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La Gazette, 21 mai 1664


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N. 60

LES PARTICULARITÉS DES DIVERTISSEMENTS PRIS À VERSAILLES PAR LEURS MAJESTÉS.

Puisqu’ils sont des effets de cette Paix glorieuse que notre Grand Monarque a procurée à toute l’Europe, il est bien juste qu’on en fasse une Peinture parlante en faveur de tous les Peuples qui la composent : et d’ailleurs, ils ont été trop éclatants et trop magnifiques, pour n’être pas un sujet d’admiration à un chacun, en leur donnant pour Théâtre, tous les lieux où l’Histoire journalière en peut transporter le Spectacle.

Ils avaient pour titre, Les Plaisirs de l’Île enchantée, où la Magicienne Alcine que nous dépeint l’Arioste, arrêtait auprès d’elle, grand nombre de Chevaliers, tant par les charmes de sa beauté, que par ses enchantements : et le Duc de S. Aignan, reconnu pour l’un des plus beaux [page 482] Esprits de la Cour, ayant enveloppé ces Divertissements, d’une si agréable Fable, comme cette Magicienne se servait des Tournois, des Festins, de la Comédie, et de la Musique, aussi bien que du pouvoir de ses Démons, pour mieux captiver ses Amants, ils furent composés d’une Course de Bague pour la première Journée, d’une Comédie pour la seconde, et d’un Ballet pour la 3, avec Festins, Concerts, et tout ce qui était capable de les rendre dignes de la plus galante, et de la plus pompeuse Cour de l’Univers. On avait, aussi, feint très agréablement, qu’Alcine n’étant pas contente de ne faire paraître la force de ses enchantements qu’en un seul endroit, après avoir visité divers Climats, l’avait fait aborder en France : et que pour rendre hommage à la Reine, dont les rares qualités lui causaient autant de respect que d’admiration, elle avait ordonné aux Guerriers qu’elle tenait ainsi enchaînés, de faire tout ce qu’ils pourraient pour plaire à une si grande et si belle Princesse.

Suivant un projet si bien concerté, les Plaisirs de l’Île enchantée se commencèrent le 7 de ce mois, par la Course de Bague, pour le sujet de laquelle le Duc de Saint Aignan avait, pareillement, choisi les Jeux Pythiens où Apollon présidait : [page 483] et le lieu de ce Tournoi fut établi dans le Petit Parc, au milieu de la grande Allée qui regarde le Château de Versailles, lequel étant un Composé de ce que l’Art et la Nature sauraient assembler de beau et de délicieux, pouvait bien être une Image de cette Île enchantée.

On avait dressé sur les trois Avenues autant de grands Portiques de verdure, ornés d’Écussons, avec de hautes Figures, et des Trophées qui les rendaient fort superbes : et à l’entrée d’un Rond qui se forme au milieu de cette Allée, en descendant du Château, l’on avait mis les hauts Dais pour les Reines, avec des Échafauds pour toute la Cour.

Leurs Majestés s’y étant placées sur les six heures du soir, le Roi, et les principaux Seigneurs qui représentaient avec Sa Majesté, autant de Chevaliers, parurent en cet ordre, tous richement vêtus à la Grecque, et formant une très brillante Quadrille.

Un Héraut d’Armes marchait à la tête avec trois Pages, l’un de Roger, Chef de la Quadrille, le 2, de Guidon le Sauvage, Maréchal de Camp, et le 3, d’Oger le Danois, Juge des Courses, dont ils portaient les Lances, et les Écus.

Sur leurs pas, étaient 4 Trompettes et deux [page 484] Timbales qui inspiraient la gaieté, en remplissant l’air de leurs fanfares, et de leurs sons : et après eux, venait Guidon le Sauvage Maréchal de Camp, représenté par le Duc de S. Aignan, qui avait pour corps de sa Devise, un Timbre d’Horloge frappé par le marteau, avec cette Âme, De mis Golpes, mi Ruido, et pour sa couleur, blanc et or, avec des galants incarnats et noirs.

