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Les honteux larcins


"Va, va restituer tous les honteux larcins
Que réclament sur toi les Grecs et les Latins.
Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse,
D'avoir fait à tes vers estropier Horace."
Les Femmes savantes, III, 3 (v. 1019-1022)

Le personnage de Ménage (Géname) était accusé de pratiquer le plagiat

L'auteur de la Satire des satires (1666) accusait Boileau du même travers (5)

Le principe du plagiat est dénoncé par La Mothe le Vayer dans l'homélie académique "Contre les plagiaires" (Homélies académiques, 1664), ainsi que

et dans

ainsi que dans

Ménage avait défendu le principe de ce genre d'emprunts dans le commentaire de son édition des Poésies de M. de Malherbe (1666) (12)


(1)

Il me semble que je m'acquite en partie de ce que je lui dois, quand je daigne écouter ou lire ce que disent ou écrivent ses ennemis. Ils font un grief de son savoir et le blâment d'être trop habile, et l'accusent d'avoir extrêmement lu les auteurs anciens et modernes
(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. I, p. 127)

(2)

On a fait le déménagement de Ménage et l'inventaire de ses livres, par un fripier de Saint Jean de Latran. Plusieurs pièces volées par Ménage, tant aux anciens qu'aux modernes, ont été revendiquées de la part des Muses, par le Recteur de l'Université et le Directeur de l'Académie française. Cependant, il faut avouer que
Ce galant homme est homme sage,
Lui qui ne vit que de pillage ;
Afin de cacher ses larcins,
Se loge dans les Quinze-Vingts.

(p. 22)

ORDONNANCE
Ménage pédant authentique,
Et plagiaire magnifique ;
Lors que la vanité vous perd,
Ne prenez point tant d'ellébore.
(p. 23)

MENAGE COPISTE
Les ouvrages du vieux Ménage,
Soit grecs, soit latins, soit français,
Nous sont donnés avecque choix,
Sont polis et du bel usage.
Si vous me demandez pourquoi ;
Il fait toujours parler quelque grand personnage.
Et ne dit jamais rien de soi.
(p. 26)

MENAGE PILLEUR
Ménage prend à toutes mains,
Pille Français, Grecs et Romains ;
De Ménage, ni de sa lyre,
Je ne donnerais pas un clou :
Et cependant ce maître fou
Se croit être savant à cause qu'il sait lire.
(p. 28)

MENAGE LIBERAL
Ce picoreur grec et latin,
La tigne des auteurs Ménage ;
Va chercher partout du butin ;
Et puis comme un grand personnage,
Il vous fait tous les jours festin,
Non du sien, mais de son pillage :
Est-ce profusion, Cotin? est-ce Ménage.
(p. 29)

MENAGE AUTORISE
Ménage a ce malheur extrême,
De ne rien dire de lui-même ;
Mais ce qu'il dit est bien cité,
Proprement, avec élégance ;
Et s'il n'est homme d'importance,
Il est homme d'autorité.
(p. 30)

SUPPLICATION
Ménage encore un coup de bec,
L'ignorant qui te met au rang des hommes rares,
Ne sait pas que tu prends du latin et du grec,
Ce que tu donnes aux barbares.
(p. 39)

Il lui sera toujours permis de lire, s'il ne lui est pas donné de rien composer. Il sait quantité de langues, et
La lecture a de doux appas,
Elle est plaisante, elle est utile ;
Ménage en fait son grand repas,
Quand il ne dîne point en ville.

(p. 48)

On crie dans Paris les lamentations des Miscellanéens sur le trépas de Ménage. Les Miscellanéens sont certains peuples ramassés en dépit de la nature, qui ne vivent que de vols et de brigandages. Les rivières ni les mers ne peuvent arrêter leurs courses, les Alpes et les Pyrénées ne leur peuvent fermer le passage : ils habitent la ville de Dupes, et sacrifient à Mercure.
Feu Ménage de ridicule mémoire, passait parmi eux pour leur patriarche, comme il se voit au code du droit moderne, au titre des adoptions.
(p. 59-60)

Que le vieux Ménage est peu fin
Que son larcin est ridicule :
Prendre une épigramme à Catulle,
C'est voler sur le grand chemin.
(éd. de La Haye, p. 18-19)

(3)

Mais comme dans vos poésies latines, on y reconnaît Catulle, Tibulle, Properce, Ovide, Virgile et tous les autres : il arrive la même chose en votre églogue. Car vous m'avouerez que si Mrs. de Malherbe, de Racan, Godeau, Corneille et Chapelain, y avaient pris ce qui leur appartient, il y resterait très peu de choses. Tant vous savez bien, Monsieur, l'art de mêler les styles différents, et de joindre les pensées de divers auteurs ensemble. Aussi, pour ne vous en point mentir, d'abord que je la lus, je crus que vous aviez envie de faire un centon ; mais quand j'eus pris garde que vous n'aviez point mis à la marge les noms des auteurs, dont vous aviez tiré la plupart de vos vers, je m'aperçus bien de votre dessein, et que vous aviez voulu vous les approprier. Et en cela vous ne faites que suivre ce que dit Sénèque, Quid enim prohibet alienis ex parte qua nostra sunt, uti? Mais, Monsieur, ce n'est pas d'aujourd'hui que vous possédez un si beau talent. Il y a déjà longtemps que vos Origines françaises, et vos Oeuvres diverses ont donné à toute la France un témoignage illustre de cette vérité. Et tout le monde en est tellement convaincu, qu'il court déjà un bruit, que dans vos Remarques sur l'Amynthe, il n'y a pas un seul mot qui soit de vous. C'est à mon avis ce qui a donné occasion à votre bon ami, Mr. Costar, de vous dire, qu'il semblait que vous eussiez été de tous les siècles et de tous les règnes. Car il est certain qu'on voit dans vos ouvrages des pensées et des styles de tous les temps. De sorte que comme vous seriez bien fâché d'avoir rien fait sans autorité, vous avez pris des autres jusqu'à l'art de dérober les autres. Vous savez que Lipse a trouvé cette belle invention devant vous, et que dans son livre des Politiques, il n'y a que les points et les virgules qui lui appartiennent. On peut dire néanmoins à votre avantage, que vous avez été beaucoup plus loin que lui. Car vous avez adopté des livres entiers, qui est quelque chose de plus excellent et de plus rare. Et c'est pour cela, que lorsqu'on me dit, que vous vous vantiez d'avoir fait mon Epictète, je répondis seulement,
MENAGE ce pauvre poète
Dit qu'il a fait mon Epictète,
Ce n'est pas chose étrange en lui,
D'adopter les oeuvres d'autrui.

Et cette vertu vous est si particulière, que m'étant rencontré l'autre jour dans une compagnie de fort honnêtes gens, où vos oeuvres étaient le sujet de la conversation ; comme quelque personne eut assuré que vous aviez entrepris de faire imprimer un volume de toutes les pièces qui avaient été faites à l'honneur de la reine de Suède ; il y eut un galant homme qui dit qu'il semblait que vous eussiez pris à tâche de faire imprimer tous les ouvrages d'autrui.
(p. 8-11)

Vous ne faites pas comme ce galant homme de votre connaissance, qui prend quelquefois Cicéron pour Brutus. Qui met les passages des auteurs en pièces et par lambeaux, qui les écorche et les défigure de telle sorte, qu'ils ne sont pas reconnaissables. Pour vous, vous n'êtes pas si inhumain. Quand vous prenez quelque pièce, vous la prenez toute entière, et la laissez comme elle est. Même, pour peu qu'elle vous plaise, vous concevez aussitôt des sentiments de père pour elle, et ne manquez pas de l'adopter. Aussi Mr. pendant que votre ami s'amuse en cachette à détruire les restes de quelques vieux édifices, vous pillez ouvertement des provinces toutes entières. Voilà ce qu'on appelle proprement être un brave auteur. Continuez toujours ces illustres brigandages. Enrichissez-vous des dépouilles des nations étrangères. Etendez vos conquêtes jusqu'aux Hébreux et aux Arabes, si vous pouvez ; et n'épargnez non plus les Espagnols, que vous avez épargné les Grecs, les Latins, les Italiens et les Français.
(p. 26)

