Content-Type: text/html; charset=UTF-8

Laissait charmer des yeux qui ne vous voyaient pas


"Si de quelques mortels on m'a vue adorée,
Est-ce un crime pour moi d'avoir eu des appas,
Dont leur âme inconsidérée
Laissait charmer des yeux qui ne vous voyaient pas?"
Psyché, acte IV, scène 5, vv. 1610-1613.

La tradition biblique du « dieu caché » venait tout récemment d'être réexposée à la première page des Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets (1670) :

Contre l’indifférence des athées.
Que ceux qui combattent la religion apprennent au moins quelle elle est avant que de la combattre. Si cette religion se vantait d’avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile, ce serait la combattre que de dire qu’on ne voit rien dans le monde qui le montre avec cette évidence. Mais puisqu’elle dit au contraire que les hommes sont dans les ténèbres, que dans l’éloignement de Dieu, qu’il s’est caché à leur connaissance, et que c’est même le nom qu’il se donne dans les Ecritures, Deus absconditus ; et enfin si elle travaille également à établir deux choses ; que Dieu a mis des marques sensibles dans l’Eglise pour se faire reconnaître à ceux qui le chercheraient sincèrement ; et qu’il les a couvertes néanmoins de telle sorte qu’il ne sera aperçu que de ceux qui le cherchent de tout leur cœur ; quel avantage peuvent-ils tirer, lorsque, dans la négligence où ils font profession d’être de chercher la vérité, ils crient que rien ne la leur montre, puisque cette obscurité où ils sont, et qu’ils objectent à l’Eglise ne fait qu’établir une des choses qu’elle soutient sans toucher à l’autre, et confirme sa doctrine bien loin de la ruiner ?
(2nde édition, 1670, I, pp. 1-3)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs