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Le siècle n'a rien qu'on ne confonde


"Eh ! Madame, l'on loue, aujourd'hui, tout le monde,
Et le siècle, par là, n'a rien qu'on ne confonde"
Le Misanthrope, III, 5, v. 1069-1070

La dénonciation du mauvais goût du siècle est un lieu commun à la mode qu'on retrouve par exemple dans Les Nouvelles Nouvelles (1663) de Donneau de Visé :

Je vous dirai toutefois, que l'on doit plutôt estimer l'adresse de ceux qui réussissent en ce temps, que la grandeur de leur esprit; et comme loin de combattre les mauvais goûts du Siècle, et de s'opposer à ses appétits déréglés pour lui faire reconnaître son erreur, ils s'accommodent à sa faiblesse, il ne faut pas s'étonner si ce même Siècle leur donne des louanges que la postérité ne leur donnera sans doute pas.
[...]

Pendant cela notre Auteur fit réflexion sur ce qui se passait dans le monde, et surtout parmi les gens de qualité, pour en reconnaître les défauts; mais comme il n'était encore ni assez hardi pour entreprendre une Satire, ni assez capable pour en venir à bout, il eut recours aux Italiens, ses bons amis, et accommoda les Précieuses au Théâtre Français, qui avaient été jouées sur le leur, et qui leur avaient été données par un Abbé des plus galants. Il les habilla admirablement bien à la Française, et la réussite qu'elles eurent lui fit connaître que l'on aimait la satire, et la bagatelle. Il connut par là les goûts du Siècle, il vit bien qu'il était malade, et que les bonnes choses ne lui plaisaient pas.
(t. III, p. 212)




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