Il était joint par huit autres Trompettes et deux Timbales qui devançaient Roger, représenté avec tous les avantages du plus achevé des Héros, puisqu’il l’était par un Roi qui ne peut avoir de pareil. Aussi, le Corps de sa Devise était un Soleil, pour montrer qu’il est unique comme ce bel Astre : et ces paroles, Nec cesso, nec erro, qui en faisaient l’âme, exprimaient, pareillement des mieux, qu’il ne se lasse, ni ne s’égare jamais, non plus que lui, dans ses glorieux Travaux.

Sa Majesté était avantageusement vêtue et montée, ayant sa couleur de Feu, or, et argent : et le Duc de Noailles représentait derrière Elle, Oger le Danois, Juge du Camp, avec sa Devise composée d’un Aigle qui à la vue du Soleil, ouvre ses ailes pour s’en approcher, et de ces paroles, Fidelis [485] et audax, ayant sa couleur de Feu, noir, et argent.

Il était suivi par le Duc de Guise, et le Comte d’Armagnac, le premier représentant Aquilant le Noir, avec un Lion qui dormait, accompagné de ses paroles, Et quiescente paveseunt : et l’autre, Griffon le Blanc, qui avait pour corps de sa Devise, une Hermine, avec cette âme, Ex candore decus, et pour sa couleur, argent et blanc.

Après eux étaient les Ducs de Foix et de Coaslin, dont le premier désignait Renaud, ayant pour Devise, un Vaisseau dans la Mer, avec ces mots, Longe levis aura feret, et pour couleur, incarnat, or et argent : et le second, désignait Dudon, ayant pour Devise, un Soleil, et l’Héliotrope qui en suit tous les mouvements, avec ces mots, Splendor ab obsequio, et pour couleur, vert, blanc, et argent.

Ils étaient joints par le Comte de Lude, et le Prince de Marsillac : celui-là représentant Astolphe, avec un Chiffre en forme de Nœud, accompagné de cette âme, Non sia mai sciolto, et pour couleur, incarnat, blanc, et argent : et celui-ci, Branlimart, avec une Montre en relief, dont on voyait ces paroles, Obieto fuor, commoto dentro, et pour [page 486] couleur, jaune, blanc, argent, et noir.

Ensuite, paraissaient le Marquis de Villequier qui représentait Richardet, ayant pour Devise, un Aigle qui plane devant le Soleil, avec ces mots, Uni militat Astro, et pour couleur, blanc, or, et argent : et le Marquis de Soyencourt, qui représentait Olivier, ayant pour Devise, une Massue d’Hercule, avec cette âme, Vix aequat fama labores, et pour couleur, bleu, blanc, et argent.

Ils avaient après eux, le Marquis d’Humières qui désignait Ariodant, et avait pour Devise, toutes sortes de Couronnes, avec ces mots, No quieto menos, ainsi pour couleur, celle de chair, blanc, et argent : et le Marquis de la Vallière, qui désignait Zerbin, et avait pour Devise, un Phoenix embrasé par le Soleil, sur un Rocher, avec ces paroles, Hoc juvat vri, et pour couleur, gris de lin, blanc, et argent.

Le Duc d’Enguyen venait seul, et représentait Roland : ayant pour Devise, un Dard enlacé de Laurier, avec cette âme, Certo ferit, et sa couleur de feu, noir, et or.

Cette charmante Troupe était suivie par Apollon assis sur un Char de Triomphe, de 20 pieds de haut, de dix de large, et de 24 de long, tellement [page 487] enrichi d’or, de Statues, d’Animaux, et de Feston, avec les Armes Royales, qu’il ne se peut rien voir de plus pompeux qu’était cette roulante Machine, tirée par quatre grands chevaux qui représentaient les quatre Saisons, par les différentes couleurs de leur poil.

Le Dieu y était accompagné des quatre Ages assis à ses pieds, sur de vastes degrés qui lui formaient un Trône, ainsi que du Temps, qui gouvernait le Char, représenté par un Vieillard ailé, avec un Sable sur la tête, et une Faux couchée à ses pieds : les 12 Signes du Zodiaque, et les 12 Heures du Jour étant autour de lui, avec les Hiérogliphes [sic] qui les désignent.

