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Les femmes y sont faites à coqueter


"Mais pour ceux que du nom de galants on baptise,
Ils ont en ce pays de quoi se contenter,
Car les femmes y sont faites à coqueter :
On trouve d'humeur douce et la brune et la blonde,
Et les maris aussi les plus bénins du monde."
L'Ecole des femmes, I, 4, v. 291-296

Cette description du "pays des galants" faite par un observateur qui se veut extérieur n'est pas sans évoquer le ton de la Relation du Royaume de coquetterie de l'abbé d'Aubignac :

La curiosité de voir les terres et les nations éloignées m' ayant fait embarquer au port de Touvent, nous fîmes une route assez heureuse durant quelques jours ; mais en nous éloignant des dernières côtes de l' Afrique, nous tombâmes dans des courants que les pilotes ne connaissaient point ; et ne pouvant pas résister à leur impétuosité, nous fûmes emportés auprès d'une île qui n'avoit point encore été découverte, et qui n'est point marquée sur les cartes marines. D'abord nous y vîmes tant de coqs et de gélinotes de tout plumage, que nous en prîmes sujet de la nommer l'île des coquets. En quoi nous rencontrâmes assez bien, parce que la ville capitale se nomme coquetterie, et le prince qui la gouverne, l'amour-coquet.
(Histoire du temps, ou relation du royaume de coquetterie, 1654, p. 309-310)

L'amour-coquet, qui règne sur tous les peuples de ce pays , est un prince jeune, et qui ne vieillit jamais ; aussi ne reçoit-il en son état aucuns vieillards que pour en faire le jouet des compagnies ; il fait tous ses desseins à la volée, et ne prend jamais conseil. On tient qu'il est frère de l'amour, ce souverain des monarques, qui tient sous sa puissance les éléments et les cieux, mais frère bâtard, enfant de la nature, et du désordre, et qu'il en a mal à propos usurpé le nom et les armes. Aussi est-il vrai que ses affaires sont plus mêlées d'intérêt que d'affection, et les déréglements de la débauche y sont plus approuvés que la conduite de la raison. A l'entrée de la ville capitale est une place nommée cajolerie, ouverte de tous côtés et qu'on a rendue spacieuse par la ruine d'un vieux temple de la pudeur, qu'autrefois on y avait bâti.
(Ibid., p. 311-312)




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