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Le soleil semble s'être oublié dans les cieux
- "Je n'ai jamais trouvé de jour plus ennuyeux :
- Le soleil semble s'être oublié dans les cieux ;
- Et jusqu'au lit qui doit recevoir sa lumière
- Je vois rester encore une telle carrière,
- Que je crois que jamais il ne l'achèvera
- Et que de sa lenteur mon âme enragera.
- Dépit amoureux, V, 2 (v. 1503-1508)
Ce passage est un souvenir de L'Amphitryon de Plaute (1), traduit par Marolles en 1658 (2), et dont s'étaient déjà inspirés
- Rotrou dans Les Sosies (1636) (3)
- Quinault dans La Comédie sans comédie (1657) (4).
(Voir également "la lanterne").
(1)
- Hac credo noctu Nocturnum ego obdormivisse ebrium
- Nam neque se Septentriones quoquam in caelo commovent,
- Neque se Luna quoquam mutat atque uti exorta est semel.
- Nec Iugulae, neque Vesperugo, Vergiliae neque occidunt.
- Ita statim stant signa : neque nox quoquam concedit die.
- (Plaute, Amphitryon, I, 1, v. 116-120)
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(2)
- [J]e ne puis douter que cette nuit, le Dieu nocturne ne se soit endormi, pour avoir trop bu : car ni les Etoiles du Septentrion ne se meuvent point dans le Ciel, ni la Lune ne change point de place : Elle demeure au même état qu’elle s’est montrée à son lever : Et les Etoiles d’Orion, de Vénus et des Pléiades, ne s’abaissent point vers l’Occident, tant les signes célestes me paraissent demeurer fixes en même lieu ; de sorte qu’il semble que la nuit ne veut point céder sa place au jour.
- ( Plaute, Amphitryon, I, 1, v. 116-120, trad. Marolles, 1658).
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(3)
- Mais jamais le soleil ne fit un si long tour ;
- Quelque heureux qu’il nous fut, il me fut une année,
- Car je ne mangeai point de toute la journée
- (Rotrou, Les Sosies, I, 3, v. 237-239)
- Par quelle ivrognerie, ou quel plaisant caprice,
- A le Dieu de la nuit oublié son office ?
- Il semble que ces feux, cloués au firmament,
- Contre leur naturel n’aient plus de mouvement,
- Je ne vois dévaler dans leur grotte liquide,
- Orion, ni Vesper, ni les Sept Atlantides :
- La Lune semble fixe, et jamais le Soleil
- Si leur court est si lent, ne rompra son sommeil.
- (Ibid., v. 254-261)
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(4)
- La nuit qui verse à pleines mains
- Ses doux pavots sur les humains
- Fait sommeiller le bruit et ronfler la tristesse.
- Et le soleil, ce grand falot
- Est allé plus vite qu'au trot
- Chez Thetis son hôtesse
- Dormir comme un sabot.
- (Quinault, La Comédie sans comédie, I, 1)
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