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Lestrygon


"M'oses-tu bien encor parler, femelle inique,
Crocodile trompeur, de qui le cœur félon
Est pire qu'un satrape ou bien qu'un Lestrygon ?"
Dépit amoureux, I, 5 (v. 330-332)

L'usage du terme "Lestrygon" dans le cadre d'une accumulation d'injures ressortit à l'origine à un ancien registre tragique, comme en témoignent :

Il est repris dans le burlesque, notamment dans deux comédies de Scarron qui figuraient au répertoire de la troupe de Molière :

ainsi que dans

La littérature misogyne du deuxième quart du siècle (7) l'avait déjà utilisé comme terme d'opprobre à l'endroit du sexe féminin.


(1)

ô Lestrigon! ô Barbare, ô Sarmate !
(P. Matthieu, La Guisiade, 1589, V)

--

(2)

Ce mâtin carnassier, cette âme déloyale,
Ce Lestrigon béant au carnage affamé
(Hardy, La Mariane, 1625, I, 1)

ô arrêt déloyal, acte de Lestrigon
(Ibid., V)

--

(3)

Sépulcre d’os vivants, habitacle du diable,
Gouvernante d’enfer, épouvantail plâtré
Dents et crins empruntés et face de châtré !
(Scarron, Don Japhet d’Arménie, IV, 6)

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(4)

Ah ! louve ! ah !porque ! ah !chienne ! ah ! braque ! ah ! loup-garou
(Scarron, Jodelet ou le Maître Valet, III, 8).

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(5)

Ah beauté lestrygonne,
Plus fière qu'un aspic et plus qu'une dragonne
(T. Corneille, Le Berger extravagant, IV, 5 )

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(6)

PANCRACE :
[…] O Scylle dangereux où je ferai naufrage !
O bel œil sanguinaire ! Aimable Lestrygon
Qui surpasses en force et Briare et Typhon
(Gillet de la Tessonnerie, Le Déniaisé, II, 7).

--

(7)

[I]mpatiences, injures et plaintes, avec les noms de cruel, de Barbare, de Scythe, de Lestrygon, de tigre, ours, lion, perfide, ingrat et peu affectionné, sont de la partie.
(Ferville, La Méchanceté des femmes, 1618, p. 92)




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