Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Le Ballet des Muses dans la Gazette


La Gazette (N°146), du 4 décembre 1666, p. 1239-1240.

De Saint-Germain-en-Laye, le 4 décembre 1666 :

Le 2 du Courant, fut, ici, dansé, pour la première fois, en présence de la Reine, de Monsieur, et de toute la Cour, le Ballet des Muses, composé de treize Entrées : ce qui s’exécuta avec la magnificence ordinaire, dans les Divertissements de Leurs Majestés. Il commence par un Dialogue de ces Divinités du Parnasse, en l’Honneur du Roi : et tous les Arts, que l’on voit si bien, refleurir, par les soins de ce grand Monarque, étant venus les recevoir, se déterminant à faire en faveur de chacune d’elles, une Entrée particulière. Dans la première pour Uranie, on représente les sept Planètes : dans la deuxième, pour Melpomène, on fait paraître l’Aventure de [Page 1240] Pyrame, et de Thisbé, désignés par le Comte d’Armagnac, et le Marquis de Mirepoix : la troisième est une pièce comique, en faveur de Thalie. La quatrième, pour Euterpe, est composée de bergers et de bergères: et Sa Majesté, pour s’y délasser, en quelque façon, de ses Travaux continuels pour l’État, y représente l’un de ces Pasteurs, accompagné du Marquis de Villeroi, ainsi que Madame, l’une des Bergères, aussi accompagnée de la Marquise de Montespan, et des Damoiselles de la Vallière, et de Toussi. Dans la cinquième, pour Clio, se voit la Bataille donnée entre Alexandre, et Porus : et la sixième en faveur de Calliope, est dansée par cinq Poètes. Dans la septième qui est accompagnée d’un Récit, paraît Orphée, qui par les divers tons de sa Lyre, inspire la Douleur, et les autres Passions à ceux qui le suivent. La huitième, pour Erato, est dansée par six Amants, entre lesquels Cyrus est désigné par le Roi, et Polexandre, par le Marquis de Villeroi. La neuvième, pour Polémnie est composée de trois Philosophes, et de deux Orateurs, représentés par les Comédiens Français, et Italiens. La dixième, est de 4 Faunes, et d’autant de Femmes Sauvages, en faveur de Terpsichore, avec un très beau Récit : et dans l’onzième, il se fait une Danse des plus agréables, par ces Muses, et les Filles de Pierus, représentées par Madame, avec les Filles de la Reine, de son Altesse Royale, et d’autres Dames de la Cour. La douzième, est composée de trois Nymphes, qu’elles avaient choisies, pour juger de leur Dispute : et dans la dernière, Jupiter vient punir les Pierides, pour n’avoir pas reçu le Jugement qui avait été prononcé : toutes ces Entrées étant si bien concertées, et exécutées, qu’on ne peut rien voir de plus divertissant.

La Gazette (N° 149), du 11 décembre 1666, p. 1263.

De Saint-Germain-en-Laye, le 10 décembre 1666 :

Le 5 de ce mois, la Cour eut, pour la deuxième fois, le Divertissement du Ballet des Muses : qui fut suivi d’une magnifique Collation.

La Gazette (N° 156), du 24 décembre 1666, p. 1319.

De Saint-Germain-en-Laye, le 23 décembre 1666 :

[...]
Le Ballet des Muses, continue d’être ici, le Divertissement de la Cour, depuis que l’on y a fait quelques changements, et ajouté d’autres choses, qui le rendent, encore, plus agréable.

La Gazette (N°5), du 8 janvier 1667, p. 35.

De Saint-Germain-en-Laye, le 7 janvier 1667 :

[...]
Le 5, les Réjouissances en furent continuées par le Ballet : lequel divertit d’autant plus agréablement, la Cour, qu’on y avait ajouté une Pastorale des mieux concertées.

La Gazette (N°8), du 15 janvier 1667, p. 60.

De Saint-Germain-en-Laye, le 14 janvier 1667 :

Le 8, et le 10, on continua de prendre le Divertissement du Ballet : la Joie étant toujours ici, d’autant plus grande, que la Reine, et la jeune Princesse sont dans une parfaite santé.

La Gazette (N°14), du 29 janvier 1667, p. 108.

