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La sévérité de leur honneur


"Nous nous voyons obligés mon frère et moi à tenir la campagne pour une de ces fâcheuses affaires qui réduisent les gentilshommes à se sacrifier eux et leur famille à la sévérité de leur honneur, puisque enfin le plus doux succès en est toujours funeste, et que si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume."
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 3

L'édit royal contre le duel de 1651 prononce une peine de bannissement pour ceux qui tentent de régler par la violence les affaires d'honneur, sans faire appel à l'arbitrage de la justice (1)

De telles pratiques sont condamnées dans


(1)

Bien que le soin que nous prenons de l'honneur et de la réputation de notre noblesse paraisse assez par le contenu aux articles précédents, et par la soigneuse recherche que nous faisons dd moyens estimés les plus propres pour éteindre les querelles dans leur naissance, et rejeter sur ceux qui offensent, le blâme et la honte qu'ils méritent, néanmoins appréhendant qu'il ne se trouve encore des gens assez osés pour contrevenir à nos volontés si expressément expliquées et qui présument d'avoir raison en cherchant à se venger ; Nous voulons et ordonnons que celui qui s'estimant offensé fera appel à qui que ce soit pour soi-même, demeure déchu de pouvoir jamais avoir satisfaction de l'offense qu'il prétendra avoir reçue ; qu'il soit banni de notre cour, ou de son pays durant l'espace de deux ans pour le moin : qu'il soit suspendu de toutes ses charges, et privé du revenu d'icelles durant trois ans, ou bien qu'il soit retenu prisonnier six mois entiers, et condamné de payer une amende à l'hôpital du lieu de sa demeure, ou de la ville la plus prochaine, qui ne pourra être de moindre valeur que le quart de son revenu d'une année.
(Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, t. XVII, 1821-1833, p. 266)

(2)

ARGESYLE
Que pourrait-on dire en faveur d’un ambitieux qui sacrifie à un faux honneur comme à une idole le sang de ses semblables ? Que pourrait-on dire en faveur d’un insolent qui préfère la satisfaction d’une passion féroce à la déférence d’un commandement divin et au respect d’une défense royale ? […] La plupart des gens d’épée sont irréligieux et, à moins que de les ébranler d’abord par la violence des preuves, les raisons de foi font fort peu d’impressions sur eux.
(p. 67)

(3)

Est-il rien de plus injuste que de verser le sang humain pour des injures particulières, et d'ôter par un même attentat un citoyen à sa patrie , un serviteur à son roi, un enfant à l'Eglise et une âme à Dieu qu'il a rachetée de son sang? Et toutefois, depuis que les hommes ont mêlé quelque couleur de vertu à ces actions sanguinaires, l'honneur s'y est attaché d'une manière si opiniâtre, que ni les anathèmes de l'Eglise, ni les lois sévères du prince, ni sa fermeté invincible, ni la justice rigoureuse d'un Dieu vengeur, n'ont point assez de force pour venir à bout de l'en arracher.
(t. IX, p. 144)




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