Cela me fait souvenir d'un bon mot de feu l'illustre Monsieur le Pailleur ; qui vous dit, après que vous eûtes entretenu des dames fort longtemps des sentences et des apophtegmes des Anciens, Il y a, Mr., deux heures entières, que vous nous parlez de ce qu'ont fait les autres. Y a-t-il espérance que vous nous direz à la fin quelque chose de vous?
(p. 34)

(4)

II s'est si bien accoutumé à dérober les auteurs que dans la compilation qu'il a faite des oeuvres de Sarrazin, il lui a même donné des chansons qu'il ne fit jamais. En voici une entre autres qu'il a volée à Mademoiselle O***.

Cinq ou six bons mots, cinq ou six fleurettes
Cinq ou six hélas, je meurs d'amour!
Cinq ou six fois chaque jour
Hanter cinq ou six coquettes,
Dépenser cinq ou six mille écus;
On fait cinq ou six maris.

Pardonnons lui, dit Oronte, ce petit vol. C'est peut-être le seul qu'il ait jamais fait sur les dames et d'ailleurs le profit n'en demeure qu'à Sarrazin. Mais par quelle fatalité faut-il que nous retombions toujours sur cet homme ? et d'où vient qu'il se trouve mêlé partout ? S'il prend fantaisie à Apollon de tenir ses Grands Jours, j'ai grand peur pour lui; et l'on pourrait bien en cette rencontre le traiter comme l'oiseau de la fable.
(éd. de 1751, p. 219)

(5)

Qu'on ne m'accuse point de caprice ou de haine !
La simple vérité coule avecque ma veine :
Je dis mon sentiment, je ne suis point menteur,
J'appelle Horace Horace, et BOILEAU traducteur .
Si vous voulez savoir la manière de l'homme,
Il applique à Paris ce qu'il a lu de Rome ;
Ce qu'il dit en français, il le doit au latin,
Et ne fait pas un vers qu'il ne fasse un larcin :
Si le bon Juvénal était mort sans écrire,
Le malin DESPREAUX n'eût point fait de satire,
Et s'il ne disait rien que ce qui vient de lui,
Il ne pourrait jamais rien dire contre autrui .

(6)

Ce que celui-ci a de meilleur, parce qu'il n'est pas de lui, ne laisse pas de dégoûter, à cause de sa mauvaise manière de débiter ce qu'il tient des autres. Il les transcrit plutôt qu'il n'écrit, et sa plume est simplement un canal, qui vomit la liqueur telle qu'il l'a reçue, sans lui rien communiquer du sien que son impertinente application, accompagnée de quelque méchante pointe. Componimenti si fatti sono libidini del genio non parti del ingenio. Si pecca cosi, non si scrive. Je ne blâme ni les citations, ni l'adresse à se prévaloir des pensées de ceux, qui nous ont précédés. Il y a plus de deux mille ans que le plus ancien des orateurs grecs a déclaré, que c'était la plus courte voie pour réussir dans toutes sortes de compositions ; ce qui doit être bien plus véritable aujourd'hui, que nous avons recueilli, comme par droit de succession, les sentiments de tant de grands personnages, qui ont été depuis lui. Comme tous les animaux ne ruminent pas, tous les esprits ne sont pas capables d'une profonde méditation, sans quoi il ne peuvent rien produire de leur chef ; et peu de personnes peuvent imiter l'aigle, s'il est vrai, qu'il ne se nourrisse que de sa propre proie ; sans jamais toucher à celle des autres. Mais encore faut-il contribuer quelque chose du sien, et assaisonner ce qu'on tient d'autrui de telle sorte, qu'on lui donne une grâce, qui ait quelque air de la nouveauté. Autrement c'est être voleur, et plagiaire de dérober comme fait celui-ci.
(éd. des Oeuvres de 1756, VII, 1, p. 131-132)

