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Lestrygon
- "M'oses-tu bien encor parler, femelle inique,
- Crocodile trompeur, de qui le cœur félon
- Est pire qu'un satrape ou bien qu'un Lestrygon ?"
- Dépit amoureux, I, 5 (v. 330-332)
L'usage du terme "Lestrygon" dans le cadre d'une accumulation d'injures ressortit à l'origine à un ancien registre tragique, comme en témoignent :
- un vers de La Guisiade de Pierre Matthieu (1589) (1)
- deux vers de La Mariane d'Alexandre Hardy (1625) (2).
Il est repris dans le burlesque, notamment dans deux comédies de Scarron qui figuraient au répertoire de la troupe de Molière :
ainsi que dans
- Le Berger extravagant de Thomas Corneille (1653) (5)
- Le Déniaisé de Gillet de la Tessonerie (1648) (6).
La littérature misogyne du deuxième quart du siècle (7) l'avait déjà utilisé comme terme d'opprobre à l'endroit du sexe féminin.
(1)
- ô Lestrigon! ô Barbare, ô Sarmate !
- (P. Matthieu, La Guisiade, 1589, V)
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(2)
- Ce mâtin carnassier, cette âme déloyale,
- Ce Lestrigon béant au carnage affamé
- (Hardy, La Mariane, 1625, I, 1)
- ô arrêt déloyal, acte de Lestrigon
- (Ibid., V)
--
(3)
- Sépulcre d’os vivants, habitacle du diable,
- Gouvernante d’enfer, épouvantail plâtré
- Dents et crins empruntés et face de châtré !
- (Scarron, Don Japhet d’Arménie, IV, 6)
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(4)
- Ah ! louve ! ah !porque ! ah !chienne ! ah ! braque ! ah ! loup-garou
- (Scarron, Jodelet ou le Maître Valet, III, 8).
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(5)
- Ah beauté lestrygonne,
- Plus fière qu'un aspic et plus qu'une dragonne
- (T. Corneille, Le Berger extravagant, IV, 5 )
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(6)
- PANCRACE :
- […] O Scylle dangereux où je ferai naufrage !
- O bel œil sanguinaire ! Aimable Lestrygon
- Qui surpasses en force et Briare et Typhon
- (Gillet de la Tessonnerie, Le Déniaisé, II, 7).
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(7)
- [I]mpatiences, injures et plaintes, avec les noms de cruel, de Barbare, de Scythe, de Lestrygon, de tigre, ours, lion, perfide, ingrat et peu affectionné, sont de la partie.
- (Ferville, La Méchanceté des femmes, 1618, p. 92)
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