Mufti.] Donar Turbanta, donar Turbanta.

Les Turcs répètent tout ce qu’à dit le Mufti pour donner le Turban au Bourgeois. Le Mufti et les Derviches se coiffent avec des Turbans de cérémonie, et l’on présente au Mufti l’Alcoran, qui fait une seconde invocation avec tout le reste des Turcs assistants, après son invocation il donne au Bourgeois l’épée, et chante ces paroles.

Le Mufti. Ti star nobilé é non star fabola Pigliar schiabbola.

Les Turcs répètent les mêmes Vers.

Le Mufti commande aux Turcs de bastonner le Bourgeois, et chantent les paroles qui suivent.

Le Mufti. Dara dara Bastonara bastonara.

Les Turcs répètent les mêmes Vers.

Le Mufti après l’avoir fait bastonner lui dit en chantant.

Le Mufti. Non tener honta Questa star ultima affronta.

Les Turcs répètent les mêmes Vers.

Le Mufti recommence une invocation, et se retire après la cérémonie avec tous les Turcs, en dansant et chantant avec plusieurs Instruments à la Turquesque.

SIXIEME ACTE De la Comédie.

LES ITALIENS.

Une Musicienne Italienne fait le premier récit dont voici les paroles.

La Musicienne Italienne. Mademoiselle Hylaire.

Di rigori armata il seno Contro amor mi ribellai, Ma fui vinta in un baleno In mirar duo vaghi rai, Ahi che resiste puoco Cor di gelo a stral di fuoco.

Ma si caro é’l moi contento, El’ sanarmi é tirannia. Ahi che più giova, é piace Quanto amor é più vivace.

Après l’air que la Musicienne a chanté, deux Scaramouches, deux Trivelins, et deux Arlequins, représentent une nuit à la manière des Comédiens Italiens en cadence.

Les deux Scaramouches. Messieurs Beauchamp, et Myeux.

Les deux Trivelins. Messieurs Foignard l’aîné, et Foignard cadet.

Les deux Arlequins. Monsieur la Montagne, et le Seigneur Dominique.

Un Musicien Italien se joint à Mademoiselle Hilaire, et chante avec elle les paroles qui suivent. Le Musicien Italien. Monsieur Gaye.

Bel tempo che vola Rapisce il contento, D’amor ne la scola Si coglie il momento.

Mademoiselle Hilaire.

Infin che florida Ride l’età Che pu tropp’ horrida Da noi sen và, Sù cantiamo, Sù godiamo, Nebei di, di gioventù : Perduto ben nin si racquista più.

Monsieur Gaye.

Pupilla che vaga Mill’ alme incatena, Fà dolce la piaga Felice la pena.

Mademoiselle Hilaire

Ma poiche frigida Langue l’età. Più che l’alma rigida Fiamme non hà.

Tous les deux. Sù cantiamo, etc.

Après le Dialogue Italien, les Scaramouches et Trivelins dansent une réjouissance.

LES ESPAGNOLS. Espagnols chantants.

Messieurs la Grille, Morel et Gillet.

M. Morel.

Se que me muero dé amar Y solicito el doler.

A un muriendo de querer De tanbuen ayre adolezco Que es mas de loque padezci Loque quiero padecer Y non pudiendo exceder Amidesco el rigor.

Se que me muero dé amor Y solicito el dolor.

Lisonsicame la suerté Con piedad tan advertida, Que mé assegura la vida En el riesgo de la muerté Vivir de lugolpe fuert Es de mi salud primor. Se que me muero dé amor Y solicito el dolor.

Trois Espagnols dansants. Messieurs Dolivet, le Chantre et Joubert.

Trois Espagnoles dansants. Messieurs de l’Estang, Bonnard et Isaac.

Trois Musiciens Espagnols.

M. Morel, Espagnol chantant.

Ay que locura, contanto rigor Quexarse deamor Del nino bonito Que todo est dulçura Ay que locura, Ay que locura.

M. Gillet, Espagnol chantant.

El dolor solicita, El que al dolor se da Y nadie deamor muere Sino quien no save amar.

Messieurs Morel et Gillet, Espagnols.

Dulce muerte es el amor Con correspondencia ygual, Ysi esta gozamos oy, Porque la quieres turbar ?

Monsieur Morel seul.

