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Les Allemands, curieux lecteurs et inspectateurs


"les Allemands, curieux lecteurs et inspectateurs desdites inscriptions"
Les Fâcheux, III, 2


(1)

EN SAVOIR

L'Allemand, comme un pédant
(Carte géographique de la Cour et autres galanteries, Cologne, P. Marteau, 1668, p. 51)

EN REPAS

L'Allemand, ivrogne
(Ibid., p. 52)

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(2)

Dans la Muse Historique, Lettre 29 du samedi 24 juillet 1660, Loret explique que tout le royaume est en fête depuis le mariage du roi. Des Seigneurs Allemands, présents à la fête, ont donné un feu d’artifice pour l’occasion :

Ce n’est pas, seulement, la France
Qui se plonge en réjouissance
En faveur des succès heureux
De notre Monarque amoureux :
L’autre jour au bord de la Seine,
Quatre, de nation Germaine,
C’est-à-dire quatre Allemands,
De bonne humeur, galants, charmants,
Tous quatre de Maisons fort nobles,
Et, tous quatre, aimant les vignobles,
Au son des tambours et clairons,
Qui plurent, fort, aux environs,
Durant un soir assez propice,
Firent un beau Feu d’artifice
Parfaitement bien inventé,
Et dont la durable clarté
Extrêmement ingénieuse,
Parut dans l’air fort lumineuse,
Et, bref, dont vingt mille spectateurs
Louèrent cent fois les auteurs.
(v.113-128)

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(3)

Cherchant à enhardir les Allemands devant la menace d'invasion que de récentes offensives ottomanes en Hongrie font planer sur Vienne, Loret appuie volontairement, dans sa Lettre XXX du 5 août 1664 ("Subtile"), sur les différences irréconciliables entre les deux peuples ici confrontés :

Défendez contre ces Gens durs
Vos passages, vos champs, vos murs,
Défendez contre ces Soudrilles
Vos biens, vos femmes et vos filles ;
Contre leur barbare fureur
Défendez bien votre Empereur ;
Gardez que ces pendards insignes
N'arrachent vos aimables vignes ;
Ces Gens dignes d'être brisés
Vous sont doublement opposés ;
Avec ces adverses Parties
Vous n'avez nulles sympathies ;
Le vin pour eux n'a point d'appas,
Et vous ne le haïssez pas.

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(4)

L'ALLEMAND :
Je n'approuve pas [...] la coutume que vous avez en Angleterre de n'y point mettre d'inscriptions, comme on fait à Paris et ailleurs : AU LION NOIR, A L'OURS, etc..; au grand détriment de nos compatriotes amateurs de votre langue, qui, considérant les enseignes, pourraient apprendre plusieurs mots nécessaires.
(Sir Politick Would be III, 2, 1705, p. 296)
(source : Q. Hope, "Molière and Saint-Evremond", PMLA, Vol. 76, No. 3, Juin 1961, p. 204)

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(5)

"Il y a proche des Mosquées deux sortes de fontaines, les unes sont pour se laver, et les autres pour boire. Les premières sont des robinets que chacun peut ouvrir, ainsi que bon lui semble pour se laver ou pour boire, puisque l'eau en est toujours fort nette et très bonne : mais les secondes sont des petits pots et tasses fort propres, de cuivre étamé qu'un homme gagé pour cela entretient et distribue pleins d'eau fraîche à ceux qui veulent éteindre leur soif. Si l'inclination des Turcs répondait à celle des Allemands, et que l'usage du vin fût permis par leur Loi, ils auraient plutôt fondé proche de leurs Tombeaux des Hôtelleries où l'on se pût gratuitement désaltérer, que des sebilkanas ou cabarets d'eau douce, comme on en voit en Turquie proche des Sépultures de la plupart des Grand Seigneurs, et entre autres proches de Sainte-Sophie au renvoi Q de la partie Méridionale [Grelot renvoie ici à un dessin de la mosquée, exécuté par lui, et sur lequel il a disposé des lettres]."
(Relation nouvelle d'un voyage à Constantinople, Paris, P. Rocolet, Veuve D. Foucault, 1680, p. 145-146).

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(6)

"Cette sobriété qui n'accommoderait pas un Anglais pour la viande, non plus qu'un Allemand pour le vin, n'incommode jamais un Mahométan, soit à la guerre, soit à la maison."
(Ibid., p. 302-303).

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(7)

"Nous trouvâmes dans la prairie un petit ruisseau que nous suivîmes avec plaisir. Nous remontâmes contre son cours ; car nous nous doutions bien où il nous conduisait. Il nous mena sur les bords de la fameuse Fontaine Enneacrunos, appelée dans les premiers temps Callirhoé. Elle est bien déchue de son ancienne magnificence. Au lieu de neuf tuyaux que Pisistrate y fit faire, elle n'a pas même d'autre bassin que le gazon de la prairie. Je courus goûter de son eau que je trouvai admirable ; et nos Allemands, malgré le génie de leur Nation, ne regardèrent pas seulement les Phiaskis [sic.] de vin de Lépante que notre Janissaire avait fait mettre sur ses bords ; ils burent de l'eau comme moi."
(Athènes ancienne et nouvelle, et l'état présent de l'Empire des Turcs, contenant la vie du sultan Mahomet IV, le Ministère de Coprogli Achmet [sic.] Pacha, Grand Vizir, et son Campement devant Candie. Avec le Plan de la Ville d'Athènes, Paris, E. Michallet, 1675, p. 308-309).




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