(7)

Ce défaut procède indubitablement de ses fréquents larcins, que vous y avez observé, où il s'est voulu attribuer grossièrement et de mauvaise foi ce qu'il tient des autres, sans jamais nommer personne. Il les entasse comme siens sans jugement, et avec si peu d'adresse, qu'on remarque toujours, avec le vol qu'il fait, son ingratitude, et la mauvaise intention qu'il a, de se parer du bien d'autrui sans reconnaissance.
(VII, 1, p. 198)

(8)

Autant qu'une belle imitation est louable, le crime de plagiaire, contre lequel j'ai si souvent déclamé, est tout à fait diffamant. Le surnom de klattès ou de larron, que Mercure, comme dieu du bien dire, a reçu, ne lui a pas été donné pour autoriser de semblables larcins ; ç'a été seulement pour faire comprendre qu'un diseur éloquent et persuasif est capable de nous surprendre, et de se rendre insensiblement maître de nos affections. En effet, l'on peut dérober à la façon des abeilles, sans faire de tort à personne ; mais le vol de la fourmi, qui enlève le grain entier, ne doit jamais être imité. Je sais bien que le cinquième livre des Saturnales de Macrobe fait voir avec quelle hardiesse Virgile a pillé sur les Grecs la plupart de ses poésies et que le sixième met en évidence ce qu'il a même volé aux Latins, prenant des vers entiers ou des hémistiches tantôt à Ennius ou à Lucrèce, tantôt à Catulle et à plusieurs encore, se parant ainsi des plumes d'autrui. Il n'y a pourtant point d'exemple qui puisse justifier un larcin honteux, principalement s'il se fait sur des auteurs du temps s'attribuant injustement et avec impudence leur travail et leur industrie. Prendre des Anciens et faire son profit de ce qu'ils ont écrit, c'est comme pirater au-delà de la ligne ; mais voler ceux de son siècle, en s'appropriant leurs pensées, c'est tirer la laine au coin des rues, c'est ôter les manteaux sur le Pont-Neuf. Jamais Aristote ne put souffrir qu'on fît auteur de ses livres de Rhétorique son disciple Théodocle ; ce qui obligea le maître à les citer lui-même comme les siens, selon la remarque de Valère Maxime. Sans mentir, l'effronterie est extrême de prendre le bien d'autrui de la sorte, sans lui en passer une petite reconnaissance en le nommant ; et c'est une chose étonnante, comme en parle Pline l'aîné, qu'il se trouve des gens qui aiment mieux deprehendi in furto quam mutuum reddere. J'épargnerai les personnes vivantes, pour observer seulement après Vossius, que Jules Scaliger est fort répréhensible, d'avoir écrit mille choses, prises de l'Afrique de Jean Léon sans jamais le citer.
(VII, 2, p. 141-143)

(9)

