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La fausse monnaie à l'égal de la bonne


"Hé quoi! vous ne ferez nulle distinction
Entre l'hypocrisie, et la dévotion?
Vous les voulez traiter d'un semblable langage,
Et rendre même honneur au masque qu'au visage?
Egaler l'artifice, à la sincérité;
Confondre l'apparence, avec la vérité;
Estimer le fantôme, autant que la personne;
Et la fausse monnaie, à l'égal de la bonne?."
Le Tartuffe, I, 5, v. 329-338

La même idée est formulée

La preuve en serait fort facile, si selon le souhait ou plutôt selon la plainte d'Euripide, le Ciel avait donné des marques certaines pour discerner un hypocrite d'un véritable vertueux, de même que nous en avons pour reconnaître une pièce de fausse monnaie et pour la distinguer de la bonne.
(éd. des Oeuvres de 1756, VII, 2, p. 28)

Car, vois-tu, mon ami, il est de la vertu comme il en est de la monnaie. Il y en a de vraie, il y en a de fausse. L’une et l’autre se ressemblent par le dehors, mais il y a bien de la différence au dedans. Car comme la vraie monnaie est d’or ou d’argent au dedans, et que la fausse n’est que de fer ou de quelque autre méchante matière, aussi la vraie amour n’est au dedans que joie et plaisir.
(Livre I, p. 108)

La nécessité de distinguer le vice et la vertu, et de "du faux avec le vrai faire la différence", est également soulignée dans les Discours pour montrer que les doutes de la philosophie sceptique sont de grand usage dans les sciences (1669) du même La Mothe le Vayer :

Il demeure constant que, de quelque façon que cela arrive, le bien et le mal, le vice et la vertu se rencontrent presque en même lieu les uns et les autres. Le malheur est qu'on ne les distingue pas aisément, et que ceux qui font la plus apparente profession d'aimer et de suivre la vertu, qu'ils ont toujours en bouche, sont souvent les plus vicieux, et ceux qui, au fond et en cachette, pratiquent la plus dangereuse morale.
(éd. des Oeuvres de 1756, V, 2, p. 71-72)




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