Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Les désordres criminels de la vie que j'ai menée


"Vous me voyez revenu de toutes mes erreurs, je ne suis plus le même d'hier au soir, et le Ciel tout d'un coup a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde. Il a touché mon âme, et dessillé mes yeux, et je regarde avec horreur le long aveuglement où j'ai été, et les désordres criminels de la vie que j'ai menée. J'en repasse dans mon esprit toutes les abominations, et m'étonne comme le Ciel les a pu souffrir si longtemps, et n'a pas vingt fois sur ma tête laissé tomber les coups de sa justice redoutable."
Don Juan ou le Festin de pierre, V, 1

Le sermon "Sur l'intégrité de la pénitence", prêché par Bossuet lors du Carême du Louvre de 1662 avait rappelé que la reconnaissance de ses désordres passés est la première étape de la conversion :

De là, Messieurs, nous pouvons apprendre trois dispositions excellentes, sans lesquelles la pénitence est infructueuse. Avant que de confesser nos péchés, nous devons être affligés de nos désordres.
(p. 481)

C'est une règle de justice que l'équité même a dictée, que le pécheur doit rentrer dans son état pour se rendre capable d'en sortir. Le véritable état du pécheur, c'est un état de confusion et de honte. Car il est juste et très juste que celui qui fait mal soit confondu ; que celui qui a trop osé soit couvert de honte ; que celui qui est ingrat n'ose paraître ; enfin que le pécheur soit déshonoré, non seulement par les autres, mais par lui-même, par la rougeur de son front, par la confusion de sa face, par le tremblement de sa conscience.
(p. 487-488)

Voici l'oracle de la justice qui lui crie : Rentre en toi-même, pécheur, rentre en ton état de honte ; tu veux cacher ton péché, et Dieu t'ordonne de le confesser ; tu veux excuser ton péché, et bien loin d'écouter ces vaines excuses, Dieu t'ordonne d'en exposer toutes les circonstances aggravantes ; tu oses soutenir ton péché, et Dieu t'ordonne de te soumettre à toutes les humiliations qu'il a méritées : « Confonds-toi, confonds-toi, dit le Seigneur, et porte ton ignominie : » Ergo et tu confundere, et porta ignominiam tuam.
(p. 489)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs