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Les douces libertés que l'âge me permet


"Je veux jouir, s'il vous plaît, de quelque nombre de beaux jours que m'offre la jeunesse; prendre les douces libertés, que l'âge me permet, voir un peu le beau monde, et goûter le plaisir de m'ouïr dire des douceurs."
Georges Dandin, II, 2

Le principe de la liberté féminine, qui autorise une femme "à recevoir le monde toujours prête", à "courir tous les bals et les lieux d'assemblée", était débattu sur le mode ironique dans le texte "Pour ou contre l'amitié tendre hors le mariage" (Oeuvres diverses, 1663) de Charles Sorel :

Encore qu'une femme ait un ménage à gouverner et à rendre des devoirs à un mari, elle peut recevoir les visites des honnêtes gens, et particulièrement de ceux qu'elle estime le plus, et qui lui ont toujours été amis. Cependant on tient pour l'ordinaire qu'une honnête femme ne doit point avoir d'autres amis que ceux que son mari approuve, et que toute la tendresse des amitiés, doit céder à l'amitié conjugale. Je l'accorderai facilement, néanmoins il faut considérer, que si une femme a été mariée contre son gré à un homme qui ne lui a jamais plu, et qu'elle regarde comme un monstre né pour sa ruine, auquel on l'a attachée par une sévère loi, il sera malaisé qu'elle quitte ses premières inclinations, ou qu'elle s'empêche d'en avoir de nouvelles : de vrai, c'est une question fort délicate, de juger comment ces affections externes peuvent subsister légitimement avec celle qu'une femme est obligée d'avoir pour celui qui lui a été donné pour époux, c'est à dire pour chef de leur société, et pour seigneur et compagnon dans le passage de la vie.
(p. 155-156)

Il avait été également évoqué amplement dans un texte intitulé "L'Ennemi du mariage", recueilli dans les Délices de la poésie galante (1664) (voir p. 246 et suiv.)




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