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La machine de l'homme


"Pouvez-vous voir toutes les inventions dont la machine de l'homme est composée, sans admirer de quelle façon cela est agencé l'un dans l'autre, ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ces... ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui..."
Don Juan ou le Festin de pierre, III, 1

L'admiration pour la "machine de l'homme" avait été exprimée

Dans le De natura rerum de Lucrèce, un argument semblable avait été utilisé au profit de la thèse de l'atomisme (7)

Dans son Ve dialogue de La Promenade (1663), La Mothe le Vayer établit le lien entre l'admiration pour la structure du corps humain et le finalisme des organes de Galien (8)


(1)

PREMIERE PARTIE
De la machine de son corps
[...]
Je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de terre [...] Je ne m'arrêterai pas à décrire les os, les nerfs, les muscles, les veines, les artères, l'estomac, le foie, la rate, le coeur, le cerveau, ni toutes les autres diverses pièces dont elle doit être composée.
(p. 1-2)

(2)

Ce qui ne semblera nullement étrange à ceux qui, sachant combien de divers automates ou machines mouvantes l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os,, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps comme une machine qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et en soi des mouvements plus admirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes.
(éd. de 1668, p. 62)

(3)

Intuens vero hominis corpus, in quo pedes, oculi, manus, in quo cor, pulmo, cerebrum, jecur, in quo ossa, musculi, venae, in quo renes, vesica, alvus, in quo caetera omnia neque excitius formari, neque congruentius collocari, neque utilius destinari, neque speciosus exornari quamque tandem arte potuissent, causam illius reputas caecam expertem consilii ?
(p. 234) (source : C. J. Jeannet, La Morale de Molière, 1867, p. 219)

(4)

neque ullam fuisse intelligentis naturae solertiam, quae cutim, ossa nerva, venos ; quae caput, oculos, manus, pedes ; quae cetera omnia conformans ad fineis certos, seu fonctiones partibus congruas respexerit.
(t. II, p. 227)

(5)

Quoi, lorsque vous contemplerez la belle et industrieuse machine d'une horloge, vous ne pourrez croire que l'Ouvrier ne se soit pas proposé la forme, et les différents usages des parties, encore qu'il ne vous ait pas fait participant de son dessein, et lorsque vous considérez avec quelle perfection toutes les parties d'un Animal sont formées, et arrangées, et que ces parties ont des usages si différents, et si justes qu'on ne saurait rien imaginer de plus propre, et de plus convenable, vous pourrez croire que la cause qui les a ordonnées ait été aveugle, et ait ignoré ce qu'elle faisait, à cause que vous n'avez pas eu la connaissance d'une si grande Sagesse, d'une si merveilleuse industrie ?
(éd. de 1684, p. 219-220) (indication aimablement fournie par Anne-Laure Brachet)

(6)

Quelle composition, quels ligaments, quelles artères, quelles veines, quels muscles, quels cartilages! Combien d'autres parties dont la moindre venant à manquer la fonction de l'ouie est imparfaite! Ou plutôt combien de preuves que tant de divers ressorts qui jouent en tous temps, et en tous lieux dans toutes les espèces d'animaux, et qui ont telle liaison d'ensemble n'ont point été faits par hasard?
(p. 8)

(7)

Hinc porro quamvis animantem ex omnibus unam
ossa cruor venae calor umor viscera nervi
constituunt, quae sunt porro distantia longe,
dissimili perfecta figura principiorum.
(II, v. 669-672)

De là vient au reste que les os, le sang, les veines, la chaleur, le flegme, les entrailles, les nerfs composent chaque animal de toutes ces parties, et que toutefois ces parties sont fort dissemblables entre elles pour la figure spéciale de leurs principes.
(trad. Michel de Marolles, 1659, p. 75)

(8)

Saint Augustin a eu raison de se repentir dans ses Confessions d'avoir méprisé la langue grecque, car s'il l'eût entendue, il eût pu lire l'excellent traité de Galien De l'usage des parties dont notre corps est composé ; et il n'eût pas écrit au vingt-deuxième livre de la Cité de Dieu, que personne ne s'était encore avisé de considérer les nombres et l'harmonie, qui se trouvent dans la construction du corps humain. Il eût vu que cet excellent médecin a observé que, de deux cents os et plus dont notre machine est construite, il n'y en a aucun qui n'ait plus de quarante rapports, raisons ou considérations, qui ont obligé son architecte de donner à chacun la grandeur, la figure et la force dont il est pourvu. Ce qui est fort remarquable en cela, c'est que Galien est si exact à bien prouver tout ce qu'il avance qu'au lieu de se servir de quelques pensées de ceux qui l'avaient précédé, il se moque de celles qui n'étaient pas fondées sur de bons principes, quelques autorités qu'elles fussent, comme entre autres de celle d'Aristote, qui n'avait voulu que le cerveau eût été créé par la nature, afin de rafraîchir le coeur. Cela est si peu véritable, dit-il en raillant au troisième chapitre du huitième livre De usu partium, qu'on pourrait attribuer un tel effet plutôt au talon qu'au cerveau. Tant y a qu'il a prononcé, parlant généralement de la belle fabrique de tous les animaux, qu'il n'y avait point de louanges, non pas même d'hymnes suffisantes pour reconnaître dignement leur architecte.
(éd. des Oeuvres de 1756, IV, 1, p. 145-146)




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