Alegrese Enamorado Y tome mi parecer Que en esto dequerer Todo es ballar el vado.

Tous trois ensemble.

Vaya, vaya de fiestas, Vaya de vayle, Alegria, alegria, alegria. Questo de dolor es fantasia.

SEPTIEME ET DERNIER ACTE DE LA COMÉDIE.

Le Théâtre se change en une grande Décoration céleste, et les deux côtés sont remplis de quatre Divinités avec leur suites ; Savoir Apollon, accompagné des Muses et des Arts ; Bacchus de Silène, des Égypans et des Ménades ; Mome de la Raillerie, avec une Troupe enjouée de Polichinelles et de Mathasins, et Mars à la tête d’une Troupe de Guerriers, suvi de Timbales, de Tambours et de Trompettes, avec un grand nombre de Concertants assis sur des nuages au-dessus d’une Mer flottante qui est dans le fond du Théâtre, et au-dessous d’une gloire fort éloignée, où l’on voit toutes les Déités célestes assis par petits pelotons sur des nuages. Apollon Dieu de l’Harmonie commence le premier à chanter pour inviter les Dieux à se réjouir.

RÉCIT D’APOLLON Chanté par M. Langeais.

Unisson Nous, Troupe immortelle ; Le Dieu d’Amour devient heureux Amant, Et Vénus a repris sa douceur naturelle En faveur d’un Fils si charmant ; Il va goûter en paix après un long tourment, Une félicité qui doit être éternelle.

CHŒUR DES DIVINITÉS CÉLESTES. Célébrons ce grand Jour ; Célébrons tous une Fête si belle : Que nos Chants en tous lieux en portent la nouvelle ; Qu’ils fassent retentir le céleste séjour : Chantons, répétons, tour à tour Qu’il n’est point d’âme si cruelle Qui tôt ou tard ne se rende à l’Amour.

Bacchus fait entendre qu’il n’est pas si dangereux que l’Amour.

RÉCIT DE BACCHUS Chanté par Monsieur Gaye.

Si quelquefois Suivant nos douces Lois, La raison se perd et s’oublie, Ce que le Vin nous cause de folie Commence et finit en un jour ; Mais quand un Cœur est enivré d’Amour, Souvent, c’est pour toute la vie.

Mome déclare qu’il n’a point de plus doux emploi que de médire, et que ce n’est qu’à l’Amour seul qu’il n’ose se jouer.

RÉCIT DE MOME. Chanté par M. Morel.

Je cherche à médire Sur la Terre, et dans les Cieux ; Je soumets à ma Satire Les plus grands des Dieux. Il n’est dans l’Univers que l’Amour qui m’étonne, Il est le Seul que j’épargne aujourd’hui ; Il n’appartient qu’à Lui De n’épargner personne.

Mars avoue que malgré toute sa valeur, il n’a pu s’empêcher de céder à l’Amour.

RÉCIT DE MARS. Chanté par Monsieur Estival.

Mes plus fiers Ennemis vaincus ou pleins d’effroi Ont vu toujours ma Valeur triomphante, L’Amour est le Seul qui se vante D’avoir pu triompher de Moi.

Tous les Dieux du Ciel unissent leurs voix, et engagent les Timbales et les Trompettes à répondre à leurs Chants, et à se mêler avec leurs plus doux Concerts.

Chœur des Cieux, où se mêlent les Trompettes et les Timbales. Chantons les plaisirs charmants Des heureux Amants. Répondez-nous Trompettes, Timbales, et Tambours : Accordez-vous toujours Avec le doux son des Musettes, Accordez-vous toujours Avec le doux chant des Amours.

ENTRÉE DE LA SUITE D’APOLLON.

Suite d’Apollon.

Les neufs Muses. Mademoiselle Hylaire, Mademoiselle Deffronteaux, Messieurs Gillet, Oudot Descouteaux, Piesche, Marchand, Laquaisse cadet et Mercier.

Les Arts travestis en Bergers Galants pour paraître avec plus d’agrément dans cette Fête, commencent les premiers à danser. Apollon vient joindre une Chanson à leurs Danses, et les sollicite d’oublier les Soins qu’ils ont accoutumé de prendre le jour, pour profiter des Divertissements de cette Nuit bienheureuse.

ARTS TRAVESTIS EN BERGERS Galants.

Six Bergers Galants. Messieurs S. André, Chicanneau, Magny, Foignard l’aîné, Foignard cadet et Favre.

CHANSON D’APOLLON. Chanté par M. Langeais.

Le Dieu qui nous engage A lui faire la Cour, Défend qu’on soit trop sage. Les Plaisir ont leur tour, C’est leur plus doux usage Que de fini les soins du Jour ; La Nuit est le partage Des Jeux, et de l’Amour.

Ce serait grand dommage Qu’en ce charmant Séjour On eut un Cœur sauvage. Les Plaisirs ont leur tour, C’est leur plus doux usage, Que de finir les soins du Jour ; La Nuit est le partage Des Jeux, et de l’Amour.

Au milieu de l’Entrée de la Suite d’Apollon deux des Muses qui ont toujours évité de s’engager sous les Lois de l’Amour, conseillent aux Belles, qui n’ont point encore aimé, de s’en défendre avec soin à leur exemple.

CHANSON DES MUSES. Chantée par Mademoiselle Hylaire, et par Mademoiselle Deffronteaux.

Gardez-vous, Beautés sévères, Les Amours font trop d’affaires, Craignez toujours de vous laisser charmer : Quand il faut que l’on soupire, Tout le mal n’est pas de s’enflammer ; Le martyre De le dire, Coûte plus cent fois que d’aimer.

Second Couplet des Muses.

On ne peut aimer sans peines, Il est peu de douces chaînes, A tout moment on se sent alarmer ; Quand il faut que l’on soupire, Tout le mal n’est pas de s’enflammer ; Le Martyre De le dire, Coûte plus cent fois que d’aimer.

ENTRÉE DE LA SUITE DE BACCHUS.

Suite de Bacchus.

Concertants. Messieurs de la Grille, le Gros, Gingan l’aîné, Bernard, la Forest, Regnier et Jeannot.

Violons. Messieurs du Manoir père et fils, Balus père et fils, Chaudron fils, le Peintre, Lique, le Roux, le Grais, Varin, Joubert, Rafié, Desmatins, Léger, l’Épine, et le Roux cadet.

Bassons. Les Sieurs Colin Hottère et Philidor.

Hautbois. Les Sieurs Duclos et Philidor cadet.

Les Ménades et les Égipans viennent danser à leur tour. Bacchus s’avance au milieu d’Eux, et chante une Chanson à la louange du Vin.

Quatre Ménades. Messieurs Dolivet fils, le Chantre, Bretau, Joubert et Dufort.

Quatre Égipans. Messieurs Dolivet, le Chantre, saint André cadet, et Isaac.

CHANSON DE BACCHUS Chanté par M. Gaye. Admirons le Jus de la Treille : Qu’il est puissant ! qu’il a d’attraits ! Il sert aux douceurs de la Paix, Et dans la Guerre il fait merveille : Mais surtout pour les Amours, Le Vin est d’un grand secours.

Silène Nourricier de Bacchus paraît monté sur un Âne. Il chante une Chanson qui fait connaître les avantages que l’on trouve à suivre les Lois du Dieu de Vin.

CHANSON DE SILENE. Chanté par M. Gingan cadet. Bacchus veut qu’on boive à longs traits ; On ne se plaint jamais Sous son heureux Empire : Tout le jour on n’y fait que rire, Et la nuit on y dort en paix.

Second Couplet. Ce Dieu rend nos vœux satisfaits ; Que sa Cour a d’attraits ! Chantons y bien sa gloire : Tout le jour on n’y fait que boire, Et la nuit on y dort en paix.

Deux Satyres se joignent à Silène, et tous trois chantent ensemble un Trio à la louange de Bacchus, et des douceurs de son Empire.

Trio de Silène, et de deux Satyres.

Messieurs de la Grille, Gingan cadet et Bernard.

Voulez-vous des douceurs parfaites ? Ne les cherchez qu’au fond des Pots.

Un Satyre. Les Grandeurs sont sujettes A cent peines secrètes.

Second Satyre. L’Amour fait perdre le repos.

Tous ensemble. Voulez-vous des douceurs parfaites ? Ne les cherchez qu’au fond des Pots.

Un Satyre. C’est là que son les Ris, les Jeux, les Chansonnettes.

Second Satyre. C’est dans le Vin qu’on trouve les bons mots.

Tous ensemble. Voulez-vous des douceurs parfaites ? Ne les cherchez qu’au fond des Pots.

Deux autres Satyres enlèvent Silène de dessus son Âne, qui leur sert à voltiger, et à former des Jeux agréables et surprenants.

Deux Satyres Voltigueurs. Messieurs de Meniglaise, et de Vieux-Amant. ENTRÉE DE LA SUITE DE MOME. Suite de Mome.

Courtisans. Messieurs Beaumont, Fernon l’aîné, Fernon cadet, Gigan cadet, Deschamps, Aurat, la Montagne et Pierrot.

Violons. Messieurs Marchand, Laquaisse, Huguenot, Magny, Fossart, Huguenet cadet, Brouard, Destouches, Guénin, Roullé, Charpentier Ardelet, la Fontaine, Charlot, Martinot père et fils.

Basons. Messieurs Nicolas et Martin Hottere.

Hautbois. Messieurs Piesche père, Plumet et Louis Hottere.

Une Troupe de Polichinelles et de Matassins vient joindre leurs plaisanteries et leurs badinages aux Divertissements de cette grande Fête. Mome qui les conduit chante au milieu d’Eux une Chanson enjouée sur le sujet des avantages et des plaisirs de la Railleries.

Quatre Musiciens dansant. Messieurs de Lorge, Arnal, Pezan et Favier cadet.

Six Polichinelles. Messieurs Girard, la Vallée, Desmatins, la Montagne, Chauveau et

CHANSON DE MOME Chanté par M. Morel

Folâtrons, divertissons-Nous, Raillons, Nous ne saurons mieux faire, La Raillerie est nécessaire Dans les Jeux les plus doux. Sans la douceur que l’on goûte à médire, On trouve peu de plaisir sans ennui ; Rien n’est si plaisant que de rire, Quand on rit aux dépens d’autrui.

Plaisantons, ne pardonnons rien, Rions, rien n’est plus à la mode, On court péril d’être incommode En disant trop de bien. Sans la douceur que l’on goûte à médire, On trouve peu de plaisirs sans ennui ; Rien n’est si plaisant que de rire, Quand on rit aux dépens d’autrui.

ENTRÉE DE LA SUITE DE MARS.

Concertants. Messieurs Bony, Hedouin, Serignan, le Maire, Desvelois, David, et Perchot.

Violons. Messieurs Masuel, Thaumin, Chicanneau, Bonnefons, la Place, Régnault-Passe, Dubois, du Vivier, Nivelon, le Jeune, du Fresne, Allais, Dumont, le Bret, d’Auche, Converset, et Rousselet fils.

Flûtes. Philebert et Boutet.

Monsieur Rebel Conducteur.

Timbaliers. Daicre, Scqdebout, Ferrier.

Trompettes. Duclos, Denis, la Rivière, l’Orange, la Pleine, Pelissier, Pétre, Rousillon et Rodolfe.

Mars vient au milieu du Théâtre suivi de sa Troupe Guerrière, qu’il excite à profiter de leur loisir, en prenant part au Divertissement.

CHANSON DE MARS. Chanté par M. d’Estival.

Laissons en paix toute la Terre, Cherchons de doux Amusements ; Parmi les Jeux les plus charmants, Mêlons l’image de la Guerre.

Trois Enseignes. Messieurs Beauchamp, la Pierre et Favier.

Quatre Piquiers. Messieurs Eydieu, Chicanneau, Isaac, et l’Estang. DERNIERE ENTRÉE.

Les quatre Troupes différentes, de la suite d’Apollon, de Bacchus, de Mome, et de Mars, après avoir achevé leurs Entrées particulières, s’unissent ensemble, et forment la dernière Entrée, qui renferme toutes les autres. Un Chœur de toutes les Voix et de tous les Instruments se joint à la Danse générale et terminer la Fête.

CHŒUR.

Chantons les Plaisirs charmants Des heureux Amants : Répondez-nous Trompettes, Timbales, et Tambours ; Accordez-vous toujours Avec le doux son des Musettes ; Accordez-vous toujours Avec le doux chant des Amours.

FIN.

(Texte saisi par David Chataignier à partir de l'exemplaire RES-YF-410 conservé à la Réserve de la Bibliothèque nationale de France numérisé sur Gallica sous la cote NUMM-72457)




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