Enfin, venaient les Pages des Chevaliers, portant leurs Lances, et les Écus de leurs Devises, tous richement vêtus : puis 20 Pasteurs chargés de toutes les pièces de la Barrière dont la Lice devait être fermée.

Les Chevaliers étant entrés par l’un des Portiques qui aboutissaient aux avenues du Camp, après en avoir fait le tour, s’arrêtèrent devant les Reines, et Apollon fit avec les 4 Siècles, un charmant Dialogue en Vers, à la louange de la France, de la Reine, et du Roi : après quoi, tous ayant repris leur tour à gauche, au même ordre [page 488] qu’ils étaient venus, ils sortirent du Camp, pour faire place aux Pasteurs, qui en un instant, posèrent la Barrière, et favorisèrent, ainsi, l’ardeur que nos Chevaliers avaient de signaler leur adresse.

C’est ce qu’ils firent à l’envi, animés au point qu’il est aisé de l’imaginer ayant l’honneur d’être en cette occasion, les Concurrents d’un si grand Roi, excepté les Ducs de S. Aignan et de Noailles, que leurs Charges de Maréchal de Camp, et de Juges de Camp, empêchèrent de paraître en cette Course : et leur querelle s’étant décidée à l’entrée de la Nuit, par les avantages du Marquis de la Vallière qui emporta le Prix, toute la Place parut éclairée d’un nombre infini de flambeaux sur des chandeliers suspendus à l’entour des Palissades, et produisant les plus agréables effets du monde.

En même temps, on vit entrer par le Portique de la droite, une Compagnie de 36 Concertants, qui marchaient en fort bel ordre, au devant des 4 Saisons : le Printemps sur un cheval de Naples, l’Été, sur un Éléphant d’Éthiopie, l’Automne, sur un Chameau d’Asie, et l’Hiver, sur un Ours d’Hybernie [sic] : chacun se faisant connaître par ses Fleurs, ses Épis, ses Fruits, et ses Glaces.

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À peine cette nombreuse Troupe se fut également séparée aux deux côtés de la Place, en présence de Leurs Majestés, laissant les 4 Animaux de front au devant d’Elles, qu’il parut à leur suite, 48 hommes, qui représentaient 12 Jardiniers, autant de Moissonneurs, pareil nombre de Vendangeurs, et 12 Vieillards, tous chargés de grands Bassins de Fruits en pyramides, dont l’embellissement, la magnificence, et la rareté, mirent les Spectateurs dans une admiration extraordinaire.

Les Saisons s’adressant à la Reine, par de beaux Vers à sa louange, lui offrirent leurs Présents, que ceux de leur Suite portèrent sur 4 Buffets qui parurent aux deux côtés des Portiques de la droite et de la gauche : ce qu’ils n’eurent pas achevé, qu’un nouveau bruit, mais des plus doux, obligea les Spectateurs à tourner les yeux du côté des mêmes Portiques.

C’était une autre Bande de Concertants qui en sortaient, marchant au petit pas, en très bel ordre, encore au devant d’une Machine de 18 pieds de haut, et de 12 de large, construite de plusieurs troncs d’arbres entrelacés, et portée avec tant d’artifice, qu’il semblait qu’elle se [page 490] remuât par elle-même. Diane et Pan qui étaient dessus, se présentèrent ainsi, à Leurs Majestés : et lorsque la Machine fut arrivée au milieu de la Place, et que tous les Concertants joints ensemble, eurent ravi l’Assistance, ils leurs offrirent ce qu’ils avaient de meilleur de leur Chasse, et de leur Ménagerie, qui consistait en 36 grands plats de viandes portés par autant d’hommes, sur leurs têtes, accompagnés de plusieurs autres, avec des flambeaux, et de 18 Pages pour servir à Table.

Il n’y a que le seul Spectacle de tant de choses qu’on vit alors, qui puisse faire concevoir l’effet qu’elles produisaient pour former une espèce d’enchantement dans un si beau lieu, ainsi que le parut encore une Table qui se découvrit en même temps que toutes les Machines eurent repris leur route pour rentrer, et que les Concertants défilèrent devant Leurs Majestés, pour se placer en face, sur un Échafaud qu’on avait exprès dressé.

