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La renommée accuse juste


"La renommée accuse juste en contant ce que vous valez."
Les Précieuses ridicules, sc. IX.

L'adverbe "juste" est à la mode, dans son emploi figuré, excédant son application originale au domaine du jeu ou du vêtement.

Charles Sorel traite la question dans son Discours sur l'Académie française (1654) :

Je ne m'attacherai ici qu'à cette façon de parler de raisonner juste, qui aura peine à être reçue par les gens savants, car le mot de juste ne signifie pas ce qui appartient à la vertu de justice, mais ce qu'on appelle justesse ou proportion, et c'est une métaphore prise des tailleurs [...] Personne n'avait auparavant commencé d'user de ce langage que les chantres à la mode, qui disent qu'ils chantent juste et ceux qui tirent de l'arquebuse ou de l'arbalète qui disent qu'ils tirent juste.
(p. 296)

Il mentionnera à nouveau le terme dans "Les Lois de la galanterie", en dressant la liste des mots que le galant doit utiliser absolument :

Il faut aussi parler très souvent de justesse, de conjoncture, d’exactitude, de gratitude, d’emportement, d’accablement, d’enjouement, et dire, que l’on donne un certain tour aux choses que l’on les fait de la belle manière, que cela est de la dernière conséquence, que l’on a des sentiments fins et délicats, que l’on raisonne juste.
(§ XVI)

Dans son entretien "De la langue française" (Entretiens d'Ariste et d'Eugène, 1671, p. 85), le Père Bouhours le signalera comme "mot à la mode" et lui consacrera un paragraphe.




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