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Les encens qu'aux miens seuls on doit rendre


"Après m'avoir sur terre enlevé mes honneurs,
Après que vos traits suborneurs
Ont reçu les encens qu'aux miens seuls on doit rendre?"
Psyché, acte IV, scène 5, vv. 1598-1600.

L’observance rigoureuse des rites telle que la revendique Vénus correspond à la définition de la superstition proposée dans le traité De la sagesse (1601) de Pierre Charron :

Pour savoir quelle est la vraie piété, il faut premièrement la séparer de la fausse, feinte et contrefaite, afin de n’équivoquer comme la plupart du monde fait […]. Or les notables différences entre les deux font que la religion aime et honore Dieu, met l’homme en paix et en repos, et loge en une âme libre, franche et généreuse ; la superstition craint, tremble et injure Dieu, trouble l’homme et est maladie d’âme faible, vile et peureuse […]. Le superstitieux ne laisse vivre en paix ni Dieu, ni les hommes ; il appréhende Dieu, chagrin, dépiteur, difficile à contenter, facile à courroucer, long à s’apaiser, examinant nos actions à la façon humaine d’un juge bien sévère, épiant et nous guettant au pas ; ce qu’il témoigne assez par ses façons de le servir, qui est tout de même. Il tremble de peur, il ne peut bien se fier ni s’assurer, craignant de n’avoir jamais assez bien fait, et avoir commis quelque chose pour laquelle omission tout peut-être ne vaudra rien ; il doute si Dieu est content, se met en peine de le flatter pour l’apaiser et le gagner, l’importune de prières, vœux, offrandes, se feint des miracles […].
(édition de 1672, livre II, chap. V, pp. 330-332)




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