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La partie brutale


"La partie brutale alors veut prendre empire
Dessus la sensitive, et l'on voit que l'un tire
À dia, l'autre à hurhaut ; l'un demande du mou,
L'autre du dur ; enfin tout va sans savoir où"
Dépit amoureux, IV, 2 (v. 1261-1264)

L'incongruité des humeurs opaques qui se rencontrent au tempérament naturel des femmes étant cause que la partie brutale veut toujours prendre empire sur la sensitive, on voit que l'inégalité de leurs opinions dépend du mouvement oblique du cercle de la lune"
Le Médecin malgré lui, III,6

Les termes scolastiques de "partie brutale" et d'âme "sensitive" étaient utilisés pour en tirer un effet comique dans Le Déniaisé (1648) de Gillet de la Tessonnerie (1)

Ils faisaient encore partie du vocabulaire philosophique courant à l'époque de Molière, comme l'atteste leur présence dans :


(1)

Trois âmes font mouvoir tout ce grand univers :
Aux plantes seulement est la végétative,
La sensitive au corps, l'âme à l'intellective
( Le Déniaisé, I, 4)

(2)

Et ce n’est qu’en la répugnance qui est entre les mouvements que le corps par ses esprits et l’âme par sa volonté tendent à exciter en même temps dans la glande, que consistent tous les combats qu’on a coutume d’imaginer entre la partie inférieure de l’âme qu’on nomme sensitive et la supérieure, qui est raisonnable, ou bien entre les appétits naturels et la volonté. Car il n’y a en nous qu’une seule âme, et cette âme n’a en soi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, et tous ses appétits sont des volontés. L’erreur qu’on a commise en lui faisant jouer divers personnages qui sont ordinairement contraires les uns aux autres ne vient que de ce qu’on n’a pas bien distingué ses fonction d’avec celles du corps, auquel seul on doit attribuer tout ce qui peut être remarqué en nous qui répugne à notre raison.
(Les Passions de l'âme, Première partie, article XLVII)

(3)

Je ne m'arrêterai pas aux autres divisions de la cupidité, et de la fuite, et nommement à celle par laquelle on dit qu' il y a des cupidités du corps, ou de la partie brutale et inférieure, et qui retiennent presque le nom de concupiscence, de passion effrénée, etc.
(François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi, 1674, 2e éd. Lyon, 1684, Livre V, chapitre 5, p. 446)




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