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Le soleil semble s'être oublié dans les cieux


"Je n'ai jamais trouvé de jour plus ennuyeux :
Le soleil semble s'être oublié dans les cieux ;
Et jusqu'au lit qui doit recevoir sa lumière
Je vois rester encore une telle carrière,
Que je crois que jamais il ne l'achèvera
Et que de sa lenteur mon âme enragera.
Dépit amoureux, V, 2 (v. 1503-1508)

Ce passage est un souvenir de L'Amphitryon de Plaute (1), traduit par Marolles en 1658 (2), et dont s'étaient déjà inspirés

(Voir également "la lanterne").


(1)

Hac credo noctu Nocturnum ego obdormivisse ebrium
Nam neque se Septentriones quoquam in caelo commovent,
Neque se Luna quoquam mutat atque uti exorta est semel.
Nec Iugulae, neque Vesperugo, Vergiliae neque occidunt.
Ita statim stant signa : neque nox quoquam concedit die.
(Plaute, Amphitryon, I, 1, v. 116-120)

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(2)

[J]e ne puis douter que cette nuit, le Dieu nocturne ne se soit endormi, pour avoir trop bu : car ni les Etoiles du Septentrion ne se meuvent point dans le Ciel, ni la Lune ne change point de place : Elle demeure au même état qu’elle s’est montrée à son lever : Et les Etoiles d’Orion, de Vénus et des Pléiades, ne s’abaissent point vers l’Occident, tant les signes célestes me paraissent demeurer fixes en même lieu ; de sorte qu’il semble que la nuit ne veut point céder sa place au jour.
( Plaute, Amphitryon, I, 1, v. 116-120, trad. Marolles, 1658).

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(3)

Mais jamais le soleil ne fit un si long tour ;
Quelque heureux qu’il nous fut, il me fut une année,
Car je ne mangeai point de toute la journée
(Rotrou, Les Sosies, I, 3, v. 237-239)

Par quelle ivrognerie, ou quel plaisant caprice,
A le Dieu de la nuit oublié son office ?
Il semble que ces feux, cloués au firmament,
Contre leur naturel n’aient plus de mouvement,
Je ne vois dévaler dans leur grotte liquide,
Orion, ni Vesper, ni les Sept Atlantides :
La Lune semble fixe, et jamais le Soleil
Si leur court est si lent, ne rompra son sommeil.
(Ibid., v. 254-261)

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(4)

La nuit qui verse à pleines mains
Ses doux pavots sur les humains
Fait sommeiller le bruit et ronfler la tristesse.
Et le soleil, ce grand falot
Est allé plus vite qu'au trot
Chez Thetis son hôtesse
Dormir comme un sabot.
(Quinault, La Comédie sans comédie, I, 1)




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