Il faut pourtant que j'ajoute un mot à ce que j'ai dit dans le même ouvrage touchant les citations, puisqu'il s'est trouvé des gens que l'amour propre rend si contraires à l'honneur qu'on rend aux Anciens en les alléguant. Aristote remarque fort bien dans ses Topiques, que la plupart des hommes font mine de n'être pas laborieux, afin de paraître plus spirituels en ce qu'ils font. Voilà le fondement de la peine que plusieurs prennent de déguiser comme un larcin ce qu'ils prennent des Anciens, croyant qu'il leur est plus glorieux de paraître avec beaucoup de naturel, qu'avec beaucoup d'acquis. J'avoue qu'il n'est pas impossible que diverses personnes ne tombent dans de mêmes sentiments sur un même sujet : et que comme les terres produisent en des lieux fort éloignés de situation, de semblables métaux, et des plantes de pareille espèce ; il peut encore arriver que divers esprits se rencontreront dans de mêmes pensées, et formeront de mêmes raisonnements, sans se les être communiqués les uns aux autres. Mais il ne laisse pas aussi d'être véritable, que le plus grand nombre de ceux qui paraissent si ennemis des citations et des autorités dont ils ne se servent jamais, sont portés d'une vanité pareille à celle qu'avait Epicure, qui n'écrivit pas moins de trois cents volumes sans faire aucune allégation, à dessein de se montrer tel qu'il se disait être, autodidatie, et sans avoir reçu instruction de personne. Or quoi qu'il y ait de certaines compositions, comme nous l'avons observé, où cette façon d'écrire en s'appuyant sur les Anciens, principalement lors qu'on produit leur textes, serait très vicieuse : il s'en trouve d'autres au contraire, telles que sont les dogmatiques ou instructives, qui ne peuvent être traitées autrement qu'avec un notable préjudice. Qu'on lise ce qu'ont fait Cicéron, Sénèque, et Plutarque, de philosophique, il n'y a page où les noms et les sentiments de tous ces grands hommes qui les avaient précédés ne soient rapportés. Et certes l'affectation de n'exposer au jour que ce qui est nouveau et de son cru, est fort ridicule, rien ne pouvant être dit, surtout en ce genre de lettres, qui ne l'ait été auparavant.
(II, 2, p. 514-515)

(10)

SUR UN LIVRE NOUVEAU DE RHAPSODIES

A cent particuliers ce qu'Eraste osa prendre,
Au public il vient de le rendre.
(p. 162)

Des ouvrages d'autrui quand on fait un ouvrage,
Et qu'aux yeux du public on vient à l'étaler,
A proprement parler,
Cette façon d'agir n'est pas un brigandage,
Aux auteurs prendre ainsi ce n'est point les voler,
C'est les renouveler.
(p. 164)

D'UN RHAPSODISTE

L'autre jour, que sur le Parnasse
Les vers étaient en grand crédit,
Le poète Claude vendit
De certains vieux lambeaux d'Horace,
Et s'en fit faire un bon habit.
(p. 181)

QU'IL NE PREND RIEN AUX ANCIENS

Si je fais par rencontre une assez bonne pièce,
L'Antiquité me dit, d'un ton apesanti,
Que je vais la piller jusqu'au pays de Grèce.
Sans le respect de la vieillesse
Je dirais qu'elle en a menti.
(p. 225)

(11)

Il avait la sotte vanité de se piquer d’éloquence, et de trancher du bel esprit, quoique toutes les beautés de ses ouvrages fussent pillées dans quelque ancien auteur, et même souvent dans quelque livre moderne.
(éd. s. l. n. d., p. 158)

Outre tout cela, reprit Damon, un voleur de pensées est tout à fait criminel, et devrait être rigoureusement puni par la Justice, car tous ceux qui ont mis leurs écrits au jour, n’ont travaillé que pour leur propre gloire, et n’ont employé leurs veilles que pour tâcher de s’acquérir cette admiration qui immortalise les grands génies, et par conséquent celui qui pille leurs pensées, et dérobe leurs expressions, ne peut passer que pour criminel, puisqu’il dérobe leur gloire, en dérobant ce qui la fait acquérir
(ibid., p. 161)

(12)

On peut juger combien sont injustes et ridicules, ceux qui décrient aujourd'hui les poèmes les plus achevés, pour y avoir rencontré quelques hémistiches des Anciens, qui, à proprement parler, ne sont que des phrases du langage poétique. Et en cela ils sont d'autant plus injustes et d'autant plus ridicules, qu'il est permis aux poètes de prendre des Anciens des vers entiers. Les Grecs et les Latins, et les Italiens qui ne cèdent de guère aux Grecs et aux Latins, en ont tous usé de la sorte. Et c'est aussi de la sorte qu'il en faut user, comme je le ferai voir dans ma Dissertation du larcin et de l'imitation des poètes .
(p. 256-257)




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