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Les choses changent de nom

"Lorsque dans un haut rang on a l'heur de paraître,

Tout ce qu'on fait est toujours bel et bon;

Et suivant ce qu'on peut être,

Les choses changent de nom."

Amphitryon, Prologue, v. 126-131

Deux vers du monologue de Mercure ouvrant la comédie Les Sosies de Rotrou énonçaient la même idée :

Le rang des vicieux ôte la honte aux vices,

Et donne de beaux noms à de honteux offices.

(I, 1)

La Mothe le Vayer s'était arrêté à cette considération dans son dialogue "De la philosophie sceptique" (Dialogues faits à l'imitation des Anciens, s. d.) :

Il est glorieux et honorable d'être grand pirate, pourvu qu'on soit Alexandre le Grand sacrilegia minuta puniuntur, magna in triumphis feruntur;[...] Il n'y a vice qui par sa grandeur ne dégénère ainsi en vertu, extrema sceleris virtus occupat : faire assassiner un homme, c'est être un infâme homicide, en faire égorger cent mille, c'est une action héroïque. Entreprendre sur les terres de son voisin et se vouloir approprier son héritage, c'est une violence des plus injustes; enlever un état entier et se faire maître d'un royaume avec quelque force ou perfidie que ce soit, c'est la gloire d'un conquérant et le métier des demi-dieux de nos histoires. [...] Mentir sciemment dans le commerce ordinaire des hommes, c'est trahir la société par une action des plus honteuses et des plus méchantes; mentir aux affaires d'état, in ipso capitiolio fallere ac fulminantem pejerare lovem, s'il y va des intérêts d'une couronne, c'est à un souverain entendre son métier et savoir régner, à un ministre être habile négociateur et excellent politique.

(p. 43-45)

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