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La solitude effraie


"La solitude effraie une âme de vingt ans"
Le Misanthrope, V, 4, v. 1774

La recherche de la solitude ("fuir, dans un désert, l'approche des humains", "vous ne m'aurez de ma vie avec vous") s'oppose à l'idéal de sociabilité mondaine, comme le montrent


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EXTRAITS

(p. 1419 sq)

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(2)

EXTRAITS
(p. 697 sq)

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(3)

Duquel on tire plus de profit, de la conversation ou de la solitude
Messieurs,
Je ne puis mieux commencer mon discours que par la définition qu’Aristote a donné de l’homme. Il l’appelle O militikon zoon, animal sociable, afin de montrer qu’il doit converser avec ses semblables, et qu’il doit fuir la solitude comme une chose qui semble n’avoir été créée que pour les brutes. Et ce qui me fait croire d’autant plus qu’il est né pour la conversation, c’est que, si je considère le premier homme, je vois que Dieu lui donne une femme pour compagne […] afin que l’un pût converser avec l’autre, et qu’ils se pussent soulager tous deux dans les accidents de la vie. […] Enfin je lis dans le Texte sacré que Dieu parlant à son peuple, s’écrie Malheur à celui se détache, et qui fuit la compagnie des hommes, car s’il tombe il n’aura personne qui le relève. D’où l’on peut remarquer que la solitude doit être entièrement en horreur. Aussi Dieu, pour expier le crie de notre premier Père, ne se servit point d’autre punition que de le confiner dans un désert […]. [L]a solitude est étrange, puisqu’elle ôte la liberté de converser avec ses amis, de les servir lorsqu’ils ont besoin de secours, et de les consoler quand ils sont maltraités de la fortune. […] Concluons qu’il faut fuir la solitude, puisqu’elle n’est destinée que pour les animaux, et qu’elle nous peut rendre superbes […] et qu’il faut rechercher la conversation, puisqu’elle est utile pour notre corps, et pour notre esprit.
(Guillaume Colletet, L’Académie familière des filles, lettres et diversités folâtres de prose et de vers, Suite de la Muse Coquette, Troisième et quatrième partie, Paris, J.-B. Loyson, 1665, p. 224-231)

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(5)

Discours académique contre la mélancolie
Ne commettons point des crimes si énormes qui offensent la Terre et le Ciel ; et ne demeurons point aussi dans une mélancolie, laquelle quand nous serions innocents, nous ferait estimer coupables, et de plus nous ferait songer à ces méchancetés auxquelles on ne s’appliquerait jamais parmi la gaieté. […] [Les mélancoliques] se plaisent si fort dans leur solitude, qu’ils ne l’abandonnent jamais […]. [N’]est-il pas vrai qu’ils se plaisent sur toute chose d’être seuls, et à pleurer, et que leurs rêveries mélancoliques sont leurs plus aimables entretiens ?
(Recueil des pièces en prose les plus agréables de ce temps, 1660, p. 278-289)

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(6)

Or ce qui a fait que quelques-uns ont si mal parlé de la solitude, c'est qu'ils ont cru qu'elle nous portait à cette humeur mélancolique, qui nous jette bientôt dans une haine de tout le genre humain, qu'on nomme misanthropie, nous transformant en de vrais loup-garous [...] [L]es avantages que nous pouvons recueillir de la conversation des honnêtes gens ne nous doivent pas moins donner d'aversion de la vie solitaire, qui se prive volontairement d'un si grand bien. Car comme les diamants ne se polissent que par d'autres diamants, les esprits ne se perfectionnent non plus que par la fréquentation d'autres esprits qui les épurent et leur donne cet éclat et cette lumière, dont nous en voyons qui brillent si extraordinairement.
(La Mothe le Vayer, "De la conversation et de la solitude", dans Opuscules ou petits traités, Oeuvres, II, 2, p. 218-220)




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