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Lettre de De Lionne du 26 février 1666


Ce que vous me mandez de la part de la reine de Suède touchant la comédie de Tartuf (sic), que Molière avait commencée et n’a jamais achevée, est absolument impossible, et non seulement hors de mon pouvoir, mais de celui du roi même, à moins qu’il n’usât de grande violence. Car Molière ne voudrait pas hasarder de laisser rendre sa pièce publique, pour ne pas se priver de l’avantage qu’il se peut promettre, et qui n’irait pas à moins de vingt mille écus pour toute sa troupe, si jamais il obtenait la permission de la représenter.
D'un autre côté, le roi ne peut pas employer son autorité à faire voir cette pièce, après en avoir lui-même ordonné la suppression avec grand éclat. Je m’estime cependant bien malheureux de n’avoir pas pu procurer cette petite satisfaction à la Reine, et j’espère que Sa Majesté me fera la grâce d’être persuadée que dans tout ce qu’elle m’ordonnera, quand il sera en mon pouvoir, elle sera obéie avec ponctualité et chaleur. Cependant, je demeure, Monsieur, etc.
(Cardinal de Retz, Œuvres, 1882, t. VII, p. 507)




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