Cette Table était de 72 pieds de long, en demi Cercle, ornée de grands Festons de fleurs, avec 42 Couverts, et 72 flambeaux de vermeil doré : et ceux de la Suite de Pan et de Diane, y posèrent leurs plats, qui composèrent le plus [page 491] superbe et le plus délicieux Festin qu’on puisse imaginer.

Cependant, 24 Danseurs sur l’espace du Terrain qui demeurait vide, firent une fort belle Entrée : et lors, Leurs Majestés prirent leur place au milieu de cette Table, ayant à leurs côtés, Monsieur, Madame, et les autres Princesses, et Dames de la plus haute qualité, si avantageusement parées, qu’il semblait que ce Banquet fût celui des Dieux, et que le petit Parc de Versailles se fût converti en leur Olympe. Aussi le Ciel s’était paré cette nuit-là, de ses plus beaux Astres : et l’on eût dit qu’il en avait fait autant d’yeux pour mieux assister à ce Spectacle, capable de lui donner de la jalousie, comme à tout le reste de la Terre. Mais si la Vue et le Goût y étaient pleinement délectés, l’Ouïe ne l’était pas moins, par la douceur de l’Harmonie de tant de Concertants, qui exécutèrent, miraculeusement, les plus beaux Airs que le Sieur Baptiste notre savant Orphée, eût encore fait entendre à cette charmante Cour : et c’est ainsi que se termina le premier Jour des Divertissements de l’Île enchantée.

Le lendemain, toute la Décoration ayant [page 492] été changée, on aperçut au-delà du Portique qui était en face, une très grande Salle, remplie de sièges et d’Échafauds, vis-à-vis un autre Portique fermé par un Rideau. Le Roi et les Reines s’y étant rendus sur les 8 heures du soir, accompagnés de toute la Cour, on découvrit entre les Palissades de la même Allée où s’était faite la Course de Bague, un fort beau et fort vaste Théâtre éclairé de quantité de Lustres : et l’on y donna à Leurs Majestés, le divertissement d’une Comédie, en laquelle un Prince d’humeur magnifique, ayant une Fille autant ennemie de l’Amour, qu’elle était aimable par ses charmantes qualités, proposa des Jeux célèbres et y convia divers Princes, dans la pensée qu’elle y ferait, enfin, choix d’un Amant digne d’elle. Outre que l’intrigue en était galante, elle fut entremêlée d’Entrées de Ballet, et de Flûtes et de Violons, en sorte que rien ne pouvait être plus agréable, ni plus divertissant pour cette seconde journée.

Mais ce qui se passa en la 3, ne se peut exprimer que par des Idées au delà du vraisemblable et ce fut alors, aussi, que les Spectateurs crurent être en une Île enchantée. Le Théâtre de ces [page 493] nouveaux Miracles, était un Rond d'eau qui est au bout de la même Allée en Ovale, de près de 200 pas de long, et de 140 de large. Il y avait un Rocher de 60 pieds en carré, et de 3 de haut, sur lequel, au milieu d’une Plaine, il en paraissait un autre de huit pieds de large, et d’autant de haut : et aux deux côtés de 40 pieds, qui s’élargissaient jusques au bord, faisant de part et d’autre, une parfaite Symétrie. Ces Rochers étaient remplis d’un côté, d’un nombre infini de toutes sortes de Concertants, et de l’autre, de Timbales, et de Trompettes, vêtus de très magnifiques habits : et toute l’Île, les Rochers, et l’enceinte du Rond d'eau brillaient d’une prodigieuse quantité de flambeaux, et d’autres lumières : de façon que le Jour recommença de naître dans le sein de la Nuit, malgré la violence des Vents, qui semblaient pour satisfaire quelques Divinités jalouses de tant de merveilles, en vouloir troubler l’appareil, mais dont l’on eût dit qu’ils étaient aussi empêchés par la force de l’enchantement qui parut dans tout ce Spectacle.

