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Les transports d'une passion condamnable


"Je ne demande qu'assez de vie pour pouvoir expier la faute que j'ai faite, et mériter par une austère pénitence le pardon de l'aveuglement où m'ont plongée les transports d'une passion condamnable"
Don Juan ou le Festin de pierre, IV, 6

Des remords semblables étaient exprimés dans la cinquième des Lettres portugaises (1669) :

J'ai vécu longtemps dans un abandonnement et dans une idolâtrie qui me donne de l'horreur, et mon remords me persécute avec une rigueur insupportable, je sens vivement la honte des crimes que vous m' avez fait commettre, et je n'ai plus, hélas ! la passion qui m'empêchait d'en connaître l'énormité.
(p. 172)

Le sermon "Sur l'impureté" de Bourdaloue propose une description de la "passion condamnable" :

Enfin, quelle issue et quel dénouement ordinaire ont ces criminelles intrigues ? La seule vue de l'avenir n'est-elle pas une peine continuelle et toujours présente, quand on se dit à soi-même et qu'on se le dit avec assurance : "Cette passion finira, et le succès le moins fâcheux que j'en puisse attendre, c'est qu'elle finira par quelque chose de désagréable, c'est-à-dire, qu'elle s'usera, et se changera en dégoût : mais ce que j'en dois plus craindre, c'est qu'elle finira par quelque chose de douloureux, par une infidélité qui me désespérera, par une ingratitude qui me consternera, par un mépris qui m'outragera, par une ignominie qui me comblera de confusion, qui me mettra hors d'état de paraître dans le monde dont je serai la fable, qui m'en bannira pour jamais : c'est qu'elle finira sans moi et malgré moi, avant que de finir en moi, et qu'elle ne subsistera dans moi que pour me rendre la vie insupportable, et pour me faire goûter par avance toutes les horreurs de la mort."
(éd. de 1716, p. 132)




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