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Le Ciel est fort jaloux


"J'ai fait réflexion que pour vous épouser, je vous ai dérobée à la clôture d'un couvent, que vous avez rompu des vœux, qui vous engageaient autre part, et que le Ciel est fort jaloux de ces sortes de choses. Le repentir m'a pris, et j'ai craint le courroux céleste. "
Don Juan ou le Festin de pierre, I, 3

La jalousie du Ciel à l'endroit de ses épouses, les religieuses, est un motif développé dans plusieurs sermons contemporains :


(1)

Ne voyez-vous pas, chrétiens, cette pudeur de l'humilité, qui se sent comme violée par les regards et par les louanges des hommes? Imitez un si grand exemple et croyez que, pour plaire à l'Epoux céleste, vous ne pouvez jamais être trop cachés : que si vous en demandez la raison, je vous dirai en peu de paroles qu'il est un Amant jaloux. Il est ordinaire aux jaloux de cacher soigneusement ce qu'ils aiment, afin de le réserver tout entier à leur cœur avide, que le moindre soupçon de partage offense à l'extrémité. Jésus, votre Amant, est jaloux d'une jalousie extraordinaire : car il n'est pas seulement jaloux si vous avez pour les autres quelque complaisance; mais il est si sévère et si délicat, qu'il se pique si vous en avez pour vous-même. « Si la droite fait quelque bien, que la gauche , dit-il, ne le sache pas. » Il demande tout votre amour pour lui seul, et tellement pour lui seul que vous-même, tant il est jaloux, ne devez point entrer dans ce partage. Pour satisfaire à sa jalousie, vous ne sauriez vous chercher, ma Sœur, une trop profonde retraite. Cachez-vous avec Jésus-Christ dans la sainte obscurité de cette clôture ; et pour être entièrement selon son cœur, arrachez du vôtre jusqu'à la racine tout le désir de paraître et de plaire au monde.
(t. XI, p. 387)

Considérons attentivement quel est cet Epoux qu'on vous donne; et pour joindre votre fête particulière avec celle de toute l'Eglise, tâchons de connaître ses qualités par le mystère de cette journée. Vous y apprendrez sa grandeur, vous y découvrirez son amour, et vous y verrez aussi sa jalousie.
(t. XI, p. 488)

(2)

Votre Epoux est donc un grand roi ; votre Epoux vous aime avec tendresse ; mais il faut encore vous dire qu'il vous aime avec jalousie. Il appelle les Mages à lui ; mais il ne veut pas qu'ils retournent par la même voie, ni qu'ils aiment ce qu'ils aimaient auparavant. Ainsi en lui donnant votre cœur, détachez-vous aujourd'hui de toutes choses. S'il vous chérit comme un amant, il vous observe comme un jaloux ; et le soin qu'il a pris d'avertir les Mages du chemin qu'ils devaient tenir, peut vous faire entendre, ma Sœur, qu'il veille bien exactement sur votre conduite.
[...]
Il faut encore parler en un mot de cette jalousie de l'Epoux céleste , et c'est par où je m'en vais conclure. [...]
Il a, ma Sœur, des yeux de jaloux toujours ouverts pour veiller sur vous, pour étudier tous vos pas, pour observer toutes vos démarches ; et sans m'engager dans de longues preuves d'une vérité si constante, considérez seulement l’état où vous êtes. Et ces grilles, et cette clôture, et tant de contraintes différentes, n'est-ce pas assez pour vous faire comprendre combien sa jalousie est délicate? Il vous renferme soigneusement, il rend de toutes parts l'abord difficile, il observe jusqu'à vos regards; et ce voile, qu'il met sur votre tête, montre assez qu'il est jaloux et de ceux qu'on jette sur vous, et de ceux que vous jetez sur les autres. Il compte tous vos pas, il règle votre conduite jusqu'aux moindres choses : ne sont-ce pas des actions d'un amant jaloux ? Il n'en fait pas ainsi à tous les fidèles ; mais c'est que s'il est jaloux de tous les autres, il l'est beaucoup plus de ses Epouses. Etant donc ainsi observée de près, pour vous garantir des effets d'une jalousie si délicate, il ne vous reste, ma chère Sœur, qu'une obéissance toujours ponctuelle et un entier abandonnement de vos volontés.
(p. 502-506)




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