Leurs Majestés s’étant placées, avec toute la Cour, sur les Amphithéâtres qu’on avait dressés [page 494] en face d’une si superbe Scène, Elles y eurent le divertissement d’un Ballet : lequel commença par la sortie qui se fit des ouvertures restantes aux deux côtés entre l’Île, et les Rochers, par la Magicienne Alcine, avec deux de ses Compagnes, chacune montée sur un Monstre marin.

Étant arrivée au bord du Rond d'eau devant Leurs Majestés, elle découvrit par des Vers, à ses deux Nymphes, le trouble où l’avaient mise des prodiges, et des songes qui lui faisaient appréhender la ruine de son Pouvoir, et la perte de ses Amants, mêlant à ses plaintes, les louanges de la Reine-Mère : Puis elle ordonna que le Palais où elle tenait Roger enchanté, s’ouvrît. À l’instant, par un admirable artifice, le Rocher se séparant aux deux bords de l’Île, laissa voir ce Palais qui surprit également les Spectateurs par sa magnifique structure, et par l’élévation qui s’en fît, à mesure que le Rocher s’ouvrait, jusques à la hauteur de 25 pieds, s’élargissant, aussi, à proportion, jusques à 30 : en sorte qu’on ne peut assez louer le Sieur Vigarani Gentilhomme Modénois, qui par toutes les étonnantes Machines qui servirent aux Divertissements de ces trois Journées, soutint si dignement sa qualité d’Ingénieur du Roi.

Pendant que les beautés de ce Palais se développaient ainsi, on entendit de toutes parts, l’harmonie des Concertants placés sur les Rochers : et incontinent après, il se fit six Entrées, l’une de six Géants de hauteurs prodigieuse, qui étaient commis à la garde des Dehors d’un Lieu si considérable, et qu’accompagnaient 4 Nains : la 2, de 8 Maures, chargés de la garde du Dedans, et qui le visitèrent exactement chacun avec deux flambeaux :la 3, de six des Chevaliers enchantés qui essayant de forcer leur Prison, furent attaqués par autant de Monstres qui en demeurèrent victorieux : la 4, de la Magicienne Alcine, qui troublée de cette Aventure, invoqua, derechef, tous ses Esprits, deux desquels se présentèrent, faisant des sauts avec l’agilité qui leur est propre : la 5, d’autres Démons qui la vinrent assurer qu’ils emploieraient tous leurs soins pour son repos : et la dernière de la même Magicienne, qui ayant aperçu auprès de Roger et des Chevaliers de sa Suite, une Mélisse dont elle avait toujours redouté la puissance, et qui était lors déguisée en Atlas, accourait pour empêcher l’effet qu’elle venait produire.

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Mais comme cette Mélisse avait déjà mis au doigt de ce brave Chevalier, une Bague qui détruisait les Enchantements, elle ne put s’opposer à sa suite : et de désespoir, elle mit le feu à son Palais, avec un flambeau, de manière qu’il disparût incontinent, avec toutes les lumières. Aussitôt, on découvrit en sa place, un Feu d’artifice, duquel il n’est pas moins difficile de faire une fidèle description que du reste, puisqu’à peine les Spectateurs eurent le temps d’en remarquer les diverses beautés, dans la grande foule des Feux qui remplirent durant demi-heure [sic], l’Eau, l’Air, et la Terre, de leur lumière, et de leur tintamarre.

Ce fut par là, que se terminèrent les Divertissements de l’Île enchantée, qui doivent faire avouer que la France n’est pas moins grande et magnifique dans la Paix, que conquérante et glorieuse dans la Guerre, depuis que son Sceptre est dans les mains d’un Monarque, dont les jours sont tous remplis de merveilles, qui n’ont point d’exemple dans le Passé, et qui n’auront rien de semblable dans l’Avenir.

À Paris, du Bureau d’Adresse, aux Galeries du Louvre, devant la rue S. Thomas, le 21 Mai 1664.

Avec Privilège.

(Texte saisi par David Chataignier à partir de l'exemplaire 4-H-8917 (33) conservé à la Bibliothèque de l'Arsenal)




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