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La charité nous oblige à faire plaisir aux personnes


"[...] La charité, Maître Simon, nous oblige à faire plaisir aux personnes, lorsque nous le pouvons."
L'Avare, II, 2

Dans son ouvrage Harmonie du droict divin, avec le droict humain touchant l'usure (1667) De Vourric rappelle aux gens riches leur obligation chrétienne de prêter "gratuitement" aux personnes en difficultés. (1)

Le comportemnt d'Harpagon est une fausse charité qui ne vise que le prêt à usure. Dans son sermon "Sur l'avarice et l'attachement aux biens du monde", Claude Joly (1610-1678), curé de la paroisse parisienne de Saint-Nicolas-des-Champs, souligne que l'avarice et la charité sont deux attitudes irréconciliables. (2)


(1)

Je finis en vous faisant observer, que les gens riches qui ne sont pas en état de vaquer au commerce, n'ont pas de plus saine conduite à tenir dans l'administration de leurs biens, que de prêter gratuitement aux personnes indigentes, pour leur aider à se tirer de quelque état fâcheux où elles se trouvent; donner libéralement aux pauvres, suivant l'enseignement du prophète royal au pseaume 40. Beatus qui intelligit super egenum et pauperem: O que celui-là est heureux qui s'applique à relever l'indigent et à nourrir le pauvre, réservant à acquérir des fonds ou des rentes sur les gens riches, au regard desquels ils doivent même avoir toujours présente à leur esprit, cette maxime prononcée de la propre bouche de notre Seigneur, en Saint Mathieu, chap. 16 Quid prodest homini si mundum universum lucretur, animae vero suae detrimentum patiatur. Dequoi sert à l'homme d'avoir gagné tout le bien du monde, s'il vient à perdre son âme.
(Harmonie du droict divin, avec le droict humain touchant l'usure, les interest et la constitution de rente, Avignon, Pierre Offray, 1667, p. 6-7.)

(2)

S'il est permis d'amasser du bien, toutes les voies propres à en acquérir ne sont pas permises. Il y en a qui paraissent honnêtes et en quelque façon nécessaires, comme les usures, et les prêts d'argent à de gros intérêts; et cependant elles sont défendues. [...] celui qui afflige le pauvre, qui lui ravit son bien, qui ne lui rend pas les gages qu'il lui a confiés, qui prête à usure, et qui exige au delà des droits, celui-là mourra et sera réprouvé: Egenum et pauperem constristantem, rapientem rapinas, pignus non reddentem, ad usuram dantem et amplius accipientem, aliaque detestanda facientem, morte moriturum (Ezechiel, XVIII). Ezechiel in maximis malis ponit fenus ut plus quam sortem accipere, et lex illud luculenter prohibet, dicens: Non feneraberis fratri tuo, et proximo tio, et rursus ait: Fenus super fenus, et dolus super dolum, etc. (Basil., homilia altera in psal. XIV)[...] c'est un avare qui mourra, s'il ne se corrige dans son péché. C'est un fourbe et un tyran, dit saint Basile, qui prête peu pour avoir beaucoup, qui fait grossir intérêt sur intérêt, et qui enfin, avec son honnêteté prétendue et sa charité, réduira son débiteur à l'aumône. Il contrefait d'abord l'homme charitable, il affecte un air doux et engageant; mais son avarice intérieurement le porte à retenir les gages qu'on lui donne, par la difficulté qu'on aura dans la suite de les retirer, et à s'emparer des terres qui lui sont hypothéquées, par les profits énormes qu'il exigera et qu'il accumulera les uns sur les autres. S'il veut être véritablement charitable, qu'il soulage son frère dans son extrême besoin, à la bonne heure [...]
(Sermon XCII, Sermons de M. Joly, évêque d'Agen, 1702, in Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés publiés par l'abbé Migne, 1844-1866, t. XXXII, p. 1268-69.)




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