De Saint-Germain-en-Laye, le 28 janvier 1667 :

Le 25, on continua le Divertissement du Ballet des Muses, avec de nouveaux embellissements, entre lesquels était une Entrée Espagnole, qui fut trouvée des mieux concertées, et des plus agréables : de sorte qu’on ne vit jamais, plus d’allégresse en cette Cour, la Reine, et la jeune Princesse étant, grâces à Dieu, dans une parfaite santé.

La Gazette (N°17), du 5 février 1667, p. 131.

De Saint-Germain-en-Laye, le 4 février 1667 :

Le 31, la Cour, prit, derechef, le Divertissement du Ballet, qui paraît toujours nouveau, et de plus en plus, agréable, par les Scènes qu’on y ajoute, et les autres embellissements des mieux concertés.

La Gazette (N°20), du 12 février 1667, p. 156.

De Saint-Germain-en-Laye, le 11 février 1667 :

Le 5, le Ballet des Muses fut, derechef, dansé avec la même satisfaction des Spectateurs.

La Gazette (N°23), du 19 février 1667, p. 175-176.

De Saint-Germain-en-Laye, le 18 février 1667 :

Le 12 de ce mois, les Ambassadeurs, et Ministres Étrangers vinrent faire leurs Compliments à la Reine, sur la Naissance de la Princesse, étant conduits par le Sieur de Bonneuil, Introducteur des Ambassadeurs : après laquelle Fonction, ils eurent, par l’ordre du Roi, le Divertissement du Ballet des Muses, et furent magnifiquement, traités à Souper, par les Officiers de Sa Majesté.
Le 13, le Roi alla au Château de Versailles, donner ses ordres, pour celui d’une Course de Bague, pendant les derniers jours du Carnaval : et sur le soir, il y eut Bal, et Comédie Espagnole, dans l’Appartement de la Reine.
Le même jour, le Cardinal de Retz vint saluer Leurs Majestés, desquelles il fut très favorablement accueilli ; ayant vu, ensuite, Monseigneur le Dauphin, Monsieur, et Madame, dont il ne fut pas moins obligeamment reçu.
Le 14, et le 16, le Ballet fut, encor, dansé, avec deux nouvelles Entrées, de Turcs, et de Maures, qui ont paru des mieux concertées : la dernière étant accompagnée d’une Comédie Française, aussi, des plus divertissantes.
[...]

La Gazette (N°26), du 26 février 1667, p. 197-199.

De Saint-Germain-en-Laye, le 25 février 1667 :

Le 19 de ce mois, la Cour eut, encor, le Divertissement du Ballet des Muses, avec les nouveautés que l’on y avait ajoutées : lesquelles y attirèrent une foule extraordinaire.
Le 20, la Reine pour sa première sortie, alla en l’Église des Récollets, où étaient les Prières de Quarante Heures : et le même jour, Leurs Majestés partirent, avec Monseigneur le Dauphin, et Leurs Altesses Royales, pour aller à Versailles.
Le Roi ayant choisi ce Lieu, comme le plus agréable, pour les Divertissements des derniers jours du Carnaval, y arriva le 20 de ce mois, avec toute le Cour : et y traita à Dîner, Monsieur, Madame, Mademoiselle, et plusieurs autres Princesses, et Dames, avec une magnificence extraordinaire. Le soir, il y eut Bal, dans le Vestibule du Château, qui fut commencé par Sa Majesté, avec la Reine, et continué par Monsieur, avec Madame, puis par le Duc d’Enghien, avec la Duchesse son Épouse, et par les autres Seigneurs, et Dames, vêtus, et masqués d’une manière des plus superbes, notamment le Roi, qui avait un habit, moitié à la Persienne, moitié à la Chinoise, chargé de Pierreries : et ce Divertissement fut suivi d’un Souper, servi, encor avec une somptuosité vraiment Royale.
Le lendemain, tout ayant été préparé pour les Courses, dans la Place, devant l’Orangerie, où Sa Majesté avait fait, en quatre jours, préparer le Camp, environné de Balustrades, sur lesquelles étaient disposées les Têtes, en divers endroits, la Reine s’y rendit sur les quatre heures du soir, aussi richement, que galamment, déguisée, avec un habit éclatant de Pierreries, et de Broderies, accompagnée de Mademoiselle, non moins magnifiquement habillée à la Turque, de la Duchesse d’Enghien, et des autres Princesses, et Dames, en un équipage des plus avantageux. Aussitôt que Sa Majesté se fut placée en un Fauteuil, ainsi que sa Compagnie, à droite, et à gauche, sur des Bancs, l’on aperçut une nombreuse Troupe de Chevaliers, qui entraient par la Porte du petit Parc, aux fanfares de 8 Trompettes, et au bruit de deux Timbaliers : le Duc de Saint Aignan, des mieux vêtus, à la Persienne, et très bien monté, étant à la Tête en qualité de Maréchal de Camp Général, précédant les principales Beautés de la Cour, conduites par Madame, avec une Veste des plus superbes, et sur un cheval blanc, houssé de brocard, semé de Perles, et de Pierreries, ainsi que son habit. Le Roi marchait après, ne se faisant pas moins connaître à cette haute mine, qui lui est particulière, qu’à son riche Vêtement à la Hongroise, couvert d’or, et de Pierreries, avec un Casque de même, ondoyé de Plumes, et à la fierté de son cheval, qui semblait plus superbe de porter un si grand Monarque, que de la magnificence de son Caparaçon, et de sa Housse, pareillement, couverts de Pierreries, et de Broderies, avec une infinité de rubans, et de Plumes. Monsieur joignait sa Majesté, richement vêtu à la Turque, et monté sur un cheval blanc, caparaçonné, et houssé, avec quantité de Perles. Le Duc d’Enghien était à côté de son Altesse Royale, superbement, habillé en Indien, et monté à l’avantage, ainsi que les autres Seigneurs, qui suivaient en dix Quadrilles, tous vêtus à la manière de plusieurs autres Nations : et cette belle Cavalcade était fermée par huit Écuyers de la Grande, et Petite Écurie, montés sur des chevaux de Manège, des plus beaux, et des mieux dressés.
Les deux Troupes firent le tour du Camp, passant devant la Reine, pour la saluer, puis les Dames, s’étant rangées hors la Barrière d’un côté, et les Chevaliers de l’autre, le Roi fit la première Course au Dard, accompagné de trois Aventuriers, qui se lancèrent en même temps, que Sa Majesté, à quatre Maures qui étaient sur cette Barrière : après quoi, les autres Chevaliers coururent, aussi, tant avec la Lance, et le Dard, qu’à l’Épée. Ensuite, Sadite Majesté commença une seconde Course, au Pistolet, avec les mêmes Seigneurs de sa Quadrille, et abattit une Tête posée sur le coin de la Barrière : ce qui fut continué par le reste des Chevaliers. Enfin, le Roi, après plusieurs voltes et passades, avec les trois Aventuriers qui l’accompagnaient, alla, le Sabre à la main, abattre les Têtes de quatre Hydres, pareillement, posées sur l’une des faces de la Barrière : et chacun fit la même chose, en signalant son adresse, à l’exemple de Sa Majesté, qui a toujours excellé dans tous les beaux Exercices de la Noblesse. Après ces Courses, qui furent accompagnées, dans les intervalles, du Manège que les 8 Écuyers firent faire à leurs chevaux, avec beaucoup de galanterie, les Aventuriers allèrent se rejoindre aux Dames, pour faire, derechef, le tour du Camp, et prendre congé de la Reine : puis les deux Troupes sortirent en bel ordre, par la même Porte qu’elles étaient entrées. Toute la Compagnie se retira, aussi, des plus satisfaites de ce rare Divertissement : qui fut vu d’un nombre de Seigneurs Allemands, placés sur de grandes Balustrades, et Terrasses, qui semblaient avoir été préparées à cet effet, quoi que ce soient les Ornements ordinaires de ce beau Lieu.
Le 12, ces Réjouissances furent terminées par de pareils Traitements que les jours précédents, et par un Bal qui dura depuis neuf heures du soir, jusques à six du matin, avec un merveilleux concours des plus beaux Masques, pour lesquels, par l’ordre du Roi, il y eut toujours, quatre Tables servies, soir, et matin, avec une singulière magnificence : de manière que les trois Fêtes se passèrent avec un éclat, et une allégresse dignes de la plus belle, et de la plus galante Cour du Monde.

(Textes saisis par David Chataignier à partir de 000000)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs