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La comédie s'est corrompue


"J'avoue qu'il y a eu des temps où la comédie s'est corrompue. Et qu'est-ce que dans le monde on ne corrompt point tous les jours ?"
Le Tartuffe, préface

La thèse de la corruption de la comédie est formulée dans la Dissertation sur la condamnation des théâtres (1666) de l'abbé d'Aubignac :

CHAPITRE XII
Que la représentation des comédies et tragédies ne doit point être condamnée tant qu’elle sera modeste et honnête
[...]
Si donc il est arrivé que le libertinage des acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des âmes chrétiennes, il ne faut en cela qu’imiter les empereurs qui n’ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d’en réformer l’abus et d’imposer des peines rigoureuses contre ceux qui, par leurs désordres, corrompaient l’excellence de cette poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout et conserver un art qui peut plaire.
(p. 238-239)

Mais, comme ils [les spectacles] furent corrompus par la licence des poètes et par la mauvaise conduite des acteurs, les rois jetèrent l’infamie sur ceux qui montaient sur le théâtre, où l’on avait porté tant de dissolution. Mais Monsieur le cardinal de Richelieu, qui faisait toutes ses actions avec un grand discernement du bien et du mal, remit en crédit les comédies et les tragédies, en n’y laissant rien de ce qui les avait exposées justement à l’indignation des personnes d’honneur et à la peine des lois.[..]
(p. 241)

Il est certain néanmoins que, depuis quelques années, notre théâtre se laisse retomber peu à peu dans sa vieille corruption et que les farces impudentes et les comédies libertines, où l’on mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la justices de nos rois et y rappelleront la honte et les châtiments ; j’estime que tous les honnêtes gens ont intérêt de s’opposer à ce désordre renaissant, qui met en péril et qui sans doute ruinera le plus ordinaire et le plus beau des divertissements publics.
(p. 245)




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