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Les mêmes libertés


"- Quoi si vous l’épousez elle pourra prétendre
Les mêmes libertés que fille on lui voit prendre ?
- Pourquoi non ? - Vos désirs lui seront complaisans,
Jusques à lui laisser, et mouches, et rubans ?
- Sans doute. - À lui souffrir en cervelle troublée,
De courir tous les bals, et les lieux d’assemblée ?
- Oui vraiment. - Et chez vous iront les damoiseaux ?
- Et quoi donc ? - Qui joueront, et donneront cadeaux ?
- D’accord. - Et votre femme entendra les fleurettes ?
- Fort bien. - Et vous verrez ces visites muguettes,
D’un œil à témoigner de n’en être point saoul ?
- Cela s’entend. - Allez, vous êtes un vieux fou."
L'Ecole des maris, I, 2 (v. 219-230)

On retrouvera un portrait semblable du mari complaisant dans "Le Mari commode", recueilli au sein des Oeuvres de feu Monsieur de Bouillon (1663) :

Qu'à sa femme il soit complaisant,
Que jamais il ne la soupçonne
D'avoir intrigue avec personne.
Qu'elle aille librement au cours,
Qu'elle y fasse cent mille tours,
Et qu'il ne soit jamais en peine
D'approfondir ce qui l'y mène.
Que les messieurs à cheveux blonds
La régalent de violons
Sans qu'il aille se mettre en tête
Que pour elle se fait la fête.
Qu'au bal on lui serre la main,
Qu'elle y soit jusqu'au lendemain
Pour se coucher avec l'aurore
Je veux qu'il dorme et qu'il l'ignore.
S'il vient par hasard un poulet,
Qu'il le prenne pour un billet
De quelque tante ou quelque amie
D'exemplaire et pieuse vie,
Qui la veut mener servir Dieu
En quelque dévot et saint lieu.
Je veux qu'enfin cet homme sage
Ne conçoive jamais d'ombrage,
Et qu'avecque facilité
Il tourne tout du bon côté.
(p. 34-35)




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